Ils ont signé l’appel « Halte à la guerre ! »
La parole à : Joao Vasconcelos, enseignant, ancien député du Bloc de gauche (Portugal) ; Boas Erez, mathématicien, ex-recteur de l’université de la Suisse italienne (USI) (Suisse) ; Alejo Patiño, secrétaire syndical Unia Industrie (Suisse).
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Le texte de l’appel « Halte à la guerre » est consultable ici
Joao Vasconcelos, enseignant, ancien député du Bloc de gauche : « La lutte mondiale contre la guerre doit être intensifiée »
« Avec la guerre en Ukraine, le monde va cesser d’être ce qu’il était jusqu’à présent. La nouvelle Russie impériale de Poutine est en train de profiter de la crise de domination de l’impérialisme nord-américain dont le dernier acte a été la défaite des Etats-Unis et de l’Otan en Afghanistan, durant l’été 2021, préfigurant le passage à une nouvelle étape de la crise de domination politique de l’impérialisme. Maintenant, il ne s’agit pas d’une guerre d’idéologies, mais d’intérêts, de la nécessité d’accéder à un gâteau planétaire, exigeant la totalité de la partie coloniale, tandis que l’autre partie prétend également y accéder, ce qui se traduira par l’affrontement entre unipolarité et multipolarité et que la Chine ne tardera pas à rejoindre.
Le moment que traverse le monde représente une rupture violente avec le passé récent, dont le pouvoir se présentait tendanciellement mondialiste. Au fond, il représente la rupture de l’unipolarité USA/Otan/UE à travers l’ascension de deux autres puissances, deux nouveaux impérialismes, le russe et le chinois, de plus en plus forts et capables de rivaliser dans la lutte pour les matières premières, les voies de communication et les mécanismes d’intégration régionaux et même continentaux, et de développement technologique et militaire.
D’un autre côté, s’impose le retrait du Portugal de l’Otan et sa dissolution, considérée comme le bras armé de la guerre de l’impérialisme nord-américain et de ses satellites canadien et européens.
Contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, l’Otan n’est nullement une organisation défensive. Pour preuve, ses interventions offensives qui ont provoqué la destruction et la mort en ex-Yougoslavie, Afghanistan, Irak et Libye. L’Otan ne représente pas une issue pour les peuples. Le peuple ukrainien a été pris en otage entre l’Otan et Poutine.
Espérons que l’invasion et la guerre en Ukraine se terminent rapidement et qu’elles ne soient pas le prélude à la IIIe Guerre mondiale, avec des conséquences inimaginables. Dans le moment présent, ce qui s’impose c’est l’arrêt des bombardements et le retrait immédiat des troupes russes de l’Ukraine. Il faut intensifier la lutte globale contre la guerre que l’impérialisme génère, il faut promouvoir la fraternité entre les peuples. »
(publié dans O Militante Socialista no 164, 20 décembre 2022)
Boas Erez, mathématicien, ex-recteur de l’université de la Suisse italienne (USI) (Suisse)
« J’ai signé l’appel parce que je pense qu’il traduit bien l’idée simple qu’il faut arrêter les combats armés et la tuerie en Ukraine. Il faut de suite un cessez-le-feu pour reprendre les discussions sans que d’autres vies soient sacrifiées et que d’autres dégâts irréversibles soient occasionnés. Il faut empêcher le plus rapidement possible que ceux qui profitent de ce conflit continuent de s’enrichir. J’aime le refrain de ce tube de la fin des années 1960 : All we are saying is give peace a chance ! »
Alejo Patiño, secrétaire syndical Unia Industrie (Suisse) : « D’où qu’ils viennent, les êtres humains victimes des guerres méritent toutes et tous le même soutien et la même solidarité »
« J’ai signé cet appel, car je m’oppose à toute guerre entre les peuples, que ça soit en Europe, au Yémen, en Somalie, au Rojava, en Irak ou en Syrie, ou meurent des milliers de travailleurs-euses sous les bombes des différents belligérants.
L’attitude inique de l’Europe face aux réfugiés afghans ou syriens me glace d’autant plus au moment où cette même Europe ouvre, heureusement sans réserve, ses frontières pour une grande partie des réfugiés venus d’Ukraine.
Je me souviens aussi des milliers de réfugiés du Moyen-Orient, et d’ailleurs, établis depuis des années dans des camps en Ukraine et d’autres pays, et m’inquiète que ces réfugiés de guerres plus lointaines soient laissés dans ces camps dans des conditions parfois inhumaines. Je souhaite la même solidarité et la même préoccupation internationale pour ces femmes, ces enfants et ces hommes. D’où qu’ils viennent, les êtres humains victimes des guerres méritent toutes et tous le même soutien et la même solidarité.
Je signe l’appel car ma solidarité va également au peuple russe qui se trouve soumis au gouvernement autocrate, corrompu et mafieux de Poutine depuis trop longtemps.
Les sanctions internationales qui impacteront essentiellement la population civile n’arrangeront rien. D’autres solutions que des sanctions internationales, qui épargnent bien souvent les oligarques mafieux ou les banques liées au gaz russe, doivent être trouvées.
Je signe l’appel car la politique expansionniste et belliqueuse de l’Otan depuis de nombreuses années ne contribue pas à une saine cohabitation entre les peuples. Les guerres n’ont que peu à voir avec la démocratie.
Elles ont à voir avec le contrôle des énergies fossiles et leur acheminement, ainsi qu’aux compétitions géopolitiques d’impérialismes de tout bord et vendeurs d’armes à qui peu importent la démocratie et la paix. La solution, et la paix de cette guerre, ne passeront pas par un réarmement général ou l’envoi supplémentaire d’armes dans des zones en conflit. Envoi d’armes qui, par ailleurs, bénéficie exclusivement aux multinationales d’armes et de mort qui se frottent les mains, et qui ne changera pas les rapports des forces en conflit.
Nous ne retrouverons la paix que par le dialogue, la négociation, la voie diplomatique et le respect mutuel. »