« Le Capital en toute simplicité » : un petit livre précieux

Laissons la parole à Ho Hai Quang, l’auteur de cet ouvrage paru aux éditions Eric Jamet (11 euros) : « Ma rédaction a été guidée par trois idées : utiliser le plus possible un vocabulaire non spécialisé, introduire de façon très progressive les concepts économiques fondamentaux, illustrer à l’aide d’exemples numériques simples les principales lois qui gouvernent le fonctionnement du capitalisme. »

Par Jean-Pierre Dailly
Publié le 19 février 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Inspirée de Keynes, l’argumentation est connue : « Si on crée des emplois, avec les salaires versées, on abonde les cotisations sociales, notre système de retraite et notre sécurité sociale sont sauvés. En plus, on relance la consommation et les entreprises ne s’en portent que mieux. Tout bon pour le gâteau à partager entre patrons et prolétaires ! »

Mais pourquoi donc ce monde merveilleux où règne l’harmonie universelle entre patrons, bourgeois et prolétaires ne voit-il jamais le jour ? L’analyse économique marxiste permet de comprendre cet accouchement impossible.

En 1867, Marx publie Le Capital, où il dissèque le mécanisme de l’exploitation capitaliste. C’est ce que, dans un petit livre, Ho Hai Quang, docteur en économie, expose. Il présente les concepts essentiels de l’analyse marxiste, la loi de la valeur, démontre que le salaire n’est pas le prix du travail, mais celui de la « force de travail » et qu’en régime capitaliste il n’y a pas de « marché du travail », mais une gestion capitaliste de la force de travail.

Enfin il dévoile l’accaparement de la plus-value par les capitalistes, la recherche du profit fondé sur la propriété privée des moyens de production, la loi de la baisse tendancielle du taux de profit, et montre que ce système économique capitaliste conduit inévitablement au développement d’un chômage de masse et à des crises économiques, aujourd’hui quasi permanentes.

Ho Hai Quang, quand il analyse le processus d’accumulation du capital, n’évite pas les remarques iconoclastes, comme cette interrogation : « Si l’accumulation se poursuit, au bout d’un certain nombre de cycles, tout le capital de l’entreprise proviendra d’une seule source : la plus-value accumulée. Par conséquent, quand on nationalise une entreprise, faut-il  “indemniser” ses propriétaires ? »

Le Capital est sous-titré « Critique de l’économie politique », et un autre intérêt de ce livre est qu’il présente, succinctement certes, ces théories économiques, critiquées par Marx et élaborées par des théoriciens de la bourgeoisie montante qui ont tenté de comprendre le fonctionnement du capitalisme (Quesnay, Adam Smith, Ricardo…). Penseurs qui ont précédé Marx, et dont la démarche scientifique n’a rien à voir avec la « science économique » d’aujourd’hui, dont l’objectif essentiel est de justifier le système capitaliste et les politiques qu’il met en œuvre.

Keynes lui-même n’avait-il pas reconnu : « Je peux être influencé par ce qui me semble être la justice et le bon sens, mais la guerre des classes me trouvera toujours du côté de la bourgeoisie éduquée » !

Ho Hai Quang a voulu présenter Le Capital « en toute simplicité ». Il n’y a là rien de méprisant à l’égard du lecteur. C’est un petit livre synthétique, facile d’accès et indéniablement utile aux militants ouvriers dans leur combat contre le système capitaliste.