8 trimestres pour avoir élevé un enfant ? Inutile, pour le gouvernement

La majoration de la durée d’assurance dont bénéficient les femmes est dans le viseur de Macron et de ses ministres.

(Photo AFP).
Par Nicole Bernard
Publié le 4 mars 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Il y a un an, le 8 mars 2023, le gouvernement Macron-Borne présentait un grand plan « pour l’égalité entre les femmes et les hommes ». 161 mesures, toutes plus « prioritaires » les unes que les autres avec, notamment : « Mieux prendre en compte les spécificités de la santé des femmes et renforcer leur accès aux soins » .

On sait ce qu’il en est !

464 maternités en 2022, c’était encore trop. Les fermetures ont continué en 2023. Avec toutes les conséquences physiques et psychologiques pour les femmes.

Le 7 mars 2023, la veille, 3,54 millions de salariés, retraités, étudiants avaient manifesté pour le retrait de la criminelle réforme des retraites. Dans toutes les villes, les cortèges sont imposants et les femmes y sont majoritaires.

Elles ont compris qu’en reculant de 2 ans l’âge de départ, Macron et son gouvernement s’attaquent directement à la retraite des femmes et aux droits qu’elles ont acquis depuis les années soixante-dix.

Avec la réforme Macron, ou bien il faut travailler deux ans de plus, ou bien la retraite sera amputée. C’est sans échappatoire. Tout le monde le sait.

Macron veut aller jusqu’au bout du dézingage des acquis de 1945

Mission donnée au Conseil d’orientation des retraites

À peine la loi est-elle promulguée, grâce au 49.3, que Mme Borne, annonce vouloir « moderniser les droits familiaux » et qu’elle confie une mission en ce sens au Conseil d’orientation des retraites1Évidemment, Macron s’est, à la fin octobre 2023, assuré que le Cor était maintenant présidé par un ami à lui : Gilbert Cette, ancien directeur à la Banque de France, chroniqueur aux Échos, a activement défendu la réforme des retraites..

« Le système ne correspond plus à la réalité professionnelle des femmes », a martelé la Première ministre « Ils [les droits familiaux, Nldr.] deviennent moins utiles et moins pertinents », renchérit son ministre Dussopt. Est-ce vrai ?

Évidemment non ! C’est exactement l’inverse ! D’après la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (rapport d’octobre 2023), « la part des travailleuses ayant tous leurs trimestres sans avoir besoin des trimestres de majoration de durée d’assurance va DIMINUER. » C’est évident.

C’est pourquoi, loin de diminuer les trimestres pour enfant, il faudrait les augmenter.

Alors, pour qui sont-ils « moins utiles » ?

La Cour des comptes a vendu la mèche : « Les droits familiaux surcompensent les trimestres perdus en raison des interruptions ou réductions d’activité » (rapport 2022).

« Surcompensent » ? Les femmes auraient trop de droits ? Oui, pour ceux qui trouvent que les salariés ne travaillent pas suffisamment et que les retraites coûtent trop cher.

Borne résume : « L’enjeu est-il que les femmes partent plus tôt en retraite, ou qu’elles aient d’aussi bonnes pensions ? ». « D’aussi bonnes pensions » ? N’exagérons rien !

Il faut donc qu’elles partent plus tard et, pour cela, qu’elles perdent la majoration de durée d’assurance. Pour de meilleures pensions ? Celles qui ont de gros salaires juste avant de partir, peut-être. Et les autres ? La grande majorité ?

Un recul majeur des droits des femmes

La majoration de durée d’assurance n’est absolument pas subordonnée à un arrêt effectif du travail puisqu’elle compense l’inégalité générale des salaires et des carrières des femmes.

Sans la majoration de durée d’assurance, les retraites des femmes seraient de 40 % inférieures à celles des hommes. La majoration de durée d’assurance est indispensable pour rattraper, un peu, ce retard.

Que propose le gouvernement ? Une bonification par enfant.

Déjà, la réforme Macron a instauré une surcote de 1,25 % par trimestre et par enfant. Si on travaille plus ! Si on part au moins un an après (63 ans) avec déjà tous les trimestres requis. Bref, si on travaille plus !

Les femmes ne veulent pas d’une prime par enfant. Elles veulent le droit de pouvoir partir à la retraite sans être trop pénalisées par les actuelles conditions d’exploitation.

La majoration de durée d’assurance est un élément de ce droit. Ceux qui veulent la supprimer veulent un recul majeur des droits des femmes.