Des champs ukrainiens si convoités

Un nouveau pas a été franchi en 2021, en Ukraine, dans le démantèlement des bases du pays. En effet, en mars, le Parlement ukrainien votait la possibilité de vendre les terres agricoles.

Une exploitation dans la région de Zaporijia en Ukraine (Photo AFP)
Par Lucien Gauthier
Publié le 11 décembre 2022
Temps de lecture : 5 minutes

Après la chute de l‘URSS et l’indépendance de l’Ukraine, la marche à la privatisation a fait rage et la question de la terre s’est posée de manière centrale. Rappelons que l’Ukraine est le « grenier à blé » de l’Europe. En effet, les terres noires du pays font que l’agriculture représente 15 % du PIB ainsi que 40 % des exportations et emploie 20 % de la population active.

Au cours des années 1990, pour privatiser la terre, le gouvernement remettait aux paysans mais également aux ouvriers qui le souhaitaient un coupon donnant droit à propriété d’un terrain agricole délimité. Des paysans et des ouvriers avec des terres mais sans argent, des oligarques issus de la bureaucratie stalinienne sans terre mais avec de l’argent, cela a permis à ces derniers de racheter les coupons, c’est-à-dire les droits de propriété de ces paysans et de ces ouvriers.

Cela a été une des sources d’enrichissement considérable des oligarques.

Oligarques et multinationales

Devant la crise rencontrée par l’agriculture en Ukraine, en 2001, le gouvernement décide d’un moratoire qui mettait fin à la privatisation des terres publiques. 41 millions d’hectares, soit environ 96 % des terres agricoles ukrainiennes, se sont trouvées concernées par ce moratoire. Mais 68 %, soient 28 millions d’hectares, appartenaient déjà à des propriétaires privés.

Le moratoire interdisait la vente des terres mais n’empêche pas leur location. Beaucoup de petits propriétaires louent ainsi leurs terres à des sociétés ukrainiennes ou étrangères. On estime qu’entre 3 et 6 millions d’hectares de terres agricoles étaient ainsi sous le contrôle d’entreprises étrangères.

Le premier détenteur de terres agricoles est Kernel, société d’un citoyen ukrainien mais déclarée au Luxembourg, avec 570 000 ha ; puis Ukr-LandFarming, avec 500 000 ha ; NCH (…)


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