Un coup de force contre l’École publique
Comme si rien ne s’était passé début juillet, la ministre démissionnaire de l’Education nationale Nicole Belloubet a tenu une conférence de presse de rentrée le 27 août pour confirmer la feuille de route de Macron.
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Pour Macron et Belloubet, il s’agit de poursuivre leur politique. Certains disent qu’il y a un flou sur la rentrée scolaire faute de ministre de plein exercice. Mais pas du tout. C’est en responsabilité que la ministre qui se dit démissionnaire assume de réunir les recteurs lundi 26 août et de tenir sa conférence de presse mardi. Elle déclare « il me semble que le rôle d’un ministre est d’assurer la mission qui lui a été confiée, y compris lorsqu’il expédie les affaires courantes. Il en va de la continuité de l’État ».
C’est donc bien en toute responsabilité qu’elle poursuit la politique de Macron et ses contre-réformes. La presse ne s’y trompe pas en comparant, à juste titre, la conférence de la ministre à une déclaration de politique générale. Belloubet maintient tout le dispositif rejeté depuis des mois : choc des savoirs maintenu même si la ministre déclare qu’il se fera avec souplesse, mais il se fait ; nouveaux manuels scolaires, poursuite de l’uniforme, décrets sur la réforme du brevet. Sont en attente la réforme de la voie professionnelle et du lycée « stabilisés ».
Et elle ose dire face à la mobilisation des personnels que toutes ces réformes sont issues d’un « travail collectif, sur la durée, dans un temps long » alors qu’elles ont été rejetées systématiquement.
Alors, oui, les personnels, les parents ont raison de dire, comme Paul Vannier, député LFI du Val-d’Oise, « le programme du NFP prévoit l’abrogation du choc des savoirs. L’instauration des groupes de niveaux à la rentrée relèverait d’un putsch éducatif. (…) Partez et laisser nous reconstruire l’école que vous avez saccagée ».
La ministre démissionnaire de l’Éducation a assuré que la rentrée était « prête ». Car « les affaires courantes ne sont ni un temps suspendu ni un temps mort, c’est un temps d’action car l’école n’attend pas. Les sonneries des classes ne se calent pas sur celles du palais Bourbon. »
Elle légitime sa politique, mais ce ne sont pas ce qu’attendent les personnels et les familles qui se sont mobilisés pendant des mois.
Et comme si cela ne suffisait pas, elle donne des conseils sur le prochain budget de l’Éducation nationale en affirmant qu’il faudrait que ce budget soit « a minima sanctuarisé ». Elle se moque du monde, elle qui sur ordre de Le Maire a déjà réduit son budget en cours d’année, refuse d’augmenter les personnels, promet que pour gagner plus il faut faire autre chose que d’enseigner.
Dans plusieurs départements, dès avant la rentrée des personnels vendredi, ceux-ci s’organisent. Ainsi, le syndicat FO de l’enseignement en Indre-et-Loire « considère qu’il s’agit d’un véritable coup de force contre l’École publique : devrions-nous encore supporter la politique macroniste de l’ex-premier ministre Attal et de l’ex-ministre de l’Éducation nationale Belloubet, partie prenante d’un gouvernement illégitime ? »
