Aider à briser le mur du silence

Partout les voix s'élèvent contre la censure du gouvernement (et d'autres...), pour exiger le cessez-le-feu immédiat et définitif, et de la levée inconditionnelle du blocus génocidaire contre Gaza.

A Lyon, le 13 janvier (correspondant)
Par Philippe Navarro
Publié le 17 janvier 2024
Temps de lecture : 4 minutes

On lira avec attention les informations publiées dans cette page. D’une part parce que, vous n’êtes pas sûrs de les retrouver ailleurs, comme le fait très justement remarquer le communiqué des syndicats CGT et SNJ CGT de France Télévision, à propos du « traitement » réservé par la chaîne à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël à la Cour internationale de justice. D’autre part, parce qu’elles témoignent de la volonté des milliers et des milliers de travailleurs et jeunes, et des organisations, qui essaient de pallier aux « absences » du mouvement ouvrier officiel, de ne rien lâcher, d’occuper tous les terrains possibles :

– au compte de la défense de la population palestinienne, sous le feu de la politique criminelle d’Israël couverte par les grands de ce monde : Biden, Scholz, Sunak, Macron, etc. ;

– au compte de l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat et définitif, et de la levée inconditionnelle du blocus génocidaire.

Comme le soulève la lettre adoptée par acclamations par les manifestants ce samedi 13 janvier à Lyon, l’empathie est très souvent, parmi les grands de ce monde et leurs médias à la botte, « non universelle pour le genre humain, à géométrie variable ».

Combien de temps pensent-ils tenir comme cela ?

Ainsi le comité Palestine de Marseille s’est-il invité aux vœux du maire. Couvert par les slogans : « un seul vœu, cessez-le-feu !  » ou « Gaza, Gaza, Marseille est avec toi !  », le discours du maire a dû être interrompu… Mais comme son collègue de Lyon, courageusement il se refuse à répondre à l’interpellation. Combien de temps pensent-ils tenir comme cela ?

Si les institutions, et donc les mœurs politiques de la V e  République, sont particulières, une correspondance venue de Grande-Bretagne nous informe que « Scotland Yard, après s’être refusée à suivre la demande du Premier ministre d’interdire les manifestations pro-palestiniennes, invite les voyageurs de retour d’Israël ayant assisté à des crimes relevant de la Cour internationale de justice à se faire connaître. A ce jour Scotland Yard a déjà reçu 631 témoignages ! ». Comme quoi… Autant d’informations qui témoignent de la volonté de centaines de milliers de par le monde de briser le mur du silence qui protège Israël et l’autorise à poursuivre ses crimes. Dans ce cadre-là, l’interpellation des gouvernements et autres autorités complices, ne peut que s’amplifier.

Lettre ouverte au maire de Lyon : « Hissez le drapeau de la Palestine »

A l’attention de Grégory Doucet.
Monsieur le maire, le 11 janvier, s’est ouvert un procès pour génocide, engagé par l’Afrique du Sud, devant la Cour internationale de justice. L’État d’Israël, dirigé par un gouvernement d’extrême droite, est mis en cause pour ses crimes depuis plus de 3 mois (…).

L’empathie que vous avez exprimée pour les victimes israéliennes lors de l’attaque du 7 octobre vous a amené à faire hisser le drapeau israélien sur le fronton de notre hôtel de ville de Lyon.

1 290 victimes israéliennes, dont 817 civiles, ont péri le 7 octobre, ce sont 1 290 victimes de trop. Mais les drames n’ont pas commencé le 7 octobre et ne se sont pas arrêtés à cette date. Doit-on rappeler le très lourd tribut supporté par le peuple palestinien depuis 75 ans ?

Alors que les assassinats de civils palestiniens continuent quotidiennement depuis près de 100 jours, vous n’avez, en tant que maire, exprimé aucune empathie à l’égard des victimes palestiniennes, de Gaza mais aussi de Cisjordanie. Votre silence est assourdissant face au drame en cours. Votre empathie est-elle à géométrie variable, non universelle à l’égard de tous les humains ?

30 000 vies palestiniennes n’ont-elles pas droit à être reconnues ? Notre valeur de fraternité n’est-elle pas universelle ?

Il y a un an, vous avez fait le choix d’annuler un simple colloque de bilan des accords d’Oslo. À cette occasion vous avez cédé aux menaces et insultes des soutiens inconditionnels d’Israël, utilisant le rayon paralysant de l’antisémitisme. Un an plus tard êtes-vous toujours paralysé, donnant ainsi raison aux méthodes employées par les thuriféraires d’un Etat génocidaire ? Nous vous demandons instamment, en tant que citoyennes et citoyens lyonnais, de faire hisser, à titre de soutien et en hommage aux trop nombreuses victimes palestiniennes, le drapeau de la Palestine au fronton de l’hôtel de ville de Lyon.

Recevez, Monsieur le maire, nos salutations républicaines.

Le 13 janvier 2024

Collectif 69 de soutien au peuple palestinien, Jérôme Faÿnel, président,

Premiers cosignataires : Malika Benarab Attou, ex-eurodéputée ; Lila Mami, militante ; Tammouz Al Douri, avocat ; Irène Goldstein, militante associative Nacer Hamzaoui, chercheur retraité ; Touriya Fili-Tullon, maître de conférence ; Bachir Hadji, plasticien ; Nadia Mezhoud, consultante RH ; Hadda Djaber, metteuse en scène.

Les voeux bousculés du maire de Marseille

Le comité Palestine des Bouches-du-Rhône avait appelé à se rassembler le 13 janvier, au matin, journée internationale pour le cessez-le-feu à Gaza, devant la mairie de Marseille alors que le maire avait prévu de présenter ses vœux pour 2024.

Etaient présents des militants syndicalistes et des insoumis, des jeunes. Le maire, Benoît Payan, a toujours refusé de répondre à la demande des députés LFI, Sébastien Delogu et Manuel Bompard, de hisser un drapeau palestinien sur le fronton de la mairie. On reprenait le mot d’ordre : « Un seul vœu ! Cessez le feu !  »

M. Payan n’a pu faire le discours prévu et a dû se contenter de quelques phrases sur l’amour et le bonheur à Marseille… Ce à quoi, on scandait : « Gaza, Gaza, Marseille est avec toi.  » On brandissait sur la place et dans la rue, le drapeau palestinien interdit de façade municipale. Autre mot d’ordre entendu : « Stop au jumelage (Marseille-Haïfa) – Stop au génocide (à Gaza) ». Une partie des slogans était lancée en anglais pour les touristes de tous les coins du monde. Le comité a relayé l’appel du député LFI Thomas Portes contre l’impunité des Français ayant participé aux crimes israéliens. Le rassemblement s’est terminé par l’appel à rejoindre le lendemain, 14 janvier, à 14 heures, porte d’Aix, la manifestation pour le retrait de la loi immigration, manifestation qui comprendra également un cortège pour le cessez-le-feu à Gaza.

Correspondant

« Israël / Gaza : sommes-nous bien informés ? »

Communiqué des syndicats CGT et SNJ-CGT de France Télévisions (15 janvier, extraits)

« Un jugement de portée historique est en train de se dérouler à La Haye aux Pays-Bas, et les téléspectateurs de France 2 n’en sauront rien. Les audiences de la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction des Nations unies, ont débuté jeudi 11 janvier pour statuer sur la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël, qu’elle accuse de génocide contre les Palestiniens à Gaza.

(…) Dans les JT de France 2, pas un mot, pas un off sur le défi lancé par l’Afrique du Sud à l’Etat d’Israël. (…)  Peut-être que par son silence sur ce litige devant la plus haute cour de l’Onu, France 2 veut signifier, à l’instar des gouvernements occidentaux, qu’elle considère l’action de l’Afrique du Sud sans fondement. Hélas ! nos professionnels de l’info, à la tête du 20 Heures et du 13 Heures, ne mesurent pas l’enjeu que constitue cette plainte pour la paix dans le monde, quel qu’en soit le résultat (…). »