Après la déclaration de politique générale de Barnier : la parole à Pascal Samouth, syndicaliste

« Michel Barnier fait la démonstration qu’il a besoin de la caution des organisations syndicales pour tenter de sauver tant bien que mal la réforme des retraites de Macron », estime Pascal Samouth. Mais « y parviendra-t-il » ?

Manifestation à Toulouse, le 6 juin 2023 (photo Alain Pitton / NurPhoto via AFP)
Par Pascal Samouth
Publié le 3 octobre 2024
Temps de lecture : 2 minutes

La déclaration de politique générale de Michel Barnier, mardi 1er octobre, a mis au centre une nouvelle fois la réforme de retraites. Pour le Premier ministre, les « partenaires sociaux » devraient par la négociation amener « des aménagements raisonnables » à la loi, pas question bien sûr de remettre en cause ni les 64 ans, ni les 43 ans de cotisation ni « l’équilibre financier ».

En ce sens, il fait la démonstration qu’il a besoin de la caution des organisations syndicales pour tenter de sauver tant bien que mal cette réforme imposée au forceps, à coups de 49-3, rejetée par des millions dans les rues. Y parviendra-t-il ?

En réalité, c’est l’exigence d’abrogation qu’il faut faire disparaître parce que c’est cette volonté, ultra-majoritaire dans le pays, qui est certainement la cause principale du rejet sans appel dans les urnes de Macron. Cette pression est tellement forte que même le Rassemblement national (RN) qui avait abandonnée l’idée d’abroger la réforme lorsqu’il se croyait aux portes du pouvoir1Il faut se rappeler qu’à quelques encablures du vote du premier tour des élections législatives, Jordan Bardella avait déclaré qu’il ne reviendrait pas sur la réforme des retraites adoptée en avril 2023, ajoutant : « Economiquement, je suis raisonnable » (France 2, 11 juin)., s’est senti obligé de déposer une proposition de loi pour le retour aux 62 ans et aux 42 ans de cotisations dans le cadre de sa « niche parlementaire », le 31 octobre prochain. Ce même RN soutient par ailleurs Macron en refusant de voter la motion de destitution présentée par LFI, tout comme il soutient Barnier en ne votant pas la censure.

Quoi qu’il en soit, du point de vue des intérêts de l’immense majorité, et de ce qui se discute dans les syndicats à l’heure actuelle, abroger la loi retraites, ce serait porter un coup majeur à Macron, ce serait le respect de la volonté majoritaire.

Parce que gagner l’abrogation de la loi retraites, c’est affirmer que « c’est la rue qui gouverne » : voilà pourquoi Macron et Barnier manœuvrent désespérément pour l’empêcher.