A Berlin, grand rassemblement contre la guerre le 25 février

Sahra Wagenknecht et Alice Schwarzer ont lancé, le 10 février, un « Manifeste pour la paix » (que nous publions) qui rencontre un écho très important : 500 000 signatures ont déjà été réalisées malgré le déchaînement médiatique hostile. Les signatures s’enregistrent au rythme d’environ 1 par seconde.

Sarah Wagenknecht, députée Die Linke et Alice Schwarzer, écrivaine et militante du droit des femmes.
Par Appel
Publié le 19 février 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Sahra Wagenknecht est députée au Bundestag (Parlement allemand). Dès le début de la guerre, elle s’est opposée à l’escalade militaire et aux 100 milliards supplémentaires pour la guerre décidés par le Premier ministre Scholz. Le combat de Wagenknecht contre la guerre, contre les sanctions vis à vis de la Russie – entraînant pénuries d’énergie, hausses des prix, mise à l’arrêt d’usines et enrichissement des oligarques russes – lui vaut des attaques déchaînées de toutes parts, des médias, du SPD, des Verts, de la droite et de la direction de son propre parti (Die Linke).

Alice Schwarzer est une écrivaine, militante pour les droits des femmes parmi les plus connues en Allemagne.

Sahra Wagenknecht, avec le large courant qui se constitue dans et hors de Die Linke sur des positions proches, appelle à un grand rassemblement contre la guerre, le samedi 25 février, devant la porte de Brandebourg, au cœur de Berlin. Vu l’ampleur du rejet de la guerre, cet appel à un rassemblement s’est maintenant transformé en un appel à une manifestation nationale, avec affrètement de cars dans tout le pays.

Le succès du « Manifeste pour la paix » exprime le puissant rejet de la guerre en Allemagne, lié de plus en plus au rejet de toute la politique de Scholz. Le samedi 4 mars, une conférence se tiendra à Berlin avec des militants ouvriers et syndicalistes, alliant combat contre la guerre et combat contre la guerre sociale, nous y reviendrons.

« Manifeste pour la paix »

Aujourd’hui, c’est le 352e jour de guerre en Ukraine. Plus de 200 000 soldats et 50 000 civils ont été tués jusqu’à présent. Des femmes ont été violées, des enfants ont été effrayés, tout un peuple a été traumatisé. Si les combats continuent ainsi, l’Ukraine sera bientôt un pays dépeuplé et détruit. Et de nombreuses personnes dans toute l’Europe ont également peur d’une extension de la guerre. Ils craignent pour leur avenir et celui de leurs enfants.

La population ukrainienne, brutalement envahie par la Russie, a besoin de notre solidarité.

Mais qu’est-ce qui serait solidaire maintenant ? Combien de temps encore faut-il se battre et mourir sur le champ de bataille ukrainien ? Et quel est aujourd’hui, un an après, l’objectif de cette guerre ? La ministre allemande des Affaires étrangères a récemment évoqué le fait que « nous »  menions une « guerre contre la Russie ». Sans rire  ?

Le président Zelensky ne fait pas mystère de son objectif. Après les chars promis, il exige désormais des avions de combat, des missiles à longue portée et des navires de guerre – pour vaincre la Russie sur toute la ligne ? 

Combien de lignes rouges ?

Le chancelier allemand assure encore qu’il ne veut pas envoyer d’avions de combat ni de « troupes au sol ». Mais combien de « lignes rouges » ont déjà été franchies ces derniers mois ?

Il est à craindre que Poutine ne lance une contre-attaque maximale au plus tard lors d’une attaque contre la Crimée. Sommes-nous alors inexorablement entraînés sur une pente glissante vers la guerre mondiale et la guerre nucléaire ? Ce ne serait pas la première grande guerre à avoir commencé ainsi. Mais ce serait peut-être la dernière.

L’Ukraine, soutenue par l’Occident, peut certes gagner quelques batailles. Mais elle ne peut pas gagner une guerre contre la plus grande puissance nucléaire du monde. C’est également ce que dit le plus haut responsable militaire des Etats-Unis, le général Milley. Il parle d’une impasse dans laquelle aucun camp ne peut l’emporter militairement et où la guerre ne peut prendre fin qu’à la table des négociations. Alors pourquoi pas maintenant ? Tout de suite !

Négocier ne signifie pas capituler. Négocier signifie faire des compromis, des deux côtés. Avec pour objectif d’éviter des centaines de milliers de morts supplémentaires et pire encore. C’est ce que nous pensons aussi, c’est ce que pense aussi la moitié de la population allemande. Il est temps de nous écouter !

Nous, citoyens allemands, ne pouvons pas agir directement sur l’Amérique et la Russie ou sur nos voisins européens. Mais nous pouvons et devons mettre notre gouvernement et le chancelier face à leurs responsabilités et lui rappeler son serment : « Eviter les dommages au peuple allemand ».

Nous demandons au chancelier de mettre un terme à l’escalade des livraisons d’armes. Maintenant ! Il devrait prendre la tête d’une alliance forte aux niveaux allemand et européen pour un cessez-le-feu et des négociations de paix. Maintenant ! Car chaque jour perdu coûte jusqu’à 1 000 vies supplémentaires – et nous rapproche d’une troisième guerre mondiale.

Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht