Réforme des retraites : pour les femmes aux « carrières hachées », le chaos complet

Chaque semaine, nous prendrons un aspect de la mise en œuvre de la réforme scélérate Macron-Borne-Dussopt. 

Le Crès, 2019, (AFP).
Par Nicole Bernard
Publié le 18 septembre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Alors que le président tente de parader au Stade de France malgré les huées, les conséquences de la contre-réforme des retraites nous tombent dessus.

C’est en ce moment que les salariés nés entre le 1 er septembre 1961 et le 31 décembre 1961 voient leur durée d’activité prolongée de 3 mois en dépit de ce qu’ils avaient programmé depuis des mois voire des années1Ils ne peuvent pas partir mais ils peuvent annuler leur demande pour ne pas subir de réduction du montant ! N’est-ce pas formidable ?

C’est en ce moment que les salariés en invalidité voient leur dossier bloqué parce que les programmes informatiques ne permettent pas de traiter leur situation. 

C’est en ce moment que les salariés qui pensaient pouvoir partir à 60 ans avec 42 annuités cotisées ne peuvent le faire qu’à condition de faire « une demande expresse » de dérogation. 

Salaire de référence

On se souvient que le gouvernement avait beaucoup promis pour tenter, en vain, de faire accepter sa réforme. Il avait, notamment, promis aux femmes, premières victimes de cette réforme qui se traduit par un report de l’âge de départ et, partant une réduction de la pension, des compensations.

C’est ainsi que de nombreuses femmes ont des carrières incomplètes ou ont cotisé à plusieurs régimes différents. Bien souvent, ces femmes ont eu des enfants et n’ont pu continuer à travailler. On ne compte plus les déclarations gouvernementales sur « les femmes ayant des carrières hachées »

A qui la faute ? Qui est responsable de l’absence de crèche ? Qui est responsable de la faiblesse des salaires dans nombre de professions ? Le gouvernement leur a promis de « tenir compte des congés maternité ».

Qu’est-ce que cela veut dire ? La retraite est un pourcentage du salaire moyen de référence. Ce salaire moyen de référence correspond à la moyenne des salaires des 25 « meilleures années »2Rappelons que le salaire de référence jusqu’en 1993 était calculé sur les 10 meilleures années. La réforme de 1993 fait passer la référence de 10 à 25 soi-disant « meilleures » années avec les conséquences catastrophiques sur le montant de la pension.

Certaines salariées travaillent moins de 25 ans, ce qui réduit drastiquement le taux de la retraite.

Le gouvernement se propose de rajouter aux salaires perçus pendant les années travaillées les indemnités maternité perçues pour les naissances de leurs enfants. Et cela sur une base forfaitaire3Disposition inquiétante par ailleurs, car on sait que le gouvernement veut revenir sur la majoration de durée d’assurance de 8 trimestres par enfant pour les salariées du privé..

Dossiers stoppés

Cette mesure n’est pas très intéressante, car elle ne modifie qu’à la marge le salaire de référence sans apporter quoique ce soit à la durée d’activité qui est beaucoup plus déterminante. On demande donc aux techniciens de la Sécurité sociale d’interroger sur de possibles indemnités journalières les femmes, qui demandent leur retraite. On les interroge, mais… l’arrêté n’est pas sorti. Résultat ? Le dossier est stoppé. Et ce chaos s’étend à tout.

Les techniciens n’en peuvent plus. Les futurs retraités non plus. Mais il n’était, bien sûr, pas question, pour Macron de reporter la date d’effet de la réforme. Le roi a décidé. Cette réforme dont personne ne veut, elle s’applique à la hussarde !

Précisons que si vous êtes né en 1962, ce n’est plus seulement 3 mois mais 6 mois supplémentaires que vous devrez faire pour partir à taux plein à 62 ans et 6 mois. Et ce, dès le 1 er janvier 2024. A cette date, parmi tous ceux qui devaient percevoir le minimum dont le gouvernement s’est tant vanté (40 euros en moyenne), peu l’auront encore perçu.