Mélenchon et la Chine

Quel tintamarre, quels cris d’orfraie ! Voilà t’y pas que Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Il n’y a qu’une seule Chine, et Taïwan fait partie de la Chine.» Concert de protestations, déclarations indignées des « démocrates » de tout poil pour qui Taïwan est devenu l’intouchable bastion des libertés et des « valeurs qui sont les nôtres », au premier rang desquelles la « grande démocratie américaine ».

Par Robert Clément
Publié le 7 août 2022
Temps de lecture : 2 minutes

Peut-être faut-il leur rappeler que cette « grande démocratie américaine » avait  engagé tous ses moyens, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pour tenter, sans succès, de faire échec, dans la guerre civile chinoise, à ce qui allait devenir la plus grande révolution prolétarienne du siècle dernier, trente-deux  ans après la  révolution d’Octobre. En 1949, a surgi de cette guerre civile la révolution chinoise victorieuse et le premier Etat ouvrier, après celui de Lénine et de Trotsky en 1917. La « grande démocratie américaine » a subi là une défaite majeure, qui a marqué depuis lors toute l’histoire mondiale.

Faut-il leur rappeler également que Taïwan, dont personne n’avait jusqu’alors, et depuis des siècles, contesté son appartenance à la Chine, n’a été que le refuge de l’armée du Kuomintang, écrasée militairement dans la guerre civile ; et l’abri réservé, sous protection américaine, à son chef contre-révolutionnaire, Tchang-Kaï-chek, dont il n’est pas inutile de rappeler aussi qu’il fut, en 1927 et dans la guerre civile, soutenu indéfectiblement par Staline contre le Parti communiste de Mao-Tsé-toung.

Ceux qui aboient aujourd’hui contre Mélenchon sont les mêmes qui, depuis soixante-dix ans, déplorent la victoire de la révolution chinoise de 1949. Quels qu’aient pu être, depuis lors, les avatars de la révolution chinoise, quelles qu’aient été les déformations monstrueuses provoquées par la gestion bureaucratique du Parti communiste chinois, il n’en reste pas moins que l’Etat né de la victoire des ouvriers et des paysans chinois, cet Etat est toujours là. Et que cette grande révolution a sorti de la misère des centaines de millions de paysans misérables pour en faire le prolétariat le plus puissant numériquement de la planète.

Ceux qui, aujourd’hui, n’ont pas assez de mots pour présenter Taïwan comme le bastion avancé des libertés démocratiques, face au camp des « autocrates et des dictateurs », sont logiquement amenés à réclamer l’indépendance de l’île, ce qui reviendrait à démanteler la nation chinoise et à libérer les forces de dislocation à l’œuvre ailleurs sur le continent, ouvertement soutenues par l’impérialisme américain. Tel était le but de la visite sur place de Nancy Pelosi, très justement qualifiée de « provocation » par Jean-Luc Mélenchon.

D’où, pour y répondre, le considérable déploiement des armées chinoises autour de Taïwan, un quasi-blocus pendant plusieurs jours, anticipant, aux yeux de Biden, la forme que pourrait prendre ce qui n’est pas encore une guerre, mais qui pourrait le devenir. Biden et le Pentagone l’avaient d’ailleurs parfaitement compris, en tentant, sans succès, de s’opposer au voyage de Pelosi.

Oui, Jean-luc Mélenchon a raison :  « Il n’y a qu’une seule Chine » , qui doit être défendue par les travailleurs du monde entier.


Note de la rédaction :  Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a approuvé les propos de Jean-Luc Mélenchon sur la provocation de Nancy Pelosi.