15 mai, Versailles bunkerisé, les militants déterminés

Vingt-huitième jour des 100 jours de Macron et de « l’apaisement ». Ce lundi 15 mai, il se rend à Versailles. A l’appel de l’intersyndicale des Yvelines, plusieurs centaines de personnes attendent de pied ferme le président. Un reportage de notre correspondant.

Manifestation à l’appel de l’intersyndicale des Yvelines (photo correspondant).
Par correspondant
Publié le 18 mai 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Le château de Versailles et les quartiers alentour sont totalement bunkérisés par un délirant dispositif répressif. La préfecture de Versailles a pris un arrêté pour utiliser des drones policiers dans un large périmètre autour du château de Versailles où Macron reçoit plus de 200 patrons de multinationales, accompagné de 28 ministres.

Des hélicoptères sillonnent le ciel versaillais. Visiblement, Macron n’a pas trop envie qu’on vienne le chercher.

Il faut dire que l’enjeu est de taille pour le président au service du capital financier. Derrière les investissements, comme ceux pour un montant total de 13 milliards d’euros qui ont été annoncés, « il y a des mois et des mois de négociations », a expliqué Bruno Le Maire.

« Je suis très impressionné par l’accueil réservé par le président Macron et le gouvernement français à l’industrie », a lancé Elon Musk, le deuxième homme le plus riche du monde derrière le Français Bernard Arnault, aux journalistes, à la fin d’un échange avec le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.

Sa Majesté Macron tente de tourner la page des retraites. Oui mais voilà, à un kilomètre du château, c’est encore un rassemblement significatif qui se tient sur le parvis de la gare des Chantiers à l’appel de l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-FSU-Solidaires et Union étudiante des Yvelines.

Pas évident de se rendre au rassemblement, les policiers de la Bac contrôlent tout ce qui bouge. Mais on est là et bien là, déterminés comme jamais à ne rien lâcher, comme les milliers qui manifestent à chaque passage de Macron, de ses ministres ou de ses députés depuis près d’un mois.

Président monarque… « On ne passera pas à autre chose »

Dans un communiqué intitulé « Un président ou un monarque ? », les organisations syndicales et étudiante fustigent : « Ce lundi 15 mai, le président Macron, après un séjour britannique où il a pu saluer le roi d’Angleterre, a décidé de convier les grands patrons au… château de Versailles ! (…)

Après maintenant quatre mois de lutte des travailleurs, ce président, qui veut toujours imposer par la force la casse de nos retraites afin de servir les intérêts financiers des grands groupes, toujours plus avides, vient se mettre en scène entouré des grands patrons.

Cette loi est pourtant injuste et injustifiée, rejetée par une large majorité de la population, adoptée sans vote à l’aide de toutes les manœuvres constitutionnelles possibles, et donc rendue absolument illégitime. » L’intersyndicale « exige du président, bras armé de Medef, l’abrogation de cette loi illégitime, tant sur le fond que sur la forme ».

Matthieu Bolle-Rédat, secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Versailles, présent dans la manifestation et interviewé par BFMTV, interpelle Macron : « Tant qu’il n’y aura pas de retrait, le président Macron, ses ministres et ses députés de la minorité présidentielle seront contestés, hués, “casserolés” et il y aura des manifestations. On ira jusqu’au retrait, on ne passera pas à autre chose. »

Décidément, la classe ouvrière ne s’avoue pas vaincue, loin de là.

Selon le dernier sondage Elabe/BFMTV :

– 57 % des Français ne jugent « pas crédible » la baisse des impôts pour les classes moyennes ;

– 62 % (+ 2 points) souhaitent que la mobilisation contre la réforme des retraites continue ;

– 69 % des Français estiment que la réélection d’Emmanuel Macron a été « une mauvaise chose pour le pays » ;

– pour 68 % des Français, le qualificatif « méprisant » s’applique bien au chef de l’Etat.