Ve République et extrême droite : éléments de réflexion

C’est au moment où la question de la « destitution » du chef de l’Etat est posée à l’initiative de LFI que le RN affiche son attachement à la Ve République et passe un accord avec son chef pour la nomination du très réactionnaire et clérical Michel Barnier à Matignon.

Manifestation à Marseille, le 7 septembre (photo Christophe SImon / AFP)
Par François Chaintron
Publié le 12 septembre 2024
Temps de lecture : 2 minutes

Le président-monarque déconsidéré d’une Ve République en crise profonde, va chercher du côté des héritiers du régime de Vichy, l’appui à la poursuite de sa politique dictée par le capital financier, dans l’orientation qui depuis 1958 n’a eu de cesse de s’attaquer à toutes les conquêtes arrachées en 1936 et 1945.

C’est au moment où le Nouveau Front populaire a gagné les élections législatives sur l’objectif d’ « abolir la monarchie présidentielle » et de « passer à une VIe République par la convocation d’une assemblée constituante citoyenne élue », où la question de la « destitution » du chef de l’Etat est posée à l’initiative de LFI, où les manifestants du 7 septembre contre son coup de force antidémocratique, reprennent en chœur : « Macron, démission ! », que le RN affiche son attachement à ce régime et passe un accord avec son chef pour la nomination du très réactionnaire et clérical Michel Barnier à Matignon.

La différence de forme entre le FN de 1972 et le RN de 2022, est inscrite dans les statuts de ce dernier. C’est le ralliement à la constitution de la VRépublique citée explicitement dans l’article 1. Est-ce cela une « dédiabolisation » ?

Le RN revendique – dans ce même article 1 – sa filiation avec le FN de 1972. Y a-t-il une contradiction ? Ses ancêtres politiques ont voté en 1958 pour l’accession de De Gaulle au pouvoir, de Gaulle qui trouvait de bonnes choses dans la doctrine sociale du régime de Pétain. Il y a plus qu’une ressemblance entre la Charte du travail, l’association capital-travail et les conceptions du RN en matière de syndicalisme.

On a connu peu de périodes où le maintien même du président monarque à la tête de l’Etat était mis en cause comme aujourd’hui, par la mobilisation populaire : en 1968, c’était « 10 ans, ça suffit », à l’adresse de De Gaulle qui a dû quitter le pouvoir après son échec au référendum corporatiste de 1969 ; en 1980, c’était Giscard et les diamants de Bokassa, avant sa défaite à la présidentielle de 1981. Depuis ces dates, la situation a changé, les travailleurs ont tiré les leçons de l’histoire et il existe aujourd’hui la force indépendante de La France insoumise.

Que les dirigeants que la peur du chaos créé par Macron lui-même rendrait aveugles, réalisent dans quel danger, ils mettent leurs organisations en refusant de reconnaître que les heures de ce régime sont comptées.

Ils n’arriveront pas à dédiaboliser la VRépublique elle-même face aux conflits d’ampleur qui se préparent.

Pour défendre notre avenir, matériel et moral, y a-t-il un autre choix que de combattre l’extrême droite, et d’en finir avec la constitution de 1958 ?