500 000 manifestants à Londres le 13 janvier pour le cessez-le-feu immédiat

Une foule compacte s'étendait sur plusieurs kilomètres, couverte de drapeaux palestiniens, de pancartes « Free Palestine », « Ceasefire Now ! » ou sur lesquelles étaient inscrits des messages dénonçant Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni.

A Londres, le 13 janvier (Photo correspondant).
Par Vincent Visseq
Publié le 18 janvier 2024
Temps de lecture : 4 minutes

« Dans plus de 120 villes, dans 45 pays et sur 6 continents, des millions de personnes sont descendues dans la rue samedi pour réclamer la fin des bombardements sur Gaza et le Yémen. À Londres, près d’un demi-million de manifestants – la police de la métropole annonce également 500 000 manifestants – réclamaient un cessez-le-feu immédiat. Ce fut une journée spectaculaire de protestation internationale coordonnée, menée par le mouvement anti-guerre ici au Royaume-Uni. Les attaques contre le Yémen par les États-Unis et le Royaume-Uni représentent une dangereuse escalade de la guerre au Moyen-Orient. Cette folie doit cesser.  »

C’est en ces termes que la coalition Stop the War rend compte de la marche sur Londres le 13 janvier. Des cars et des trains étaient venus de toute l’Angleterre, du Pays de Galles et d’Écosse. Une foule compacte s’étendant sur plusieurs kilomètres, couverte de drapeaux palestiniens, de pancartes « Free Palestine » (Palestine libre !), « Ceasefire Now ! » (Cessez-le-feu immédiat !) ou sur lesquelles étaient inscrits des messages dénonçant Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni.

En particulier, les manifestants ont ciblé Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, et Keir Starmer, le secrétaire général du Parti travailliste, alignés sur la position américaine de soutien à Israël.

Des syndicats comme Unite et Unison ont défilé et pris la parole. Plusieurs délégations syndicales de villes étaient là avec leurs banderoles, notamment les Tuc (Trade Union Council) de Sheffield, Chesterfield, Montgomerysheid ou encore de Bristol.

Des milliers et des milliers de familles, avec leurs enfants, ont manifesté avec enthousiasme à partir du quartier d’affaire de la City jusqu’au Parlement britannique (devant Big Ben), en passant par Trafalgar Square. La foule a scandé sans s’arrêter : « Cessez le feu immédiat », « Israël est un État terroriste », « De la rivière à la mer, la Palestine doit être libre ».

Un jeune manifestant avait écrit sur sa pancarte « Je suis le petit-fils d’un réfugié palestinien ». À l’arrivée sur les quais de la Tamise, un groupe de militants a déployé une banderole où l’on pouvait lire : « Arrêt des bombardements sur Gaza ! Arrêt des bombardements sur le Yémen ! ».

La manifestation s’est conclue par des prises de paroles de représentants palestiniens qui ont exprimé le calvaire des Gazaouis, d’associations de solidarité avec la Palestine, dont une association juive contre l’occupation (« Jewish block against occupation »), de syndicalistes et de trois membres du Parlement britannique, dont Jeremy Corbyn, signataires de l’appel international des parlementaires pour le cessez-le-feu.

Prises de paroles (extraits)

– Aspana Begum, membre du Parlement britannique et du Parti travailliste,  signataire de l’appel international des parlementaires pour le cessez-le-feu 

« Combien de personnes doivent être tuées avant que notre gouvernement appelle au cessez-le-feu ? Cela fait trois mois que nous demandons au gouvernement d’utiliser son influence pour stopper le massacre à Gaza.

Les sondage s montrent que 71 % des Britanniques veulent un cessez-le-feu. Partout dans le monde cet appel se fait plus puissant. Face à cela, le silence, la complicité et l’agression du gouvernement de Grande-Bretagne sont inacceptables.

La logique d’escalade du gouvernement britannique en mer Rouge, conjointement avec les États-Unis, est une honte. Les attaques menées contre le Yémen par les troupes de Rishi Sunak, sans en prévenir le Parlement, sont plus qu’inacceptables. Pas en notre nom !  »

– Andrew Murray, vice-président de la coalition Stop the War et dirigeant syndical reconnu

« Saluons la démarche de l’Afrique du Sud de poursuivre Israël pour génocide. Ce à quoi nous assistons est un génocide, indépendamment de ce que diront les juges à La Haye. Le seul problème dans le processus à La Haye est que les gouvernements britannique et américain auraient dû être sur le même banc des accusés qu’Israël. Le gouvernement britannique arme, supporte politiquement et fait l’après-vente diplomatique du génocide.

Le gouvernement ne combat pas pour la libre circulation en mer Rouge, mais pour permettre que se poursuive le génocide. La Royal Navy doit quitter la mer Rouge tout de suite ! Rien ne nous empêchera de continuer à marcher pour le cessez-le-feu immédiat ! Liberté en Palestine ! Impérialisme hors du Moyen-Orient ! »
Tout au long de la marche, la police de la métropole de Londres, vêtue de vestes jaunes fluorescentes, sans arme ni protections particulières, a accompagné les manifestants déterminés et en nombre ; une scène difficilement croyable pour qui vit en France…

– Jeremy Corbyn, membre du Parlement britannique et du Parti travailliste,  signataire de l’appel international des parlementaires pour le cessez-le-feu

« Des milliers et des milliers de personnes ont été tuées par les forces d’occupation israéliennes parce qu’elles sont palestiniennes. Ce bombardement horrible et massif de Gaza a commencé en octobre, mais beaucoup ont enduré des souffrances avant cela.

L’Afrique du Sud, qui a enduré tant de souffrances sous le régime d’apartheid a, à son tour, apporté au monde sa solidarité avec les Palestiniens contre l’apartheid et a transmis une requête devant la Cour internationale de justice.

Ce fut un moment poignant pour moi d’entendre l’Afrique du Sud et ses représentants présenter sa requête d’une façon aussi brillante, logique, légale et convaincante pour dire que l’attaque contre la population entière de Gaza, l’expulsion de chez elle, la destruction de ses maisons, de ses écoles, de ses hôpitaux équivaut au crime de génocide selon les termes de la convention internationale.

Je peux dire simplement ceci : que toute personne qui entend parler du procès, qui a entendu la requête, doit être convaincue que ce n’est pas juste un procès mais qu’il doit y avoir un cessez-le-feu maintenant et que cela doit être exigé. Il faut un cessez-le-feu. La justice doit prévaloir mais elle ne peut venir du bombardement du Yémen, de l’extension de la guerre au Liban, à la mer Rouge ou d’ailleurs comme s’il n’y avait pas eu assez de bombes déjà lâchées sur le Yémen durant ces dernières années par l’Arabie saoudite, bombes fournies par la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Ce que nous voulons au plan international, c’est la justice pour les Palestiniens et vivre dans un monde en paix qui ne soit pas dominé par les fournisseurs d’armes, les stratèges militaires mais au contraire mettre en premier, les droits de l‘Homme, la justice, l’éducation, la durabilité.

Nous sommes un mouvement de millions dans le monde aujourd’hui, chaque jour solidaires du peuple palestinien, pour réaliser ce monde de paix que nous verrons de notre vivant. »

Les prises de parole devant le Parlement
  • Houssam Zomlot, Ambassadeur de Palestine en Grande-Bretagne ;
  • Aspana Begum, membre du Parlement britannique et du Parti travailliste, signataire de l’appel international des parlementaires pour le cessez-le-feu. ;
  • Marie Lou MacDonald, présidente du Sinn Féin, parti majoritaire en Irlande (Nord et Sud confondus) ;
  • Libby Nolan, présidente du syndicat de la fonction publique Unison the Union ;
  • Andrew Murray, président de la coalition Stop the War et membre du syndicat Unite. Ismaël Patel, président de l’association FOA « Friends of Al Aqsa » ;
  • Bell Ribeiro-Addy, membre du Parlement britannique et du Parti travailliste, signataire de l’appel international des parlementaires pour le cessez-le-feu ;
  • Jeremy Corbyn, membre du Parlement britannique et du Parti travailliste, signataire de l’appel international des parlementaires pour le cessez-le-feu ;
  • Ghassan Abu-Sittah, chirurgien ayant travaillé à Gaza ville ;
  • Avia Saraday, Max Garver et Richard Cooper de l’association « Jewish block against the occupation ».