« Pas de grève durant les JO ? De qui se moque-t-on ? »
Nous donnons la parole à deux militants syndicaux : Béranger Cernon, militant cheminot CGT à la gare de Lyon (Paris) et Paul Bénard, secrétaire général CGT hôpital Beaujon (92). Ils réagissent pour Informations ouvrières aux propos du ministre des Transports.
- Actualité politique et sociale, JO
Interrogé le 28 février sur France Inter, le ministre délégué aux Transports a affirmé : « Je ne suis pas inquiet (…) Je viens d’une culture ouvrière. Je ne crois pas un seul instant que les ouvriers, les salariés, les syndicats mettront en péril l’image de la France ou de leur entreprise aux yeux du monde entier (…) Il n’y aura pas de grève ».
Bérenger Cernon : Pas de grève pendant les JO ? De qui se moque-t-on ? Depuis quand l’image de la France ou d’une entreprise serait écornée par les conflits sociaux ?
Au contraire ! Le monde entier nous a regardés durant le conflit sur les retraites. Depuis toujours le monde nous envie notre système social acquis par la lutte ! L’histoire de nos entreprises, de notre société est entièrement liée aux différents conflits sociaux qu’ils soient nationaux ou locaux.
Ce qui écorne l’image de la France ce sont tous ces politiques qui cassent sans cesse nos droits, nos conquis sociaux et refusent d’écouter les revendications légitimes des salariés. Gabriel Attal a déclaré il y a peu : le devoir de travailler.
C’est une attaque très claire contre le droit de grève qui, rappelons-le, est constitutionnel, mais c’est surtout oublier que pour leur vision économique, leur économie de marché, il y a en réalité une nécessité absolue de travail puisque sans travail il n’y a pas de création de richesse et donc, pas de profit !
Cette diatribe n’a donc rien d’anodin et rien d’incohérent dans leur vision des choses.
A quel moment les jeux Olympiques ont-ils pris en considération les salariés qui feront vivre cet événement ? Ce moment qui se voulait une grande fête populaire est en train de tourner à la farce et à un entre-soi absolument détestable !
Et c’est bien parce que nous sommes attachés à nos entreprises et à la conquête de nouveaux droits que justement, s’ils continuent à jouer les méprisants avec les salariés, les ouvriers, et tous ceux qui font tourner ce pays, nous serons en grève durant « leur » JO ! Sans nous, ils ne sont rien !
Paul Bénard : Nous constatons actuellement que de concert le gouvernement et certains politiques appellent à une trêve sociale voire à des interdictions de mouvements de grèves pendant la période des JO.
Dans le secteur de la santé qui est le mien, des voix s’élèvent pour empêcher les travailleurs de la santé d’exercer ce droit constitutionnel.
Les personnels ne se laissent pas impressionner, nos collègues, partout sur le territoire national, expriment leur ras-le-bol de la dégradation de leurs conditions de travail, des services d’urgences saturés, des mobilités, de l’explosion des schémas horaires, du manque de matériel, des fermetures de lits, c’est dans tout le pays que la colère gronde.
Ce gouvernement voudrait taire cette voix qui monte en saupoudrant quelques primes pour quelques-uns, mais les personnels ne sont pas dupes, ce sont des augmentations réelles de salaires qu’ils exigent, des recrutements, et travailler dans de meilleures conditions.
Depuis la création de la CGT, l’outil principal pour faire aboutir nos revendications, cela a été la grève et ils voudraient nous en priver.
Des assemblées générales sont appelées dans nos hôpitaux pour préparer nos cahiers revendicatifs, et ce n’est ni ce gouvernement ni personne d’autre qui nous empêchera d’utiliser notre droit de grève.
Ces olympiades du fric et de l’entre-soi n’intéressent pas les travailleurs, ils en sont exclus. Nous passerons donc à l’offensive pendant cette période pour gagner de nouveaux droits et bousculerons les méprisants de tous poils. Aux maux qu’ils nous infligent, nous mettrons nos mots, grève et débrayages partout dans le pays et montée sur Paris pour arracher nos revendications.