Combines ou rupture

La crise de régime s’approfondit à l’occasion de l’examen du budget. Nous assistons à une alliance visible entre le gouvernement (fragilisé par la crise majeure au sein du « bloc central ») et le RN – gouvernement qui ne doit sa survie qu’au soutien du Parti socialiste.

(Photos AFP et DR)
Par Clara Tristan
Publié le 29 octobre 2025
Temps de lecture : 4 minutes

Au moment où une importante élection à la mairie de New York va se tenir mardi prochain, pour laquelle les sondages donnent comme favori le candidat de DSA (Democratic Socialists of America) Zohran Mamdani qui défend un programme de rupture, Trump menace frontalement le Venezuela d’une intervention militaire en envoyant vendredi dernier un porte-avions dans les Caraïbes.

Le 23 octobre, les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement adoptent à Bruxelles un plan de réarmement européen intitulé : « Préserver la paix, feuille de route pour la préparation de la défense 2030 », qui fixe l’objectif d’acheter au moins 40 % d’équipement militaire en commun d’ici 2027.

Toujours au même moment, malgré l’accord de cessez-le-feu, Netanyahou largue des centaines de tonnes de bombes sur la bande de Gaza. Dans cette situation où le génocide se poursuit et où la marche à la guerre s’intensifie, des dizaines d’organisations en France, dont la France insoumise, appellent à une journée de manifestation nationale le samedi 29 novembre…

En Italie est discuté, à l’initiative de l’Union syndicale de base et de la Confédération unitaire de base, un appel à bloquer le pays le 28 novembre et à monter en manifestation nationale à Rome le lendemain.

C’est dans ce contexte que s’approfondit, en France, la crise de régime à l’occasion de l’examen du budget 2026. Nous assistons depuis quelques jours à une alliance visible entre le gouvernement, fragilisé par la crise majeure au sein de ce qu’on appelle le bloc central, et le Rassemblement national (RN).

Le RN brille soit par l’absence de ses députés lors des débats, soit par son accord direct sur des mesures réactionnaires anti-ouvrières en faveur des milliardaires, acceptant de nombreux reculs présents dans le budget du gouvernement : doublement des franchises médicales, hausse de la taxe foncière sur les logements sociaux, suppressions de postes d’enseignants, etc.

Le RN rejette tous les amendements allant dans le sens de la justice sociale. Mathilde Panot a révélé que le RN a présenté un contre-budget contenant soixante milliards d’euros de coupes budgétaires !

Au final, le projet de budget 2026 présenté par le gouvernement comprend des mesures terribles qui frappent les conditions de vie de millions de travailleurs, de chômeurs, de retraités, et menacent l’existence des services publics déjà exsangues, tandis que le budget des armées augmente de près de sept milliards d’euros.

Ce que voit la majorité de la population, c’est que le gouvernement qui présente ce budget est frappé d’illégitimité, et qu’il ne doit sa survie qu’au soutien du Parti socialiste. Pour les dirigeants de ce parti, l’enjeu est avant tout le sauvetage de Macron et des institutions. Au prix de tous les reniements et de toutes les magouilles.

Rappelons-le : le pacte de non-censure avait été scellé entre Macron et Olivier Faure suite à l’engagement par le Premier ministre de suspendre l’application de la réforme des retraites. Très rapidement, la « lettre rectificative » au PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) est venue démasquer la supercherie de la « suspension », et confirmer les propos de Macron : « Ce n’est ni l’abrogation, ni une suspension », mais un décalage d’un an du calendrier.

Par ailleurs, cette mesure est conditionnée au vote du budget de la Sécu dans sa totalité qui prévoit sept milliards d’économies dans la santé…

Pire : elle prévoit de faire payer à tous aujourd’hui et demain le financement de cette « victoire ». Comment ? Les pensions de retraite pour les prochaines années seront encore moins revalorisées et une taxe sur les mutuelles sera appliquée et donc répercutée sur les adhérents.

Aucun accommodement possible

Les dirigeants des confédérations syndicales qui avaient salué une « première avancée » auraient été mieux avisés de ne pas lâcher trop vite la proie pour l’ombre. Ceux qui font le pari de « la stabilité » et du sauvetage des institutions risquent d’en être pour leurs frais. Cela a commencé avec les dirigeants du PS, dont la collusion avec les macronistes est telle qu’on finit par les confondre. Ils ont beau répéter qu’il n’y a aucun deal avec le gouvernement, leurs réunions « secrètes » pour organiser des aménagements dans le budget Lecornu sont connues de tous. Pris dans l’engrenage de leurs combines, ils n’ont plus que le mensonge pour déformer une réalité qu’il est de plus en plus difficile d’assumer auprès de la population.

Cette réalité leur revient comme un boomerang, grâce à la pression des députés LFI qui ne manquent pas une occasion de pointer la trahison du mandat, et qui tiennent bon sur la position : « Nous voterons contre ce budget. Nous travaillons à la censure du gouvernement, à la destitution du président car nous pensons que pour sortir de la crise, la parole doit être rendue au peuple » (Paul Vannier).

La réalité, c’est que pour la majorité, il n’y a aucun accommodement possible avec ce gouvernement et son budget de misère.

C’est que les puissantes mobilisations du mois de septembre, les grèves et les blocages qui ont vu se dresser des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes contre la politique de Macron, contre son budget et la marche à la guerre, ne peuvent trouver d’autre issue que dans le blocage du budget de guerre, dans le départ de Macron et de sa politique.

 

Manifestation nationale pour la Palestine le 29 novembre à Paris

Une manifestation nationale de solidarité avec la Palestine, contre le génocide, l’occupation et la colonisation de la Palestine aura lieu le samedi 29 novembre à 14 heures place de la République à Paris dans le cadre de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.
Cette manifestation est appelée par plusieurs organisations dont l’Association France Palestine Solidarité, la France insoumise, Les écologistes, le PCF, des organisations étudiantes et syndicales, des organisateurs des flottilles pour lever le blocus à Gaza.