Le « changement culturel » promis par Benyamin Netanyahou à Gaza
« Il est nécessaire d’opérer à Gaza un changement culturel similaire à celui qui s’est produit en Allemagne ou au Japon », a déclaré sur une radio israélienne, le 18 novembre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
- Palestine

Voici le « changement culturel » que les bombardiers des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne ont opéré en Allemagne et au Japon, entre 1943 et 1945.
Hambourg
En juillet 1943, pendant huit jours et sept nuits, des centaines de bombardiers britanniques ont participé au bombardement de Hambourg, appelé opération Gomorrhe, du nom de la ville détruite dans la Bible. Netanyahou n’a pas l’originalité de l’inspiration biblique ! Le National Geographic du 27 juillet 2021 résume : « Une tempête de feu sans précédent s’empara de la ville. Les vents atteignirent 270 km/h et le mercure monta jusqu’à 750 °C, au bas mot ; assez pour faire fondre le verre et l’asphalte. L’air s’élevant rapidement nourrissait un afflux d’oxygène frais, qui venait à son tour attiser le feu. L’oxygène était littéralement aspiré depuis les sous-sols et les abris anti-aérien et remplacé par du monoxyde de carbone et de la fumée qui asphyxiaient les habitants (…). Dans les sous-sols et dans les abris anti-aériens, les corps se désintégraient tout simplement en cendres. Cette tempête hurlante propulsait des volutes de fumée à 6 000 m d’altitude ; selon les pilotes de la RAF, on pouvait sentir dans les cieux l’odeur de la chair brûlée. »
Dresde
Des centaines de milliers de réfugiés allemands fuyant les combats étaient arrivés dans la ville, surnommée la Florence de l’Elbe, en raison de son patrimoine artistique et culturel. Le 13 février 1945, l’aviation britannique lance une attaque sur la ville. Dans les jours qui suivirent, ils larguèrent, avec leurs alliés américains, près de 4 000 t de bombes. La tempête de feu qui s’ensuivit tua 25 000 personnes, ravageant le centre-ville, aspirant l’oxygène de l’air et étouffant les gens qui tentaient d’échapper aux flammes. Rappelons qu’une tempête de feu ou ouragan de feu est un incendie atteignant une telle intensité qu’il engendre et maintient son propre système de vents. Le phénomène est naturel quand il s’agit des grands incendies. Ici, il est créé par la chaleur du bombardement.
Tokyo
Le raid qui eut lieu la nuit du 9 au 10 mars fut le plus meurtrier des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, dépassant en nombre de victimes les bombardements de Hambourg en juillet 1943 ou de Dresde en février 1945. Cette nuit-là, 334 B-29 larguèrent 1 700 t de bombes, détruisant environ 30 km2, soit le tiers de la ville, et causant plus de 100 000 morts dans la tempête de feu. Sous l’effet du vent, les maisons, dont la plupart sont en bois, s’embrasent instantanément. Beaucoup d’habitants meurent carbonisés.
Hiroshima
Ce dernier exemple est plus connu, hélas. 6 août 1945, à 8 h 15 du matin, dans le calme du matin, c’est l’explosion de la première bombe atomique hors essais. 140 000 habitants d’Hiroshima, soit environ 40 % de la population de la ville, sont tués soit directement, soit dans l’année qui a suivi. Le nombre de morts va continuer tout au long des années suivantes, notamment à cause des radiations atomiques. La ville n’avait aucune importance militaire. Au moins autant que le Japon, il s’agissait d’impressionner l’URSS. Voilà « le changement culturel » que réclame Netanyahou.