Accusations calomnieuses d’antisémitisme, contre LFI et tous les démocrates anti-génocide

On peut mesurer la décomposition où sombre la vie politique française, son cynisme, en suivant l'itinéraire de M. Plantu. Il y a de nombreuses années, il dénonçait le colonialisme et les massacres en Palestine ; aujourd’hui, dessinateur rime pour lui avec calomniateur.

Par Michel Sérac
Publié le 11 janvier 2025
Temps de lecture : 4 minutes

Deux hommes politiques ont essayé de camoufler le génocide du peuple palestinien en évoquant l’Affaire Dreyfus. Ainsi, massacrer, démembrer par des bombes d’une tonne, lancées sur des tentes et des hôpitaux, au moins 43 000 civils, femmes en majorité, 17 000 enfants, en les prétendant « terroristes », ce nettoyage ethnique colonial, aurait quelque chose à voir avec la cause démocratique qu’est la lutte contre l’antisémitisme !

Le premier est Netanyahou lui-même, attribuant la dénonciation internationale de ses crimes à « la haine antisémite », à un « procès Dreyfus » ; le second est le ministre d’État de Macron et Bayrou, Manuel Valls : « C’est la première fois depuis l’affaire Dreyfus qu’une partie de la gauche participe d’une campagne de haine d’Israël et des Juifs ». Outre le soutien aux colonialistes israéliens, le ministre d’État et l’Elysée poursuivent un autre but en France.

Le quinquennat-croupion, crépusculaire, du président détesté (moins de 20 % de « popularité »…) est devenu insupportable à 64 % des citoyens. Ensemble, les débris des partis de droite et la « gauche d’accompagnement », sous l’œil bienveillant du RN, pactisent pour sauver leur régime.

L’accusation calomnieuse d’antisémitisme, contre LFI et tous les démocrates anti-génocide sert de ciment à ce pacte.

Depuis des dizaines d’années, l’Onu, au nom d’un droit international, documente et dénonce les pillages de terres en Cisjordanie occupée, les meurtres, la progression illégale des colonies.

Tout démocrate, scandalisé par les expropriations, déportations de Palestiniens combat, de façon indissociable, pour le droit de ce peuple opprimé, et contre toute forme d’antisémitisme, où que ce soit dans le monde.

Parmi ces démocrates, aux Etats-Unis, en Europe, de nombreuses organisations de Juifs anticolonialistes refusent que ces atrocités soient commises en leur nom ; des survivants, ou descendants de déportés ne tolèrent pas que le génocide nazi justifie celui des Palestiniens. On a vu des manifestants, en Israël, brandir des portraits au visage coupé en deux, moitié Netanyahou, le corrompu, moitié Pablo Escobar, le gangster.

De quel droit MM.Valls et Macron dictent-ils, imposent-ils à tous les démocrates juifs qui crient « pas en notre nom », d’être complices du criminel Netanyahou ? Car c’est bien le sens de l’amalgame grossier de Valls, de son imbécillité réactionnaire : quiconque combat le colonialisme israélien est « antisémite », y compris les démocrates juifs.

Calomnies violentes contre LFI

Citons le rapport de la Commission de l’Onu :

« Notre rapport ne fait aucun doute : c’est bel et bien un génocide qui a lieu sous nos yeux » ; « Confrontés à l’urgence de mettre un terme immédiat au « génocide » de la population gazaouie, les délégations ont exigé l’instauration d’un cessez-le-feu et la fin de l’impunité pour les crimes commis par Israël » ; « au moins 43 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont 70 % de femmes et d’enfants, 101 000 ont été blessées, 1,9 million de personnes déplacées »  (18 novembre 2024)

Nous sommes en présence, en France, d’une vaste entreprise de falsifications d’Etat : les démocrates anti-génocide, exigeant le cessez-le-feu seraient des complices du terrorisme. Le député LFI Aymeric Caron observe à juste titre qu’à entendre des médias français, « l’Onu, la Cour internationale de justice, Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins sans frontières, mais aussi plusieurs historiens israéliens, donc tous les spécialistes du sujet qui confirment unanimement le génocide, sont en fait des propagandistes au service du Hamas ».

A quoi s’ajoutent bien sûr les marées humaines de manifestants révoltés de tous les continents.

Itinéraire de M. Plantu, influenceur et courtisan macroniste

On peut mesurer la décomposition où sombre la vie politique française, son amoralité, son cynisme, en suivant l’itinéraire de M. Plantu. Dessinateur rime pour lui depuis longtemps avec calomniateur.

Quand il affuble tous les députés LFI, représentants de millions de citoyens, de keffiehs ou d’un bandeau vert signifiant à la fois « Palestinien » et « terroriste », il propage l’idée d’un peuple palestinien tout entier coupable et méritant tout entier son « châtiment » : c’est la transcription graphique des imprécations des ministres génocidaires d’Israël. Il fait plus : il instille la suggestion policière que LFI représente un danger de violence terroriste, il aide de son mieux Marine Le Pen qui demande des poursuites judiciaires contre LFI.

Quand il dessine son idole Macron en bon roi, cherchant le bien de la France, avec à ses côtés Mélenchon portant keffieh, empoignant le drapeau français et disant : « C’est quoi cette merde ? », l’ordurier faussaire œuvre à la mise à l’index, comme parias de « l’anti-France », de plus de sept millions (à ce jour) de citoyens insoumis. Insoumis pas Français ? Ça nous rappelle quoi ?

Quand il montre un officier africain chassant un militaire français, lequel est remplacé par Poutine, vautré sur une chaise à porteurs coloniale, servi par des esclaves noirs clonés, sans visage différencié, le courtisan Plantu veut défendre et venger la Françafrique de Macron, après le camouflet cinglant des nations africaines. Est-ce à dire que pour M. Plantu, les Africains sont seulement voués à changer de maîtres, de la France à la Russie, mais incapables de souveraineté ? Un autre dessinateur de talent affichait cette condescendance impériale, dans Tintin au Congo.

Plantu amalgame des syndicalistes CGT à des mollahs obscurantistes, amalgamait Marc Blondel, et avec lui Force ouvrière à un SA hitlérien, amalgame les démocrates anti-génocide à des terroristes, amalgame l’insoumis Mélenchon à Le Pen, multi-condamné pour racisme1La société familiale Le Pen, SERP (Société d’étude et de relation publique) a été condamnée pour « apologie de crime de guerre et complicité ». En cause, le disque Le IIIe Reich, voix et chants de la révolution allemande. Sur la pochette de ces chants des Waffen SS on pouvait lire : « La Montée vers le pouvoir d’Adolf Hitler et du parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu’il triomphera à l’issue de consultations électorales régulières » (France info, 8 janvier 2025). Aux dernières « élections régulières » de 1932, Hitler avait moins de voix que les partis ouvriers, et après l’emprisonnement en camps de concentration des militants de tous les partis démocratiques, en 1933, il n’eut toujours pas la majorité électorale. On notera le commentaire, empreint de compréhension attendrie, sur Bolloré-Cnews, de Pascal Praud sur la mort de Jean-Marie Le Pen : « Un combattant politique n’est pas un saint »….

Traiter de fascistes des démocrates est sa spécialité, son divertissement, son bon plaisir. Il ne lui vient même pas à l’idée qu’il salit des personnes, souille leur honneur, viole les libertés individuelles, diffame, ment, falsifie. Le maccarthysme procédait comme lui, désignant au public des cibles, des sorcières. Et le grand précédent historique, dans l’amalgame d’honnêtes personnes à la Gestapo, au fascisme, ce sont les procès truqués de Staline, Beria, Iejov.

Finissons sur une note d’espoir, avec un dessin du Plantu d’avant, d’un dessinateur qui avait une conscience et un cœur, et dénonçait le colonialisme et les massacres en Palestine, comme tous les braves gens.