La lutte pour l’émancipation des femmes est liée à celle contre la guerre
Nous publions des extraits de la IXe conférence donnée par Alexandra Kollontaï sur le travail des femmes pendant la Première Guerre mondiale.
- 8 mars, Droits des femmes, Histoire

Lors de la guerre de 1914-1918, « des millions de travailleurs furent arrachés à leurs lieux de travail et jetés sur les champs de bataille. C’est ainsi que, après la mobilisation générale, les femmes, les filles, les sœurs et les mères des soldats occupèrent les places restées vacantes dans les ateliers. Abandonnées par leurs “soutiens de famille”, les femmes s’empressèrent d’assurer leur propre entretien. Les industriels accueillirent cette main-d’œuvre bon marché à bras ouverts, d’une part parce que les femmes remplaçaient parfaitement les hommes alors au fond des tranchées, d’autre part parce qu’elles augmentaient les profits. (…)
Pendant la guerre, les bénéfices des industriels sur les bas salaires des femmes
La situation de la femme dans la société se modifia alors prodigieusement. La société bourgeoise, qui avait tenu jusque-là à ce que la femme occupât sa juste place au foyer, exalta dès lors le “patriotisme” des femmes prêtes à devenir “soldats derrière le front” et à exécuter un travail dans l’intérêt de l’économie et de l’État. (…)
Le travail des femmes s’imposa dans toutes les branches de l’industrie. Il fut surtout le plus répandu dans l’industrie métallurgique, dans la fabrication d’explosifs, d’uniformes et de conserves qui produisaient directement pour le front.
Mais d’autres branches furent également envahies par les femmes, même les secteurs qui leur étaient restés totalement interdits jusque-là. (…)
De nombreuses femmes travaillaient dans les mines ou sur les chantiers de construction et exécutaient des travaux pénibles et nuisibles à l’organisme féminin. Le nombre des employées dans les services publics, telle la poste, se multiplia à l’infini. (…)
Si les industriels faisaient des bénéfices sur les bas salaires des femmes, ils savaient aussi utiliser adroitement leur travail contre les organisations et le travail masculin mieux rémunéré. Par ailleurs, ils augmentaient encore leurs bénéfices en exploitant les ouvrières jusqu’à la limite de leurs possibilités.
Travail de nuit et heures supplémentaires étaient de règle. Presque toutes les lois sur la protection du travail féminin furent abrogées.
Sans le moindre scrupule, les industriels imposèrent aux femmes les travaux les plus pénibles et nuisibles à leur santé. C’est alors que le caractère nocif et (…)
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