« Combattre les institutions antidémocratiques de la Ve République »

Nous publions des extraits de l’intervention faite par Pierre Lambert (1920-2008), dirigeant trotskyste et fondateur de notre journal, lors des journées d’étude sur la Ve République et la démocratie, en 1985.

Meeting avec de Gaulle pour le lancement de la Ve République, le 04 septembre 1958 place de la République à Paris et le président Macron sur son trône, mai 2017. (AFP)
Par Pierre Lambert
Publié le 25 février 2024
Temps de lecture : 8 minutes

Les constitutions, les institutions, sont toujours l’enveloppe institutionnelle de rapports de force entre les classes au niveau de l’Etat. Les institutions sont toujours en correspondance avec la nature de classe de l’Etat. Il y a également la forme politique que prennent ces rapports de force entre les classes, en relation avec la nature de classe de l’Etat, dont les constitutions rendent plus ou moins compte. Sous cet angle, il est clair que si la démocratie peut être qualifiée de bourgeoise, c’est là une forme institutionnelle différente d’un régime fasciste, qui est également bourgeois. Le régime bonapartiste est également bourgeois. Avec les militants, les fondateurs du marxisme, et pas seulement eux, nous savons que nous ne sommes pas indifférents à la forme de l’Etat, même si cet Etat est l’Etat de la classe dominante.

Qu’est-ce que le bonapartisme ?

Quand la classe bourgeoise était classe révolutionnaire, elle disait toujours ce qu’elle était. Jusqu’à la Révolution française et dans la Révolution française, elle a toujours dit, cherché à dire ce qu’elle était. A partir du moment où la bourgeoisie assoit sa domination sur la société, cette société qui engendre la classe qui doit devenir son fossoyeur, à savoir la classe ouvrière, les régimes bourgeois ont toujours manié l’équivoque. L’expression la plus élevée de cette équivoque, c’est le bonapartisme.

Signalons en passant qu’il ne faut pas oublier que Hitler a pris le pouvoir de la manière la plus légale qui soit et qu’il n’a jamais abrogé la Constitution de Weimar. Dans la constitution “démocratique” de Weimar, il y avait toute une série d’éléments bonapartistes. Cependant, il est évident que l’Allemagne de 1919 à 1933 n’est pas l’Allemagne de 1933 à 194511C’est dans la ville de Weimar qu’avait été adoptée la Constitution de la république allemande se substituant au régime impérial. Cela prenait place après l’écrasement de la révolution prolétarienne commencée en 1918..

Bonaparte, le premier du nom, a eu la mission de garantir contre l’Europe féodale les conquêtes bourgeoises de la Révolution. Cela en lutte contre les représentants de l’Ancien Régime, mais également pour leur permettre de s’intégrer à la classe bourgeoise.

Un système politique antidémocratique

Avec Napoléon III, c’est la lutte contre la classe ouvrière, qui nécessitait pour la bourgeoisie le recours à un système politique antidémocratique. La VRépublique a été qualifiée par nous de bonapartiste. Il y a différentes formes de bonapartisme, qui sont le produit de rapports de force particuliers. Il est clair que le bonapartisme de De Gaulle n’est pas celui de Napoléon III, bien que la Constitution de 1958-1962 soit calquée sur la Constitution de Louis-Napoléon Bonaparte12En février 1848, l’action révolutionnaire du peuple (…)


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