Révolte des paysans : ils veulent vivre de leur travail
Les blocages routiers s'étendent à de nombreuses régions dans tout le pays. Et le mouvement gagne désormais un bonne partie de l'Europe. Solidarité avec les agriculteurs !
- Actualité politique et sociale
« Paysans, la colère en marche ». C’est par ce titre que le journal économique La Tribune dimanche (21 janvier) a décidé d’ouvrir son édition. Depuis plusieurs mois, la colère couve chez les agriculteurs : il faut remonter à mi-novembre dernier avec l’opération « panneaux retournés » où les panneaux de signalisation à l’entrée des communes ont été mis à l’envers dans des dizaines de départements, pour signifier que l’agriculture marche sur la tête et pour tenter de « sensibiliser l’opinion », comme on dit, sur la situation calamiteuse des agriculteurs, avec des actions revendiquées ouvertement pour « ne pas déranger ».
Portés par le contexte en Europe, où des mobilisations importantes ont lieu notamment en Allemagne, mais aussi dans un certain nombre de pays de l’Est, et constatant que les actions visant à « ne pas déranger » avaient rempli l’objectif (c’est-à-dire ne déranger personne, pas même le gouvernement), les agriculteurs ont décidé d’engager des actions efficaces pour se faire entendre.
C’est ainsi que depuis plusieurs jours désormais, des barrages sont organisés sur les principaux axes routiers du pays (A 64, A 16, A 7, A 29…), mais aussi des blocages ont lieu – comme ça a été le cas pour la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne – pour demander des mesures concrètes en faveur des agriculteurs. Ce que demandent l’immense majorité des agriculteurs, entre autres, ce sont des prix garantis par l’Etat. Et comme l’immense majorité des travailleurs de ce pays, ils demandent juste à pouvoir vivre de leur travail.
Ils ont raison ! Solidarité totale avec les agriculteurs !
En réponse, le Premier ministre, Gabriel Attal, a reçu le principal syndicat, la FNSEA, lundi, et doit recevoir la Confédération rurale ce mardi après-midi, puis la Confédération paysanne, mercredi matin. A l’heure où ces lignes sont écrites, le Premier ministre n’a répondu à rien : il a simplement informé qu’il ferait des premières annonces dans la semaine. Au même moment, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, vient d’annoncer une augmentation de quasiment 10 % du prix de l’électricité, impactant directement les coûts des installations agricoles, notamment.
En réaction, et malgré le tragique accident qui a coûté la vie à une agricultrice et à celle de sa fille en Ariège, les agriculteurs décident de poursuivre et d’intensifier les blocages, partis « d’en bas », sans consigne, voire contre les consignes des dirigeants de la FNSEA notamment, qui se retrouvent bien souvent débordés par la base, ce qui inquiète le gouvernement qui redoute une « giletjaunisation » du mouvement. A Rennes, une manifestation d’agriculteurs est prévue jeudi, où des pêcheurs bretons et des chauffeurs routiers ont prévu de les rejoindre.
Macron responsable !
Une chose est sûre : c’est Macron qui est responsable de la situation des agriculteurs. Et d’ailleurs, ses députés avaient empêché que la proposition de loi de La France insoumise soit adoptée pour des prix planchers payés aux agriculteurs et fixés en fonction des coûts de production. C’est Macron qui a rejeté par 49.3 plus de 600 millions d’aides agro-environnementales et au bio en 2024. C’est Macron qui continue à négocier des traités de libre-échange pour ouvrir de plus en plus les frontières aux importations agricoles à bas prix.
Dans ce contexte, et parce que ce qui se passe chez les agriculteurs concerne tous les travailleurs, les secrétaires généraux des confédérations syndicales vont-ils continuer à ne rien dire et ne rien faire, à l’image de ces derniers mois sur différents sujets ? Vont-ils, ne seraient-ce que soutenir le mouvement des agriculteurs, comme le font à juste titre les unions départementales et les syndicats de base ( cf . ci-contre) ? Des unions départementales, des syndicats s’expriment pour soutenir le mouvement des agriculteurs et inviter à les rejoindre. Ils ont raison.
Communiqué de l’Union Départementale CGT-F0 de Loire-Atlantique« L’Union Départementale FO 44 exprime sa solidarité totale avec les agriculteurs » « La commission administrative de l’union départementale CGT-Force ouvrière de Loire-Atlantique, réunie ce lundi 22 janvier en présence d’une soixantaine de militants, est solidaire de la colère qui s’exprime aujourd’hui chez les agriculteurs. Elle condamne les mesures du gouvernement et de l’Union européenne qui conduisent à réduire sévèrement les revenus des agriculteurs au profit d’une minorité. Il faut que cela cesse :
Nantes, le 23 janvier 2024 |