Contre l’acheminement des armes à destination d’Israël : Blocage du port du Pirée (Grèce) le 17 juillet

La parole à Antonis Dalakogeorgos, président du Penen (Syndicat des marins de Grèce) et co-organisateur avec d’autres syndicats du blocage du principal port de Grèce.

Le 16 juillet sur le port du Pirée (Grèce), deuxième blocage qui a permis d'empêcher le chargement de matériel militaire destiné à Israël (DR).
Par Nar (Grèce)
Publié le 8 août 2025
Temps de lecture : 3 minutes

Le 17 juillet dernier, Penen avait appelé, avec d’autres syndicats de base, à la mobilisation sur le port du Pirée pour empêcher le transport de matériel de guerre destiné à Israël. Pour toi, que signifie ce combat ?

Antonis Dalakogeorgos : Notre mobilisation au Pirée faisait partie d’une action globale et multiforme de solidarité effective avec le peuple palestinien si éprouvé par la guerre ; action qui vise au blocage de tout matériel militaire entrant et passant par notre pays et destiné à l’État meurtrier d’Israël.

Chaque action que nous entreprenons et qui a un effet constitue une petite victoire dans notre effort de sensibilisation et de mobilisation de notre peuple qui se tient du bon côté de l’histoire, aux côtés et avec le peuple palestinien.

Toutes nos actions, avec les autres forces qui composent le Mouvement de solidarité, ont contribué de manière significative à repousser et à rejeter la propagande sioniste et gouvernementale de notre pays qui justifie la barbarie israélienne qui a conduit jusqu’à présent à plus de 60 000 morts, la majorité d’entre eux étant des femmes et des enfants.

La situation à Gaza s’est détériorée de façon dramatique en raison de l’intervention militaire d’Israël, ce qui nous oblige à accroître, à renforcer et à massifier le mouvement de solidarité et contre l’engagement de notre pays dans le massacre de Gaza et dans les conflits guerriers menés par les puissances impérialistes occidentales en Méditerranée orientale.

Le Penen depuis des années est à l’origine d’appels pour que les syndicats agissent dans ce sens. C’est pourquoi nous avons mis en place des centaines d’actions et de mobilisations.

À titre indicatif, je mentionne les rassemblements organisés pendant un mois, tous les samedis, face au Parlement, puis des marches énormes jusqu’à l’ambassade d’Israël, les actions ciblées telles que celles menées contre les raffineries de Motor Oil qui approvisionnent en carburant militaire des navires à destination d’Israël.

Nous avons également organisé des rassemblements devant le siège de l’Union des armateurs grecs pour empêcher les navires grecs de faire escale dans les ports israéliens, devant l’usine de technologie militaire Intracom, devant le siège de la compagnie maritime israélienne Zim.

Par nos actions en solidarité avec la lutte du peuple palestinien, nous exigeons la fin de l’occupation, du génocide, de la famine et de l’intervention militaire d’Israël à Gaza et dans tous les territoires palestiniens.

Par nos actions, nous faisons pression pour que le gouvernement grec et ses alliés US-Otan-UE cessent leur implication avec d’Israël. Nous demandons l’arrêt de toutes les relations économiques, militaires et diplomatiques entre nos deux pays. Nous exigeons que la Palestine soit reconnue comme un État indépendant. Nous continuerons donc ce combat jusqu’à ce que le peuple de Palestine recouvre son indépendance pleine et entière.

Des mobilisations similaires contre le transfert d’équipements militaires à Israël ont lieu dans de nombreux ports européens, à l’initiative des syndicats. Y a-t-il une coordination du Penen avec ces actions ?

En effet, nous sommes en contact avec divers syndicats et mouvements de dockers et de marins dans différents pays européens. Et nous soutenons leurs actions. Nous échangeons entre nous sur nos actions, nos objectifs et notre manière de nous organiser.

Malheureusement, la plupart des syndicats de marins et de dockers sont dominés par des forces qui s’alignent sur la politique des gouvernements qui soutiennent l’action criminelle d’Israël.

Cela ne va pourtant pas couper nos efforts que nous allons poursuivre et même intensifier.

Selon toi, comment évaluer l’attitude du gouvernement grec, de l’Union européenne et des gouvernements européens face au génocide en cours du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie par l’État israélien ?

Le gouvernement grec a jusqu’à présent soutenu Israël et le génocide qu’il commet contre le peuple palestinien. Il entretient des relations stratégiques, militaires et économiques étroites avec Israël. De fait, Mitsotakis est le plus proche allié du criminel de guerre Netanyahou.

Cette politique ne correspond pas à la volonté des travailleurs et du peuple grec.

Avec diverses variations, c’est la même politique suivie par la plupart des gouvernements européens qui donnent l’immunité à Israël, à la guerre génocidaire et au nettoyage ethnique qu’il tente en Palestine.

Il est clair que notre pression sur notre gouvernement doit être intensifiée et, plus important encore, le mouvement de solidarité doit être élargi à des mobilisations populaires avec les travailleurs et la jeunesse.

Ce combat doit continuer de pouvoir converger, s’unifier pour être le plus puissant possible. De ce point de vue, les forces qui choisissent de leur propre chef de diviser systématiquement le mouvement de solidarité ne rendent pas service au peuple palestinien.

Propos recueillis par Litsa Frydas