Destitution du président Macron : logique et réaliste
Déni de démocratie, maintien d’un gouvernement démissionnaire qui multiplie les attaques réactionnaires contre la population… c’est le président Macron lui-même qui met à l’ordre du jour la procédure de destitution avancée par LFI comme « un avertissement solennel ».
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Le déni de démocratie dans lequel le président Macron s’enfonce chaque jour un peu plus n’est plus à démontrer. Il est encore accentué par le maintien en place d’un gouvernement démissionnaire qui continue, imperturbable à prendre les pires mesures anti-ouvrières contre la population.
Il est souligné aux yeux de tous, par la basse manœuvre d’une éventuelle nomination, au poste de Premier ministre, d’un Cazeneuve dénué de toute légitimité démocratique si ce n’est de celle octroyée par un Président archi battu.
De ce fait, c’est le président Macron lui-même qui met à l’ordre du jour la procédure de destitution avancée par La France insoumise comme « un avertissement solennel ». Logique et réaliste.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. De juristes comme du monde politique. Pour les juristes, confirmant que cette possibilité constitutionnelle existe bel et bien, elle a été élaborée « pour éviter les abus, l’article 68 a été écrit de telle sorte que la procédure n’aboutisse quasiment jamais. » « Quasiment jamais », donc tout de même possible.
Si dans cette Constitution de la Ve République anti-démocratique, il se trouve un mot, un article, une virgule permettant de destituer un président totalement antidémocratique, pourquoi s’en priver ? Il s’agit d’une proposition raisonnable, pacifique, impossible à taxer de fureur ou de clivages violents, conforme à la Constitution et certainement la « plus économique » pour porter un coup d’arrêt à la dérive anti-démocratique et anti-sociale de la Constitution elle-même.
Du côté des hommes politiques, passons sur Darmanin qui, frustré de ne pouvoir hurler à la violence, toujours enclin à complaire aux pires réactionnaires, n’en parle pas moins de « l’anarchie dans laquelle La France insoumise veut faire plonger la France » ou des « insoumis qui ne veulent que la chienlit ». « Anarchie, chienlit », vocabulaire employé aussi en son temps par le général de Gaulle, Président de la Ve République (avec son ministre de l’Intérieur Marcellin) dont on sait comment ils ont été mis à la porte.
De Gaulle avait, lui, décidé de se conformer au verdict des urnes. Battu, il est parti. Non pas qu’il ait été un fervent partisan de la démocratie. Mais il avait, lui, une conscience aiguë des risques encourus pour ceux dont il représentait les intérêts, s’il se maintenait au pouvoir, malgré le vote perdu.
Que le président Macron n’y comprenne rien est une certitude, que ceux qu’il représente et qui le soutiennent encore ne commencent sérieusement à s’interroger en est une autre. Olivier Faure du PS estime que la question se résume à la place de l’Assemblée nationale et à sa capacité à censurer un Premier ministre qui ne conviendrait pas. Pourquoi pas ? Mais chacun connaît la place exacte de l’Assemblée nationale dans les institutions de la Ve République qui donnent à chaque fois et en dernier recours au président de la République tous les moyens de faire ce qu’il veut, même seul et battu.
Mais pourquoi le laisser gouverner à sa guise ? Si on peut faire autrement, pourquoi s’en accommoder ? Il est, tous votes confondus, totalement minoritaire dans le pays, remis en cause dans ce qui reste de ses propres soutiens et la risée des capitales internationales.
Olivier Faure pense qu’il est impossible de réunir les 2/3 de l’Assemblée nationale et les 2/3 du Sénat pour engager concrètement la procédure de destitution. Mais qu’en sait-il exactement ?
Qui ne voit pas l’extraordinaire friabilité des positions des uns et des autres ? Qui ne comprend pas la responsabilité que prendraient ceux qui décideraient de refuser la proposition, donc de continuer à soutenir Macron devant leurs électeurs ?
Et si, au bout du compte, cette proposition constitutionnelle de destitution, par peur, par couardise, par politique de cogestion, par volonté de s’accrocher coûte que coûte, des uns ou des autres, ne voyait pas le jour, alors un autre problème serait posé. Pas seulement le départ de Macron. Mais de Macron et de la Constitution puisque, même dans ses ultimes dispositions, la Constitution de la Ve République n’aurait pas permis l’exercice de la démocratie et le respect des votes majoritaires.
Dans leur déclaration à La Tribune Dimanche, les principaux représentants de La France insoumise mettent en exergue la formule « démettre le président de la République plutôt que nous soumettre. » C’est bien là le fond du problème.
Ceux qui s’agitent en coulisse, qui supputent sur la nomination de tel ou tel, qui cherchent, par tous les moyens, à refuser la démocratie, pensent-ils vraiment que les millions qui ont par trois fois voté clairement, qui se battent dans des grèves et des manifestations, avec ou sans leurs syndicats, sont disposés à se soumettre ?
Qu’ils aient voté ou même se soient abstenus, pense-t-on qu’ils vont se soumettre ? Se soumettre à la poursuite de la destruction de la Sécurité sociale, à la dramatique destruction du système de santé, à la rentrée catastrophique qui s’annonce, à l’impunité de policiers, à la répression qui s’accentue, au soutien sans faille au massacre en Palestine et à la marche à la guerre, aux 1 500 internes en moins, aux 500 postes supprimés à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ?
Laurent Joffrin, depuis bien longtemps aigri, avec un humour frelaté, rabougri, déclare dans un tweet : « Les délégués LFI iront-ils à l’Élysée avec des fourches pour expulser Macron ? » Dans la même veine que les propos accusant LFI d’antisémitisme. Mais référence historique à l’action du peuple révolutionnaire, tout de même.
Parce que, pour faire respecter la démocratie, avec ou sans les méandres de la Constitution, il faudra se débarrasser de Macron.