« Madame la Ministre, craignez que la grève des profs du 93 ne soit contagieuse ! »
Intervention du député LFI de Seine-Saint-Denis, Jérôme Legavre, lors de la séance de questions au gouvernement, le 12 mars.
- Actualité politique et sociale, Ecole

Jérôme Legavre : « Madame la ministre de l’Éducation nationale, vous avez certainement vu ces vidéos réalisées par les lycéens et les profs du lycée de Sevran en Seine-Saint-Denis. Elles ont été vues des millions de fois, parce qu’en fait, c’est à l’image de l’école qui, partout, manque de profs, d’AESH, de personnels médico-sociaux… La Seine-Saint-Denis est une expression concentrée. Un enfant y perd en moyenne 18 mois de cours sur l’ensemble de sa scolarité.
Et comme partout, les revendications depuis des années restent lettre morte.
Alors les personnels ont pris les affaires en main, établi les besoins urgents. Ils ont dit : pas de moyens, pas de rentrée.
Le 26 février, jour de la rentrée, la grève était massive dans les établissements du 93. Depuis, le mouvement est reconduit. Le soutien des parents est impressionnant.
Les personnels, leurs syndicats, sont soudés : ils veulent un plan d’urgence. Rien qu’en Seine-Saint-Denis, il faudrait notamment 5 000 enseignants, 2 200 AESH supplémentaires. Le coût de ce plan d’urgence ? 15 fois moins que le coût cumulé du SNU et de l’uniforme à l’école dont quasiment personne, à part vous, ne veut.
Et les personnels refusent votre “choc contre le savoir” et les groupes de niveaux qui, après Parcoursup, la remise en cause du bac et du lycée professionnel, sont une mesure supplémentaire de tri social et de sélection. Et dans le 93, ils savent qui va en faire les frais…
Madame la Ministre, la grève des profs du 93 traduit un mouvement de fond qui a une portée nationale. Elle fait partout l’objet d’une profonde sympathie, parce que les problèmes et les besoins qu’elle pose sont posés partout. Craignez qu’elle ne soit contagieuse !
À Paris par exemple, les représentants de parents de 67 collèges et de dizaines d’écoles veulent être reçus par le recteur pour lui dire leur refus des groupes de niveaux.
Alors Madame la Ministre quand comptez-vous vraiment renoncer au choc des savoirs et aux groupes de niveaux ?
Quand comptez-vous faire droit au plan d’urgence exigé par les personnels du 93 et comment comptez-vous faire alors que votre gouvernement vient d’annoncer près de 700 millions de coupes supplémentaires dans le budget de l’école ? »
Réponse de la ministre Belloubet :
« Je ne compte absolument pas renoncer au « choc des savoirs ». J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, y compris aux organisations syndicales que j’ai reçues. »
« En revanche, je compte (…) tenir compte de la spécificité de l’éducation en Seine-Saint-Denis. Je ne serai pas la première à le faire, (…) un plan d’action pour un état plus fort en Seine-Saint-Denis avait été mis en place par Édouard Philipe alors Premier ministre et il avait concerné pour partie le système éducatif. (…) Tout le travail qui a été déployé autour de l’éducation prioritaire porte particulièrement ses fruits en Seine-Saint-Denis. Tout cela est un exemple de l’attention que nous portons à ce département qui a des singularités dont nous ne pouvons pas ne pas tenir compte (…). »
Réponse de Jérôme Legavre : « A Clichy-sous-Bois, dans ma circonscription, c’est 11 fermetures de classes programmées à la rentrée l’année prochaine. Voilà comment vous comptez tenir compte de la spécificité de la Seine-Saint-Denis ! »
« Madame la Ministre, la grève des profs du 93 traduit un mouvement de fond qui a une portée nationale. Elle fait partout l’objet d’une profonde sympathie, parce que les problèmes et les besoins qu’elle pose sont posés partout. Craignez qu’elle ne soit contagieuse. » #DirectAN pic.twitter.com/u6HQI2vcbl
— Jérôme Legavre (@LegavreJerome) March 12, 2024