Ukraine/Russie : le show de Trump

Macron, dans son petit costume étriqué de chef d’Etat rejeté par l’écrasante majorité de son peuple a, comme d’habitude, voulu faire croire qu’il était un homme d’Etat qui comptait… Ce n’est pas lui qui décide mais Trump.

Le 18 aout à la Maison-Blanche (photo AFP).
Par Lucien Gauthier
Publié le 21 août 2025
Temps de lecture : 5 minutes

On verra dans les prochains jours ou prochaines semaines ce qu’il en est du sommet qui a réuni à Washington, sous l’égide de Trump, Zelensky et des dirigeants européens.

Zelensky et les dirigeants européens n’ont cessé de multiplier des flagorneries à l’intention de Trump. Zelensky a félicité au moins à dix reprises Trump pour son action et devant les caméras de télévision dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, Trump a complimenté Zelensky d’avoir porté un costume au lieu de sa tenue militaire habituelle que, lors de sa venue en février, Trump avait critiqué comme étant un manque de respect à son égard.

Ces petites anecdotes sont une illustration des relations réelles entre Zelensky, les gouvernements européens et le président des États-Unis.

À l’heure actuelle, ce que l’on sait c’est que malgré les demandes de Zelensky appuyées par Merz, Trump a indiqué qu’un cessez-le-feu n’était pas indispensable pour rétablir la paix. Il a indiqué que Poutine était prêt à un accord de paix. Zelensky et les Européens ont insisté sur la nécessité de garantir la sécurité de l’Ukraine. Trump n’a pas rejeté cette demande. Il faut dire que Zelensky avait annoncé qu’il était prêt à signer un contrat de 77 milliards de dollars pour acheter des armes… américaines ! C’est donc le financement par les pays de l’Union européenne à l’Ukraine qui va permettre à celles-ci d’acheter des armes américaines !

Dans la soirée de lundi, Trump a interrompu le sommet pour téléphoner à Poutine durant 40 minutes. Zelensky et les Européens l’attendaient sagement. Trump leur a annoncé que Poutine n’était pas contre une rencontre avec Zelensky.

Macron, dans son petit costume étriqué de chef d’État rejeté par l’écrasante majorité de son peuple a, comme d’habitude, voulu faire croire qu’il était un homme d’État qui comptait. Il est pour cela soutenu par les médias français, notamment télévisés, qui n’ont cessé de souligner le « rôle central » de Macron ! Macron a ainsi demandé qu’au lieu d’une rencontre trilatérale Trump/Zelensky/Poutine ce soit une quadrilatérale avec la participation de l’Union européenne. Toujours va-t-en-guerre, il a déclaré que Poutine ne voulait pas la paix et menacé la Russie de nouvelles sanctions.

Mais cela n’a aucune importance, car ce n’est pas lui qui décide mais Trump. Celui-ci veut que le conflit en Ukraine cesse pour pouvoir s’occuper de la place des États-Unis dans le monde et donc notamment de ses relations avec la Chine.

La crise à l’échelle mondiale touche aussi bien les États-Unis que le reste du monde. Le rejet par la Chine des hausses de droits de douane et les mesures de rétorsions qu’elle a prises ont permis à l’Inde et au Brésil de refuser également les exigences de Trump.

Aux États-Unis mêmes, l’inflation frappe la population laborieuse américaine provoquant une montée de la colère populaire qui à cette étape ne s’exprime pas ouvertement mais fraie son chemin.

Aux origines de la crise

Après l’explosion de l’URSS en 1991, les oligarques issus du bureau politique du parti communiste de l’Union soviétiques se sont lancés dans d’intenses campagnes nationalistes pour justifier leur pouvoir politique dans les Républiques devenues indépendantes.

Or, dans chacune des Républiques, que ce soit en Russie, en Ukraine, en Asie centrale, le mélange de population était considérable et ancien. Il y avait des centaines de milliers d’Ukrainiens en Russie et des centaines de milliers de Russes en Ukraine.

C’est la politique de ces dirigeants issus de la bureaucratie stalinienne qui dans leur recherche d’accords avec l’impérialisme pour brader les richesses de leur pays a provoqué des tensions entre les peuples.

L’impérialisme a une responsabilité majeure dans cette situation. En échange de l’accord de Gorbatchev à la réunification allemande, l’impérialisme américain s’était engagé à ce qu’il n’y ait aucun élargissement de l’Otan. Il y avait 16 pays dans l’Otan en 1990, il y en a maintenant 30 !

Cet encerclement de la Russie et la réaction des oligarques russes ont provoqué des conflits en Asie centrale, en Géorgie, en Arménie-Azerbaïdjan et en Ukraine.

« Révolution de Maïdan »

En 2013, le président ukrainien Ianoukovitch refuse un accord économie avec l’Union européenne au profit de la Russie. Aussitôt des manifestations se produisent. Des affrontements ont lieu. Des institutions de l’État sont attaquées et brûlées. Face à ce coup de force, le président doit fuir le pays.

Un nouveau régime né de la rue s’installe. On sait depuis que des groupes d’extrême droite se réclamant des fascistes pro-nazis ukrainiens des années 1940 ont été responsables des affrontements et que ce mouvement appelé « Révolution de Maïdan » était financée par des ONG américaines. Les riches oligarques ukrainiens comme Rinat Akhemetov, le plus riche d’entre eux, ont lâché le président Youkanovitch.

À l’est de l’Ukraine, dans le Donbass, l’écrasante majorité de la population ethniquement « russe ou ukrainienne » était russophone. Ces manifestations violentes à l’ouest contre la Russie leur apparaissaient comme une remise en cause de leurs droits notamment au travers d’un projet de loi abrogeant le caractère officiel de la langue russe à l’est de l’Ukraine.

Des affrontements se produisent entre les groupes d’autodéfense du Donbass et l’armée ukrainienne entraînant la mort de 14 000 personnes. Poutine réalise un coup de force en prenant le contrôle de la Crimée et infiltre les groupes d’autodéfense du Donbass avec ses agents du FSB pour prendre le contrôle de cette région.

Accords de Minsk

En 2015, avec l’accord des États-Unis, Merkel, Hollande et les représentants de Poutine et de l’Ukraine signent un accord de « paix », les accords de Minsk. Ces accords ne seront jamais appliqués. En 2018-2019, Zelensky gagne les élections et est élu président de la République.

Il avait fait campagne pour l’application réelle des accords de Minsk, pour l’établissement de bonnes relations avec la Russie et avait rejeté l’abrogation de la langue russe comme langue officielle dans la région du Donbass. Il faut dire Zelensky était lui-même russophone, parlant mal l’ukrainien et avait fait toute sa carrière d’acteur de série B à la télévision russe, dont il était une vedette.

Mais les oligarques, notamment le patron de Zelensky, l’ont poussé à se présenter. Tout en dénonçant la corruption, il était lui-même rouage de ce système oligarque corrompu. Dans le classement actuel des pays les plus corrompus, l’Ukraine figure encore avec la Russie en bas du tableau. Les oligarques russes et ukrainiens avaient des intérêts financiers dans les deux pays. Zelensky possédait plusieurs sociétés en Russie.

Lors de la campagne pour les élections présidentielles, les journaux lui ont reproché de ne pas avoir déclaré qu’il possédait une maison en Toscane, ce à quoi il a répondu que n’étant pas fonctionnaire, il n’était pas tenu de faire cette déclaration. L’oligarchie ukrainienne n’avait rien à envier à l’oligarchie russe.

En Russie, Poutine à la tête de ce système oligarchique qui a vu ses proches et ses affidés prendre le contrôle de l’économie russe pour la piller pour justifier son pouvoir, il n’a cessé non pas de se réclamer de l’URSS mais de « l’éternel empire russe », qui signifie que les Biélorusses et les Ukrainiens font partie de la nation russe.

lorsque Zelensky devient président

Mais arrivé au pouvoir, Zelensky a tourné casaque. Fini les bons rapports avec la Russie, mais au contraire, établissement de relations avec l’impérialisme américain et les impérialismes européens contre la Russie. C’est ainsi qu’il a proposé que l’Ukraine adhère à l’Union européenne et à l’Otan. Il n’en fallait pas plus comme prétexte à Poutine qui voulait prendre le contrôle de l’Ukraine pour attaquer celle-ci en 2022.

Depuis cette date des centaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes sont morts, d’autres blessés, d’autres encore réfugiés. L’impérialisme alimente à coups de milliards de dollars et d’armements l’Ukraine dans l’objectif non pas de renverser Poutine mais de l’affaiblir considérablement. Pour l’impérialisme américain, cette séquence permettrait de s’occuper ensuite du cas de la Chine.

Les différents impérialismes, leur agent Zelensky et Poutine sont coresponsables de cette guerre meurtrière qui provoque le chaos.

Que des centaines de milliers d’Ukrainiens et un million de Russes aient quitté leur pays pour échapper à leur incorporation dans l’armée et à leur envoi au front est une indication d’un refus croissant dans les deux populations dans la poursuite de cette guerre.

Même si on ne peut manifester en Russie du fait de la répression brutale, même si en Ukraine il est difficile d’exprimer son opposition à la guerre sous prétexte d’être accusé d’être agent russe. N’oublions pas qu’une dizaine de partis ukrainiens ont été interdits avec le même argument, tandis qu’en Russie, des centaines d’opposants ont été emprisonnées, voire déportés dans des camps. La seule voie pour préserver les populations ukrainiennes et russes est d’arrêter les livraisons d’armes, d’arrêter le financement de la guerre.

L. G.