100 000 manifestants contre le gouvernement Meloni
La parole à Luca Schacchi, enseignant-chercheur, membre de la direction nationale de la CGIL et de la Fédération de l’enseignement et de la recherche ainsi que du groupe d’opposition dans la CGIL « Le syndicat c’est autre chose »
- International, Italie

Le 7 octobre, a eu lieu une manifestation nationale à Rome pour le travail, contre la précarité, en défense de la Constitution, lancée par la CGIL et plus de 100 associations qui a rassemblé 100 000 participants selon les organisateurs. Luca Schacchi a accepté de répondre aux questions d’ Informations ouvrières.
En quoi cette manifestation est-elle importante ?
Luca Schacchi : pour la CGIL, cette manifestation est très importante, plus encore, disons, par la participation et la dimension qu’elle a ensuite concrètement construites dans le pays. Elle est importante parce qu’elle a représenté le premier moment où, de manière explicite, claire et manifeste, la CGIL a organisé une mobilisation de rue contre le gouvernement Meloni.
Elle a tenté d’ouvrir cette mobilisation à un ensemble d’associations, de mouvements qui s’opposent à ce gouvernement. Mais la CGIL arrive à ce rendez-vous en fait avec un an de retard. Elle aurait pu le faire le 9 octobre de l’année dernière, lorsqu’elle a appelé à une manifestation pour marquer le premier anniversaire de l’assaut fasciste contre son siège. Elle ne l’a pas fait, et elle a organisé une manifestation beaucoup plus réduite et de la seule CGIL.
Et en réalité, la grève générale contre le gouvernement s’est faite de manière désordonnée en décembre, sans une date unique, avec une participation très faible des travailleurs parce qu’il s’agissait d’une manifestation et d’une grève peu comprises car peu construites. La CGIL arrive aujourd’hui avec un an de retard, ce retard pèse.
Et puis, finalement, la CGIL a choisi de faire une manifestation nationale, le 7 octobre, d’inviter toutes les associations et mouvements à y participer et de donner le signal, par cette manifestation nationale, de l’intention d’arriver à la grève. C’est pourquoi c’était une manifestation importante qui ouvre cette dynamique de confrontation avec le gouvernement.
Le principal problème est qu’elle l’ouvre non seulement tardivement, mais avec des délais très longs car cette manifestation s’accompagne d’une consultation des travailleurs pour décider de se mettre en grève. Sans date exacte, ni aucune modalité, de sorte que la grève générale finira par arriver probablement à la fin de l’automne, dans la seconde moitié du mois de novembre.
En quoi cette manifestation est-elle importante pour ta fédération, la FLC ?
Pour la FLC CGIL (Fédération de l’enseignement et de la recherche de la CGIL), la manifestation du 7 octobre est d’autant plus importante que l’une des questions qui ont motivé la mobilisation au début de manière très significative, puis reléguée à l’arrière-plan, une question qui représente un aspect programmatique contre le gouvernement, est l’autonomie différenciée.
L’autonomie différenciée, c’est cette proposition constitutionnelle de régionalisation des services sociaux, des services universels du pays. En Italie, cela s’est déjà produit au cours des vingt dernières années. Du fait des politiques du centre-gauche dans le domaine de la santé.
Il est donc clair que la FLC caractérise sa participation à la manifestation du 7 octobre d’une manière particulière et spécifique contre l’autonomie différenciée, avec une banderole pour une école unie parce qu’elle est un service universel et pour éviter cette fracture dans les conditions de travail, le marché du travail et les formations qui sont menacées par cette autonomie différenciée.
La FLC donne beaucoup et donnera beaucoup de ce contenu, non seulement à la participation à la manifestation du 7 octobre mais à toutes les mobilisations de l’automne, se heurtant au ministre de l’Education. (…).
Comment la question de la guerre se pose-t-elle dans cette manifestation ?
La guerre, en réalité, dans cette manifestation, est en arrière-plan car, évidemment, il y a la guerre et aussi le moment de l’opposition inter-impérialiste de la concurrence mondiale qui marque la guerre en Ukraine mais qui marque aussi le jour de notre manifestation la nouvelle explosion de la guerre en Palestine.
C’est une période d’accélération des conditions économiques qui existent au niveau mondial. L’inflation favorisée, le glissement lent mais progressif vers l’augmentation des dépenses militaires, les grandes crises industrielles, les restructurations se situent dans ce cadre global de concurrence et ne cessent d’aggraver les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière, non seulement dans notre pays mais dans le monde entier.
