« Le combat pour une organisation écologique de la société se confond avec la lutte pour la révolution »

Le 11 novembre dernier, les jeunes de la section française de la IVe Internationale organisaient une discussion sur le rapport qu’entretient le capital avec la nature ainsi que des perspectives écologiques possibles.

Par Adrian et Hugo, Benjamin
Publié le 10 décembre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Après une introduction sur le « capitalisme vert », les problèmes complexes de la production d’énergie, le rapport entre le capital, la production et la consommation, une discussion s’est engagée.

Si certains défendent que le capitalisme puisse orienter ses capitaux vers une production prenant en compte le fonctionnement du vivant, à l’image des verts et de leur soutien au « capitalisme vert », les travaux scientifiques et les luttes citoyennes permettent d’en douter.

L’électrification « écologique » des véhicules, par exemple, est un vecteur certain de destruction de l’environnement et de pollution, depuis l’extraction des terres rares (par ailleurs extraits dans des conditions abjectes, souvent par des enfants sans aucune protection, ni sécurité des infrastructures) jusqu’au montage des batteries.

Par exemple, Panasonic a récemment créé une nouvelle usine de batteries dans le Kansas de 370 000 m2, avec 6, 8 milliards de subventions de l’État américain. Celle-ci consomme tellement d’énergie qu’elle devra être alimentée en électricité par une… centrale à charbon !

Si des solutions existent pour diminuer voire inverser la tendance des rejets de polluants, de gaz à effet de serre (GES) ou de la destruction des écosystèmes, elles se heurtent à chaque fois au mur de l’exigence capitaliste, celle d’un retour sur investissement économique rapide et maximisé pour pouvoir le réinvestir et continuer d’accumuler du capital.

L’obstacle de la rentabilité

Ainsi dans le domaine aérien, des recherches scientifiques ont permis de développer des carburants issus du recyclage d’huiles usagées. Ces carburants pourraient réduire très significativement les émissions de GES. Toutefois, son utilisation représente 0,1 % du carburant d’aviation et ne devrait atteindre seulement 4 % d’ici 2030… L’unique raison d’absence de généralisation de son utilisation étant son coût, 4 ou 5 fois supérieur aux autres carburants classiques. Il n’est pas rentable pour les compagnies aériennes, sauf à augmenter le prix des billets et à perdre des parts de marché face aux concurrents.

Cette promotion du capitalisme vert, sans qu’il n’apporte de réelles solutions à la crise écologique ou au réchauffement climatique, permet en revanche de réorienter des subventions publiques considérables pour soutenir le développement de ce marché et garantir une rentabilité pour les entreprises.

Avec le secteur de l’armement, ce sont les principaux secteurs qui ambitionnent de porter la croissance du capital dans un monde financiarisé qui ne s’est toujours pas relevé de la crise de 2008 et dont les taux d’endettement ont atteint des nouveaux records, limitant les marges d’emprunt des États.

Les fonds publics servant à financer la « défense » et « l’écologie », sont pris sur les services publics de base comme la santé, l’éducation, ou encore l’université et la recherche (qui permettrait, elle, de comprendre comment mieux agir avec la nature et non pas contre elle).

Le « capitalisme vert » n’existe pas

Cette manne d’argent public est directement offerte aux entreprises capitalistes, pour financer leur transition et surtout maintenir leurs marges. Le capital dans sa fuite en avant due à ses propres contradictions, exploitera encore davantage les ressources naturelles et l’humanité. Le capitalisme vert n’existe pas !

Cette analyse nous permet toutefois d’ouvrir un champ des possibles considérable. Le combat que nous menons au quotidien pour une organisation écologique de la société se confond avec la nature pour la révolution.

Il ne peut y avoir de politique réellement écologique sans rupture avec le capitalisme et prise du pouvoir.

Les réflexions se sont alors confrontées autour de cette question : quelle organisation de la production sera réellement écologique ? La révolution permettra-t-elle, en elle-même, de résoudre la question de la production écologique ? Faut-il décider de réduire les niveaux de production et de consommation ? Que penser de la décroissance ? Qui/quoi devrait croître ou décroître ? Comment aborder la place des sciences et des techniques ?

Ces apports ont donné lieu à des échanges passionnants, ouvrant la discussion sur le travail collectif à réaliser ensemble. En effet, la jeunesse doit s’organiser afin de pouvoir construire des perspectives d’avenir à notre génération. Le vote majoritaire de la jeunesse française pour le programme de LFI, force de rupture avec le capitalisme et ouvrant la possibilité d’une autre société, matérialise bien cette aspiration de la jeunesse à résoudre réellement les questions écologiques.