Halte au massacre à Gaza ! Les faits du 8 au 14 novembre

Faits, déclarations, réactions rassemblés par la rédaction d’Informations ouvrières.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en France, le 11 novembre, pour exiger le cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus de Gaza. Ici le cortège parisien (Photo AFP).
Par la rédaction d’IO
Publié le 15 novembre 2023
Temps de lecture : 10 minutes
8 novembre

La Cour suprême israélienne a décidé d’interdire les manifestations et les rassemblements des Palestiniens de l’intérieur pendant toute la durée de la guerre contre Gaza.

– Le 7 novembre, la Knesset israélienne a approuvé une loi qui condamne à un an d’emprisonnement et de retrait de la citoyenneté israélienne, les Palestiniens de Jérusalem et des territoires de 1948 qui publieraient sur les réseaux sociaux des messages « soutenant et sympathisant avec le Hamas ou les organisations terroristes pendant la guerre ».

La Chambre des représentants des États-Unis a décidé de censurer la députée d’origine palestinienne Rashida Tlaib : « [je] ne serais pas réduite au silence (…). L’idée selon laquelle critiquer le gouvernement israélien est antisémite crée un précédent très dangereux, et elle a été utilisée pour faire taire diverses voix qui défendent les droits de l’homme à travers notre nation. »

Ping-pong. Netanyahou : Israël assumera indéfiniment la « responsabilité en matière de sécurité » à Gaza. John Kirby, coordinateur du Conseil de sécurité nationale des États-Unis : « Le président Biden ne croit pas que la réoccupation de la bande de Gaza par l’armée israélienne soit une bonne chose. » Puis un conseiller Netanyahou : « Il doit y avoir une présence sécuritaire israélienne à Gaza, et cela ne signifie pas l’occuper et contrôler sa population (…). »

– Alors qu’un enfant palestinien est tué toutes les 10 minutes à Gaza, les États-Unis envisagent d’envoyer des bombes de précision en Israël pour éviter les dommages collatéraux : 2 000 kits de « bombes intelligentes à guidage de précision » (budget américain de 320 millions de dollars).

Les ambulances qui ont transporté des blessés en Égypte n’ont pas été autorisées à rentrer dans la bande Gaza : l’aide qui est entrée à Gaza au cours du mois dernier est équivalente à celle qui arrivait en un seul jour avant la guerre. (Croix-Rouge internationale).

– Toutes les boulangeries de la ville de Gaza et des villes du nord sont désormais officiellement hors service en raison du manque de carburant et de farine.

Les frappes aériennes israéliennes ont tué 548 Palestiniens au cours des dernières 24 heures. Cela porte le bilan à 10 328 personnes tuées depuis le 7 octobre. Au moins 25 956 personnes ont été blessées et environ 2 450 personnes sont toujours portées disparues à Gaza. (Middle East Eye).

– La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, lancent un appel à une marche « pour la République et contre l’antisémitisme » dans lequel il est notamment indiqué : « Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart à l’islamisme. » Aussitôt, le RN indique sa participation, suivent le PS, le PC, EELV… LFI annonce qu’elle ne participera pas à la marche.

9 novembre

L’International State Crime Initiative, réseau international d’universitaires experts en criminologie et crimes d’État, affirme dans une lettre ouverte : « Les actions d’Israël à Gaza et les actions historiques contre le peuple palestinien correspondent aux définitions juridiques et criminologiques du crime. »

– Pour le juriste juif polonais, Raphael Lemkin, créateur du terme et du concept de génocide en 1943, un génocide ne se limite pas à des actes spectaculaires de massacres, mais comprend « un plan coordonné visant à la destruction des fondements essentiels de la vie des groupes nationaux ».

– Pour l’auteur américain Norman Finkelstein, « si le Hamas doit être démantelé à cause de ce qu’il a fait le 7 octobre, alors le gouvernement israélien doit être démantelé dix fois ».

– Le porte-parole de l’armée israélienne a diffusé des images montrant des milliers de Gazaouis contraints de se déplacer à pied vers le sud de la bande de Gaza avec des drapeaux blancs. Plusieurs de ces marches de la Nakba ont été mitraillées par l’armée israélienne.

Rassemblement syndical au gymnase Japy (Paris). Répondant à l’appel du réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (Raar), la confédération CGT et FO Paris annoncent leur participation et indiquent qu’ils ne se rendront pas à la manifestation du dimanche 12 novembre à l’appel de Mme Braun-Pivet et de M. Larcher.

– Dans une interview à la chaîne américaine CNN (vue plus de 8 millions de fois), l’infirmière Emily Callahan raconte ce qu’elle a vécu à Gaza pendant 26 jours, depuis le 7 octobre, avant d’être évacuée : elle décrit les hôpitaux bombardés, le personnel qui décide de continuer à soigner, encourant une mort probable, les enfants brûlés sur tout le corps sans possibilité de les soigner…

– Les exportations d’armes de l’Allemagne vers Israël en 2023 ont été multipliées par 10 par rapport à l’année précédente.

– Selon le New York Times, environ un tiers de tous les bâtiments du nord de Gaza ont été endommagés ou détruits, selon une analyse d’images satellite.

John Kirby, le porte-parole du département de la Défense US, a indiqué que la Maison-Blanche et le ministère de la Défense ne soutiennent aucun type de « cessez-le-feu général » à Gaza.

La militante palestinienne Mariam Abu Daqqa est arrêtée par la police à Paris et mise en garde à vue dans un commissariat. Un rassemblement est organisé auquel participent plusieurs députés de La France Insoumise. Mariam Abu Daqqa a été expulsée en Égypte le 12 novembre après un passage dans un centre de rétention.

– Information de Standing Together (organisation constituée par des juifs et des Palestiniens de l’intérieur) : « Ce matin, l’ancien député du parti Hadash, Mohammad Barakeh (responsable du Haut Comité de suivi des citoyens arabes d’Israël, représentant national des deux millions de citoyens palestiniens d’Israël), a été arrêté pour avoir organisé une manifestation à Nazareth contre la guerre. »

La police israélienne a également arrêté plusieurs dirigeants et citoyens palestiniens de haut niveau. Cela fait suite à un mois de persécutions politiques accrues des citoyens palestiniens, criminalisant toute forme de sentiment antiguerre et de persécution politique des citoyens palestiniens.

– Une responsable du Pentagone a déclaré que les États-Unis exportent « presque quotidiennement » des munitions vers Israël pour les utiliser dans la guerre.

– Depuis le début de la guerre, le service cyber du parquet israélien a soumis plus de 14 600 demandes de suppression de contenus des réseaux sociaux. Plus de 91 % des contenus ont été supprimés par Facebook, Instagram, TikTok et YouTube (télévision israélienne, Chaîne 11).

La ministre espagnole Ione Belarra (Podemos) appelle à des sanctions contre Israël et l’accuse de « génocide planifié ».

– Selon un documentaire, diffusé en Israël même, environ 45 000 survivants de l’Holocauste y vivent en dessous du seuil de pauvreté.

10 novembre

– Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres : « Leurs quartiers ont été détruits. Leurs proches ont été tués. Les bombes pleuvent, alors qu’on leur refuse les éléments de base nourriture, eau, médicaments, électricité », réitérant ses appels à un cessez-le-feu immédiat.

Pour Omer Bartov, historien israélien spécialiste de l’histoire de l’Holocauste et critique de l’apartheid israélien, « il y a une claire intention de purification ethnique » dans l’offensive menée par Netanyahou à Gaza (interview sur la radio américaine Democracy Now).

– D’après le journal l’Humanité, « le gouvernement français aurait délivré des autorisations d’exportation vers Israël pour un volume global de 357 millions d’euros de produits militaires ».

Pour l’ancien Premier ministre israélien, Naftali Bennett, « l’Iran est la tête de la pieuvre dont les tentacules sont le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique palestinien. Il faudra finalement aussi frapper Téhéran [capitale de l’Iran]. »

11 novembre

Hallel Biton Rosen, correspondant militaire et de défense, sur la chaîne 14 israélienne, affirme qu’Israël devrait « envahir Gaza et y expulser » les Palestiniens avec l’intention de construire de nouvelles colonies, ce qui, selon lui, serait le « seul » moyen de protéger les enfants israéliens.

– L’observatoire Euro-Med des droits de l’homme basé à Genève indique dans un communiqué que « 6 100 enfants ont été tués ou portés disparus sous les décombres des bâtiments […], plus de 15 500 enfants ont été blessés. »

Manifestations massives pour un cessez-le-feu immédiat, en soutien au peuple palestinien : 800 000 à Londres, des dizaines de milliers à Paris et dans toute la France.

Le docteur Bader, qui travaille à l’hôpital d’al-Shifa de Gaza, a déclaré que les attaques directes contre l’hôpital duraient « depuis 24 heures » depuis le 9 novembre : « Il y a eu des bombardements directs sur l’hôpital, des voitures garées à l’extérieur ont été incendiées, la nuit du 9 novembre a été très violente. »

– Trois des principales organisations palestiniennes de défense des droits humains (Al-Haq, Al Mezan, Palestinian Center for Human Rights) ont déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI), lui demandant d’enquêter sur Israël pour crimes de guerre, ainsi que d’émettre des mandats d’arrêt contre des responsables israéliens.

12 novembre

Le cabinet israélien a déclaré que jusqu’à 1 700 000 Gazaouis (sur une population totale de 2,2 millions) ne sont plus en mesure de vivre dans leurs propres maisons, soit parce qu’ils ont été déplacés, soit parce que leurs maisons ont été détruites/ endommagées.

– Dans son discours de soutien à la résolution de cessez-le-feu, la représentante démocrate de l’État de Floride, Angie Nixon, a déclaré : « Nous en sommes à 10 000 Palestiniens morts. Combien suffiront-ils ? » « Tous », a répondu Michelle Salzman, députée républicaine de l’État de Floride.

La France insoumise appelle à un rassemblement à 11 heures devant le monument commémoratif de la Rafle du Vél-d’Hiv à Paris, malgré la tentative d’interdiction de la préfecture de Paris et les intimidations et les menaces de nervis pendant le rassemblement.

Volte-face de Macron : après avoir déclaré dans une interview à la BBC qu’Israël devait cesser les bombardements tuant des civils à Gaza, Macron a été accusé par Netanyahou d’avoir « fait une erreur grave sur le plan factuel et moral ». Résultat ? Macron déclare aussitôt qu’il soutient « sans équivoque Israël et (son) droit à l’autodéfense ».

– Dans un point de presse, Netanyahou menace et déclare en direct : « Je dis aux dirigeants arabes, si vous voulez préserver vos intérêts, vous devez faire une chose… Gardez le silence ! »

– Déclaration du directeur du ministère de la Santé à Gaza : « Les allégations de l’occupation selon lesquelles nous aurions refusé de recevoir du carburant sont trompeuses et infondées (…). L’armée d’occupation tire sur quiconque s’approche de l’hôpital al-Shifa et empêche toute aide d’entrer. (…) L’hôpital est complètement hors service et est devenu un cimetière. »

– Selon le site d’informations américain If Americans knew, en un peu plus d’un mois, « Israël a tué plus d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens qu’au cours des 22 années précédentes d’invasions et de massacres combinés ».

– Information syndicale : des milliers de travailleurs gazaouis qui se trouvaient à l’intérieur de l’État israélien le 7 octobre, d’abord confinés, arrêtés, parfois battus et torturés et en définitive expulsés vers la bande de Gaza, n’ont pas été payés par leurs patrons israéliens au prétexte « que les travailleurs de Gaza sont des terroristes et appartiennent à une autorité terroriste ».

13 novembre

– Le chancelier allemand Olaf Scholz s’oppose au cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Le représentant d’Israël à l’Onu accuse « de nombreux employés de l’Unrwa (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) d’être membres du Hamas. (…) De nombreux chauffeurs d’ambulance sont membres du Hamas ». Depuis le 7 octobre, les attaques israéliennes ont tué plus de 100 employés de l’UNRWA.

Tony Blair, accusé d’être un criminel de guerre par plusieurs associations pacifistes britanniques, avait réussi à entraîner son pays dans la guerre en Irak en s’appuyant sur le mensonge des « armes de destruction massive ». Aujourd’hui, Israël cherche à nommer l’ancien Premier ministre britannique comme coordinateur humanitaire pour la bande de Gaza.

« Raser des quartiers entiers n’est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence. Le carnage doit simplement cesser. » (Philippe Lazzarini, directeur de l’agence de l’Onu pour les réfugiés palestiniens.)

Une note interne, signée par 100 employés et membres de l’agence gouvernementale américaine Usaid et exigeant un cessez-le-feu immédiat, accuse Biden de « diffuser de la désinformation dans son discours du 10 octobre » de soutien à Israël et affirme que les attaques qui ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de Palestiniens « constituent toutes des crimes de guerre et/ou des crimes contre l’humanité au regard du droit international ».

– Le Figaro révèle une « note commune » écrite par un groupe de diplomates mécontents du virage pro-israélien de Macron qui indique que c’est du « jamais vu dans la diplomatie française à l’égard du monde arabe ».

Les étudiants de Harvard écrivent sur une banderole géante les noms de 7 000 Palestiniens tués à Gaza.

Le coordinateur de Médecins sans frontières à l’hôpital al-Shifa a déclaré à Al-Jazeera : « Aux environs de l’hôpital […], quiconque se déplace dans les rues est une cible de l’occupation. Il n’existe aucun moyen sûr d’évacuer les patients ou de laisser les personnes déplacées. Il n’y a pas de service de santé dans le complexe, il n’y a ni eau ni carburant ni médicament et les blessés mourront des suites de leurs blessures. »

Le porte-parole de l’Unrwa indique que 54 institutions affiliées à l’agence ont été endommagées à cause des bombardements sur Gaza.

L’armée israélienne a détruit complètement 70 mosquées et 153 partiellement et a également détruit 3 églises.

– Selon The Wall Street Journal : « Les responsables israéliens affirment que le risque d’une guerre à grande échelle entre Israël et les forces libanaises a augmenté ces derniers jours, alors même que les combats se poursuivent autour du plus grand hôpital de la bande de Gaza. »

– L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme déclare : « Nous avons documenté l’exécution par Israël de dizaines de Palestiniens dans les couloirs de déplacement depuis le nord de Gaza. »

Confédération CGT : « Le 18 novembre 2023, mobilisation pour un cessez-le-feu à Gaza. »

14 novembre

Les médecins de l’hôpital al-Shifa creusent une tombe commune pour 120 morts et ce matin des pluies torrentielles et des vents violents s’abattent sur Gaza où les réfugiés ne disposent même pas de tentes pour se protéger et protéger leurs enfants.

Mathilde Panot, lors du point presse du groupe parlementaire de La France insoumise annonce : « Nous allons mettre toutes nos forces dans la manifestation qui aura lieu le 18 novembre avec un ensemble de syndicats, notamment la CGT. Nous marcherons
pour la paix et pour l’unité du peuple, ce samedi 18 novembre. »

Cisjordanie : cinq Palestiniens tués cette nuit. « La situation en Cisjordanie est très inquiétante. C’est le début de l’épuration ethnique », alerte le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d’état-major de l’Otan (LCI).

Nathalie Oziol (LFI) à l’Assemblée nationale : « Dimanche, ce qui devait être une marche contre l’antisémitisme a été le lieu d’appels aux meurtres contre La France insoumise, contre Jean-Luc Mélenchon et contre le président de la République. Des journalistes ont été agressés, des militants pour la paix en Palestine ont été frappés, les musulmans ont été la cible de propos racistes insupportables. »

Une association juive interpelle des sénateurs français qui veulent déposer une proposition de loi pour sanctionner l’antisionisme

Le compte officiel de l’association Torah Judaism sur Twitter s’adresse au sénateur LR Stéphane Le Rudulier qui a déposé un projet de loi pour pénaliser l’antisionisme : « Nous avons une question pour vous, cher sénateur, veuillez y répondre. Je suppose que ces 16 sénateurs n’ont aucune connaissance des juifs. La religion des juifs n’est pas le sionisme. La religion des juifs est le judaïsme. Il y a de nombreux juifs de la Torah en France qui sont contre le sionisme et Israël. Vont-ils également subir cette punition ? Vous êtes le véritable antisémite, vous insultez les juifs. Comment pouvez-vous dire que le sionisme est le judaïsme ? Le sionisme est une idéologie politique créée il y a un siècle par des dirigeants sionistes qui ne croyaient même pas au judaïsme. Il faut bien savoir que la religion des juifs n’est pas le sionisme. Ce projet de loi est antisémite. »

Des centaines de Palestiniens assassinés par les colons en Cisjordanie

Au cours des dernières semaines, la vie est devenue presque impossible pour les communautés palestiniennes qui se trouvent à proximité des colonies israéliennes. Elles subissent quotidiennement la violence des colons, des expulsions forcées de leurs maisons, des bouclages militaires sévères.

Depuis le 7 octobre, les principales villes de Cisjordanie sont bouclées et les possibilités de déplacement pour leurs habitants, déjà considérablement entravées, sont devenues quasi impossibles. Les contrôles policiers sont renforcés à tous les niveaux, y compris à l’encontre des enfants qui vont à l’école. Depuis le 7 octobre, entre 150 et 200 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués de sang-froid par les colons.

Le 9 novembre, le camp de réfugiés de Jénine a subi la plus grave attaque depuis la seconde Intifada : 14 morts palestiniens, dont un jeune de 15 ans, des rues et des maisons détruites au bulldozer. L’attaque israélienne aurait été motivée par le passage de plusieurs membres de la sécurité de l’Autorité palestinienne dans les groupes de la résistance.