Mobilisation contre la fermeture annoncée de neuf lycées parisiens
Mardi 8 novembre, plusieurs centaines d’enseignants, de personnels et d’élèves de lycées professionnels se sont rassemblés devant le siège de la région Ile-de-France
- Ecole, France
Le 18 octobre dernier, c’est par milliers à l’appel d’une large intersyndicale historique que les enseignants de lycée professionnel (LP) se sont mobilisés, ont fait grève et manifesté pour exiger le retrait du projet de réforme des lycées professionnels. Une réforme par laquelle Macron entend les liquider. A la clé, des milliers de postes d’enseignant supprimés, des sections et des établissements fermés : un véritable « plan social ». Mais les enseignants y tiennent, il en va de leur métier, de leur statut, il en va de la formation et de la réussite de leurs élèves.
A la suite de la grève du 18 octobre, dans les jours qui ont suivi et dès le lundi de la rentrée, la mobilisation s’est poursuivie dans les lycées professionnels. A Paris, la région, de concert avec le rectorat et sous la coupe du ministère, a décidé de fermer sept LP dès la rentrée prochaine. Quatorze autres établissements d’« accueil » connaîtraient une restructuration profonde. Pendant les vacances, l’intersyndicale parisienne se réunit et décide d’appeler à un rassemblement massif devant le siège de la région Ile-de-France à l’occasion d’un Cien exceptionnel (comité interacadémique de l’Education nationale), le 8 novembre, au cours duquel doit être présenté officiellement le programme de fermetures.
Un véritable « plan social »
Dès le lundi de la rentrée, les initiatives se sont multipliées dans les LP parisiens pour préparer le rassemblement. Dans les AG, dans les heures d’information syndicale, les enseignants et personnels expriment leur colère. Les établissements se relient entre eux, échangent informations et initiatives. Ils ne veulent pas laisser passer ce plan de fermetures. Ainsi dans un Lycée du XIIe, Elisa-Lemonnier, qui perdrait son lycée général pour accueillir les classes d’un LP du XVIIIe qui fermerait, la grève : sur les 70 présents, 62 votent la grève, décident de discuter avec leurs élèves et d’aller tous ensemble au rassemblement à la région. Les administratifs s’y joignent ainsi que le maire de l’arrondissement et la députée de la Nupes. Plusieurs LP annoncent leur participation au rassemblement.
Dans la carte des formations de l’académie de Paris transmise aux organisations syndicales la veille du Cien, la région annonce d’ores et déjà la fermeture de deux autres établissements, Rabelais et Monod, à la rentrée 2024 : une véritable provocation ! Aussitôt informés, les enseignants du lycée Monod convoquent une AG.
Mardi 8 novembre, plusieurs centaines d’enseignants, de personnels et d’élèves de LP se rassemblent devant le siège de la région Ile-de-France à l’occasion de la tenue du Cien.
Des députés de la Nupes sont présents ainsi que des élus régionaux. Les manifestants scandent : « Maintien, maintien de tous les lycées ».
Le ministre doit maintenant répondre
En séance, le vice-président à l’enseignement veut empêcher la lecture de la déclaration intersyndicale. Mais les représentants syndicaux se lèvent et l’imposent quand même (voir ci-contre). L’intersyndicale présente un vœu au vote : aucune fermeture de lycée, aucune fermeture de poste, aucun transfert, aucune fermeture de section ni de formation, rénovation de tous les lycées qui le nécessitent. Ils sont votés à l’unanimité (moins un contre).
Dans l’après-midi, une assemblée générale rassemble une centaine de collègues (13 lycées représentés) déterminés à en découdre.
« Au CIEN, l’administration ne nous a donné aucune réponse concrète, témoigne Delphine Castaing, représentante de la Fnec-FP FO au Cien. Elle maintient toutes les fermetures et prétend qu’il n’y aura pas de baisse de l’offre de formation ni de baisse de la capacité d’accueil. Ils se fichent de nos arguments. Les fermetures sont décidées, seul le rapport de force, le blocage des établissements les fera reculer. A nous de tenir des assemblées générales partout pour décider des moyens pour obtenir le retrait de ce plan de fermetures. Pourquoi pas aller au ministère ? Le ministre Ndiaye doit maintenant nous répondre. »
Des assemblées générales sont d’ores et déjà programmées mercredi 9 novembre.
(Le Snetaa-FO, syndicat majoritaire des professeurs de lycée professionnel, appelle à une manifestation nationale à Paris samedi 19 novembre pour le retrait de la réforme Macron. Des unions départementales FO ont d’ores et déjà indiqué qu’elles y participeraient pour défendre le droit à la qualification, aux diplômes nationaux, pour le droit des lycéens à choisir leur avenir.)
Déclaration préalable unitaire des syndicats (CGT, FO, FSU, CFDT Snalc, Sud, Unsa) au conseil interacadémique de l’Education nationale (Cien) du 8 novembre 2022“Avec stupéfaction, les personnels de sept lycées parisiens ont appris que leur établissement allait fermer. C’est un fait inédit, d’une ampleur et d’une brutalité inégalées. Ce projet s’est mené dans le plus grand secret entre la région Ile-de-France et le rectorat de Paris. Et alors que ces menaces de fermeture des lycées parisiens interviennent dans un contexte explosif : celui du projet de réforme Macron de la voie professionnelle, projet qui est très largement refusé par les personnels et leurs organisations syndicales ainsi qu’en témoigne l’ampleur de la grève du 18 octobre et les milliers de manifestant·e·s à Paris le même jour. Sept lycées sont menacés de fermeture (…). Ces fermetures/transferts affecteraient 14 autres lycées de Paris qui eux aussi n’ont pas été consultés. Révoltés par ces projets de fermeture, ces établissements se sont aussitôt mobilisés et les personnels sont aujourd’hui en grève et présents ce matin devant le siège de la région Ile-de-France pour ce Cien.
Nous exigeons qu’il n’y ait aucune fermeture de lycée, aucun transfert, aucune suppression de poste avec le maintien de tous les personnels, aucune suppression de formation, de section, de capacité d’accueil et enfin la rénovation de tous les établissements qui le nécessitent. Cette opération n’a qu’un seul objectif : faire des économies au détriment des élèves et des personnels. |