A la veille de la rentrée universitaire… Macron veut aller plus loin dans la sélection

Face au youtubeur Hugo Travers, Emmanuel Macron a tiré à boulet rouge sur les universités, une « forme de gâchis collectif  », estimant que, «  avec leur budget,  [les universités devraient] faire beaucoup mieux  ».

Manifestation des enseignants et des étudiants de STAPS devant le rectorat, le 18 septembre à Rouen, (Photo correspondant).
Par Rosalie Albani
Publié le 23 septembre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Selon Macron, il existe « des formations qui ne diplôment pas depuis des années » et d’autres qui se maintiennent « simplement pour préserver des postes d’enseignant ». Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a salué ces propos, sommant les universités de puiser dans leurs économies, « un argent public qui dort ». Confirmant donc que les universités allaient être prélevées pour financer les mesures salariales dans la fonction publique !`

Dans sa lettre Flash du 14 septembre, le syndicat Snesup-FSU condamne les propos de Macron : « Alors que les conditions de rentrée sont particulièrement difficiles tant pour les personnels que pour des étudiants·es frappé·es par une pauvreté croissante, le président de la République s’est lancé dans une intervention à charge contre l’Université et ses personnels. Usant de provocations, de mensonges et d’amalgames méprisants, il a confirmé son projet éducatif étriqué dans lequel l’Université est reléguée à un rôle subalterne, au service exclusif des besoins économiques, et l’enseignement supérieur délégué au secteur privé. Ce discours révèle le projet politique cynique du gouvernement pour la jeunesse ».

Avancer encore vers le modèle privé et marchand des universités

Qu’entend Macron lorsqu’il dit que les universités doivent « faire beaucoup mieux »  ? Accueillir tous les étudiants ? Non ! Il s’agit d’avancer encore vers le modèle privé et marchand des universités et de leur mise en concurrence.

C’est l’université du classement de Shanghai, salué par Macron fin août, celle qui sélectionne pour répondre aux attentes du marché du savoir et de la connaissance. L’objectif pour Macron : chasser encore plus de jeunes de la fac. Avec ParcourSup, ce sont des dizaines de milliers d’étudiants auxquels on refuse l’accès à l’université ou au 2 e cycle de l’enseignement universitaire. Un premier barrage en quelque sorte : ce sont près de 90 000 bacheliers chaque année qui n’ont accès à aucune formation universitaire, sans compter tous ceux qui n’ont pu accéder à celle qu’ils souhaitaient. Avec la nouvelle plateforme Mon Master, il s’agit d’aller plus loin encore en empêchant des étudiants titulaires de la licence d’accéder au master de leur choix !

Au moins 25 000 étudiants sans place en Master

Les derniers chiffres publiés montrent que, sur les quelque 170 000 étudiants concernés, environ 25 000, soit 15 %, n’ont eu aucune proposition. Et comme avec ParcourSup certains n’ont pas obtenu ce qu’ils avaient demandé. Pour le syndicat FO ESR : « Le service public universitaire est de moins en moins public, il est progressivement transformé en une machine à exclure, à rendre la vie de centaines de milliers de jeunes encore plus difficile, à fournir aussi de nouveaux clients aux établissements d’enseignement supérieur privé, secteur économique en croissance fulgurante. La “sélection” nourrit donc la privatisation » (tract de rentrée du 7 septembre). Mardi 19 septembre, des syndicats étudiants et des organisations de jeunesse appellent à un rassemblement devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour défendre « le droit d’étudier » contre la logique de sélection à l’œuvre avec ParcourSup et Mon Master.

 

ParcourSup : Des milliers de bacheliers toujours sans affectation !

Début juillet, L’Etudiant estimait que 77 000 bacheliers étaient sans affectation. C’est le cas de la jeune Sirine, 19 ans dont la situation est évoquée par France 3 Île-de-France le 15 septembre. « J’ai formulé le nombre de vœux maximum dans la première phase, soit dix vœux. Mais j’ai été soit refusée, soit mise sur liste d’attente. J’ai reformulé dix autres vœux lors de la phase complémentaire, et là encore je n’ai rien eu. » Une situation incompréhensible pour cette bonne élève qui a obtenu la mention assez bien au bac. « J’ai étudié, j’ai obtenu des bonnes notes, je me suis donnée à fond pour au final, n’être affectée nulle part. Lors de la phase complémentaire, j’ai élargi mes choix en demandant des licences de langues, de lettres et même de philosophie pour ne pas avoir à partir loin. Je voudrais vraiment rester près de chez moi » , confie-t-elle, inquiète. « J’ai des camarades qui voulaient faire du droit, ils se retrouvent à faire de la physique chimie juste pour pouvoir rester en Ile-de-France. » ParcourSup, la machine à trier les bacheliers pour au final les empêcher d’accéder à la filière universitaire de leur choix.