Le 25 février, manifestation à Berlin contre la guerre

Alexander King, membre du parti Die Linke et de la Chambre des députés de Berlin est signataire du « Manifeste pour la paix » qui a recueilli plus 500 000 signatures explique à nos lecteurs l’importance et l’ampleur d'un tel regroupement en Allemagne aujourd’hui.

A gauche : Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer , initiatrices du « Manifeste pour la paix ». A droite : Alexander King (photo DR).
Par Alexander King
Publié le 23 février 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Où en êtes-vous avec les signatures pour le « Manifeste pour la paix » initié par Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer ? Comment cela se passe-t-il ? Comment expliquez-vous ce succès en Allemagne ?

Alexander King : Le « Manifeste pour la paix » a touché une corde sensible. Après une bonne semaine, plus de cinq cent mille personnes l’ont signé. La demande d’une initiative diplomatique pour un cessez-le-feu et des négociations de paix, la critique de l’escalade des livraisons d’armes, ces positions sont largement ancrées dans la population. C’est étonnant, car la pensée dominante médiatique et l’establishment politique se montrent extrêmement agressifs à l’égard de telles positions. Celles-ci sont diffamées comme « ouvertes à la droite », « pro-Poutine », etc. Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer doivent faire face à une vague de haine et de malveillance sans précédent.

Le soutien à ces deux personnes vient surtout de l’est de l’Allemagne, où la pensée dominante politique n’est pas encore aussi largement implantée, où l’influence des Verts sur l’opinion publique n’est pas encore aussi hégémonique et où il existe une vision plus nuancée de la Russie, ancrée dans de nombreuses biographies.

Peux-tu expliquer quelle est la signification de la manifestation du 24 février et de celle du 25 février, à laquelle Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer nous invitent ?

Je commencerai par le rassemblement du 25 février. Elle est d’une importance capitale.

C’est la plus grande mobilisation pour la politique de paix en Allemagne depuis deux décennies. Et c’est la première fois depuis les années quatre-vingt que des acteurs, des écrivains, des musiciens et des scientifiques de renom s’opposent au courant dominant.

Tout en sachant que cela ne sera pas sans conséquences pour la suite de leur carrière. Car, en Allemagne, on ne reçoit pas de médaille pour sa conscience critique, on prend plutôt des risques pour ses engagements et ses cachets. En Allemagne, il est fondamentalement plus difficile que dans d’autres pays, comme la France, de faire descendre les gens en masse dans la rue. J’espère que nous y parviendrons le 25 février. La manifestation du 24 février est également importante, car elle constitue un contrepoint nécessaire à la manifestation parallèle du mouvement « Liberale Moderne », proche des Verts, en faveur des livraisons d’armes.

Des forces politiques différentes participent à la réunion du 4 mars « Cessez-le-feu immédiat ! Non à la guerre – Non à la guerre sociale contre le peuple ». Quelle est la signification de cette réunion et quel peut en être le résultat ?

J’espère que le résultat sera qu’une politique de paix active et l’engagement pour nos droits sociaux en Allemagne iront de pair. Le lien est évident lorsque les ressources sont transférées vers l’armée au détriment de l’Etat social, lorsque des emplois sont menacés par une politique de sanctions qui n’a aucun sens et que l’argent des contribuables doit être dépensé à hauteur de centaines de milliards pour atténuer au moins les pires conséquences sociales. Malgré cela, on ne voit souvent pas les choses aussi clairement. Nous aurions besoin de plus de mouvement pour la paix dans les syndicats et de plus de conscience des luttes sociales et syndicales dans le mouvement pour la paix. De ce point de vue, je suis vraiment impatient de voir le débat.