Les pédiatres dénoncent « l’intolérable absence de réponse du président de la République »

Macron refuse de les entendre. Pourtant, 10 000 soignants en pédiatrie l'avaient interpelé il y a plusieurs semaines, s'alarmant de la «dégradation des soins ». Ils ne désarment pas. Dans un communiqué du 12 décembre, que nous reproduisons, le Collectif de pédiatrie réaffirme leurs exigences en direction de l'exécutif.

Entrée des urgences pédiatriques à l'hôpital Purpan de Toulouse (photo Frédéric Scheiber / Hans Lucas via AFP)
Par > Verbatim
Publié le 17 décembre 2022
Temps de lecture : 3 minutes
« Au printemps, restera-t-il quelqu’un pour soigner les enfants ? »

« Après une première lettre ouverte adressée au Président de la République publiée le 21 octobre 2022 et restée sans réponse, le Collectif de pédiatrie a de nouveau lancé un cri d’alarme sur la dégradation des soins et interpellé directement le Président de la République le 1er Décembre, dans une lettre publique signée par 10 000 soignants en pédiatrie, médicaux et non médicaux dont 400 chefs de service et 40 associations de patients. Ils lui proposaient de s’engager publiquement et urgemment sur 5 mesures, pour rassurer les soignants, arrêter leur fuite désormais massive et donner ainsi aux Assises de pédiatrie les moyens de refonder les soins de l’enfant.

Les 5 mesures proposées :

  • S’engager publiquement au côté des soignants et reconnaître la responsabilité ancienne de l’Etat dans la crise sanitaire désormais majeure.
  • S’engager à prendre les mesures nécessaires pour sécuriser le travail de soin à l’Hôpital : plafonnement du nombre de patients par infirmier-es, respect des temps de repos et de formation, meilleure indemnisation du travail de nuit et de week-end.
  • S’engager à reconnaître la spécificité et l’expertise de la pédiatrie.
  • S’engager à remettre le service hospitalier au centre des décisions afin que les soignants puissent orienter et décider des soins adaptés sans subir les strates administratives éloignées du terrain.
  • S’engager à augmenter le nombre de jeunes formés aux soins de l’enfant, réinstaurer son enseignement obligatoire au sein des instituts de formation infirmiers et réinstaurer les possibilités de financement des formations en puériculture.

Le collectif de pédiatrie dénonce l’intolérable absence de réponse du président de la République à cette lettre collective, ce que nous recevons comme un déni complet du naufrage de la pédiatrie, une maltraitance des enfants et un abandon des soignants.

Par ailleurs, suite aux précédentes interpellations, le ministre de la Santé, François Braun, avait annoncé le 23 octobre puis le 2 novembre des mesures qui restent à ce jour une simple opération médiatique sans application concrète :

  • Une majoration de l’indemnité des heures de nuit et des gardes et une généralisation à l’ensemble des professions de soins critiques de la prime de soins critiques. A ce jour, aucune de ces mesures n’a pu être mise en oeuvre par les administrations hospitalières en l’absence de publication des textes au Journal Officiel en rapport avec ces annonces.
  • Une enveloppe de 150 puis de 400 millions d’euros pour des services hospitaliers dont des services de pédiatrie. A ce jour, aucun détail sur cette enveloppe budgétaire et sa répartition n’a été apporté et de ce fait aucun financement validé.

 

Ici aussi, l’absence de concrétisation de ces mesures creuse le sentiment d’abandon et conduit à une rupture de confiance.

Les travaux des Assises de pédiatrie et de la santé de l’enfant se sont ouverts cette semaine sans détail sur la date et l’organisation de la tenue de celles-ci. Le Collectif de pédiatrie souligne l’importance de ces travaux de refondation des soins à l’enfant qui conduiront à une réflexion, des échanges et des décisions, profondément nécessaires à moyen et long terme.

Mais l’action ne peut plus attendre. Nous répétons que des mesures et engagements doivent être pris en urgence afin de sauvegarder ce qui peut encore l’être, notamment l’expertise des soignants, avant que les derniers d’entre eux ne claquent la porte eux aussi et qu’il n’y ait plus personne pour soigner les enfants. »

 

Signataires du communiqué de presse

Le Collectif de pédiatrie : collectif.pediatrie@gmail.com / twitter @ctifpediatrie ; le Collectif inter-hôpitaux ; l’Association des juniors de pédiatrie ; le SNPEH, syndicat national des pédiatres en établissement hospitalier.

Les associations de patients : Association maladies du foie enfants (AMFE) ; Aide aux jeunes diabétiques (AJD) ; Association Laurette Fugain ;  Vaincre la mucovicidose ;  Apaiser ; Tintamarre ; Entraide aux greffés de moelle osseuse (Egmos) ;  Tremplin Séquence de Pierre Robin ;  Familles SMA France ; Connaître les syndromes cerebelleux (CSC) ;  EntRED ;  HTaPFrance ; Association déficit en Alpha-1 Antitrypsine (Adaat) ;  Association française des pneumopathies interstitielles de l’Enfant (AFPIE) ;  Association naître et vivre ;  ENMDAR ; Fédération grandir sans cancer ; Association Eva pour la vie ; Association galactosémie France ; Petit coeur de beurre ; Collectif les orphelins du soins de Montluçon ; Silver-Russel-PAG France ; association francophone des glycogénoses ;  Dia-Log 34 ;  Pic mon doigt 85 ;  Superdiab 72.