Pour faire la guerre, ils mentent

Des deux guerres du Golfe (1991 et 2003) à aujourd'hui, les gouvernements impérialistes n'ont pas hésité à recourir aux mensonges et à la désinformation pour justifier par la fraude leurs interventions militaires.

Et pendant ce temps-là les massacres continuent à Gaza. Bombardement du quartier de Tuffah, à Gaza, le 20 juin. (AFP)
Par Lucien Gauthier
Publié le 27 juin 2025
Temps de lecture : 3 minutes
Informations ouvrières et L’insoumission s’associent pour proposer des contenus. À retrouver sur les réseaux.

Tous, dirigeants impérialistes, Netanyahou mais aussi les soi-disant experts et « journalistes », affirment que l’Iran possède ou posséderait une bombe nucléaire pour détruire Israël. Les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) démontrent le contraire. Mais peu importe pour les va-t-en-guerre. Et ils ont toujours procédé ainsi.

1990 : le mensonge des couveuses…

En 1990, toutes les forces impérialistes – avec le soutien de l’URSS de Gorbatchev – se préparent à attaquer l’Irak. Le régime de Saddam Hussein, qui pendant près de dix ans avait guerroyé contre l’Iran, avec le soutien de l’impérialisme et de l’URSS, commençait à percevoir des signes, depuis les sommets dirigeants, qu’il était « autorisé » à envahir le Koweït, historiquement territoire de l’Irak mais qui avait été détaché par l’impérialisme britannique pour le constituer en « pays ». Or le piège se referma sur Saddam. Dès l’entrée des troupes irakiennes au Koweït, une fantastique campagne de propagande était lancée.

Le 14 octobre 1990, une infirmière koweïtienne, Nayirah, témoigne devant une commission du Congrès des États-Unis – témoignage relayé par tous les médias internationaux. Elle explique que les troupes irakiennes se livrent à des actes barbares, par exemple qu’elles sont entrées dans une maternité, qu’elles ont jeté les bébés prématurés des couveuses et les ont laissés mourir à même le sol. C’est ce témoignage qui a servi de bascule pour supposément convaincre les peuples de la nécessité de la guerre contre l’Irak.

Quelques années plus tard, il s’est avéré que ce témoignage sous serment au Congrès américain était un faux. L’infirmière s’appelait en réalité Nayirah al-Sabah, elle était la fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et n’a jamais été infirmière.

Une organisation koweïtienne, « Citoyens pour un Koweït libre », avait payé dix millions de dollars à la société Hill & Knowtlon pour monter l’opération. L’administration américaine était dans la confidence, payant elle-même quatorze millions de dollars à cette même société pour l’action menée de médiatisation de la guerre en Irak.

… et des « frappes chirurgicales »

Au déclenchement de ce qui sera la première guerre du Golfe en 1991, les responsables politiques américains, français, britanniques de la coalition, relayés par tous les médias, affirmaient que la population civile n’était en rien touchée par les bombardements, car il s’agissait de « frappes chirurgicales ». Les chiffres qui furent publiés bien plus tard établirent que ce sont des centaines de milliers d’Irakiens qui périrent dans ces « frappes chirurgicales ».

Puis, Saddam Hussein fut accusé – sentant la déroute – d’avoir déclenché une marée noire dans le Golfe persique. Pour accréditer cette affirmation, des photos sont aussitôt diffusées par la presse mondiale, notamment celle d’un cormoran englué dans le mazout. Mais rapidement, un photographe-reporter démontre la manipulation car cette photo est celle qu’il a prise lors de lors de la marée noire de l’Amoco Cadiz, sur les côtes bretonnes en France, en 1978 !

2003 : les armes de destruction massive

Le président américain Bush fils – dans la droite ligne de son père qui avait décidé la guerre contre l’Irak en 1990 – se lance lui aussi dans l’attaque contre l’Irak. Il s’agit pour les États-Unis de mener un pas significatif dans la modification de toutes les relations au Moyen-Orient pour son contrôle. Cette fois, les États-Unis dénoncent une supposée détention par l’Irak d’armes « de destruction massive », notamment d’armes chimiques.

Le 5 février 2003, au Conseil de sécurité de l’Onu, le secrétaire d’État à la Défense américain, Colin Powell, agite une petite fiole censée contenir un produit chimique létal extrêmement dangereux. Depuis plus d’un an, les déclarations des États-Unis vont dans ce sens, avec rapport de la CIA à la clef sur la possession avérée par l’Irak de ce type d’armes.

En 2002, le vice-président Dick Cheney déclare solennellement qu’il « n’y a aucun doute » sur la possession de ces armes par l’Irak.

En Grande-Bretagne, le « socialiste » Tony Blair se rend au Parlement, un rapport des services secrets à la main, qui confirme la possession par l’Irak de ces armes de destruction massive.

Après le renversement par l’impérialisme de Saddam Hussein, une commission d’enquête mise en place par l’Onu ne trouvera aucune trace de ces armes. Plusieurs années après, Colin Powell reconnaîtra lui-même la falsification. Une enquête du Parlement britannique établira que le fameux rapport des services de renseignement agité par Blair n’était lui aussi qu’un faux, écrit par deux de ses conseillers.

Pour faire la guerre, l’impérialisme est prêt à tout !

Des « experts », des « opposants » : tous pour les bombardements

Sur tous les plateaux des chaînes d’info défilent en continu, les mêmes « experts », les mêmes « opposants » qui sont censés accréditer les thèses impérialistes. Plusieurs d’entre eux expliquent d’ailleurs que 80 % de la population iranienne est contre les ayatollahs. Ce chiffre est évidemment une pure invention. Car qui peut prétendre savoir ce que pensent 90 millions d’Iraniens !

Et majorité de ces « opposants » au régime – pas tous – déclarent soutenir l’intervention israélo-américaine qui doit chasser le régime des ayatollahs. Ces gens-là qui prétendent représenter l’opposition en Iran, se félicitent ainsi des bombes qui tuent les civils en Iran. Pour l’instant, ce que l’on sait avec certitude c’est que la grande masse de la population iranienne est sous les bombes, sans alarmes qui préviennent des bombardements et sans abris. Et qu’elle cherche à survivre.

On peut imaginer aisément ce qu’auraient fait ces « opposants » en 1940, certainement pas la résistance !