Les retraités sont-ils devenus riches ?

Comme c’est bizarre : une étude, qui paraît au lendemain de l’annonce du report de six mois de la réévaluation des retraites, prétend que les retraités sont des privilégiés comparés aux actifs…

Dans une manifestation pour l'augmentation des salaires face à l'inflation, le 10 novembre 2022. (AFP)
Par Edith Bouratchik
Publié le 7 octobre 2024
Temps de lecture : 2 minutes

« Le niveau de vie moyen des retraités est plus élevé que celui des actifs », annonce fièrement, le 7 octobre, sur Franceinfo, une étude du cabinet Asterès qui compile des chiffres du Conseil d’orientation des retraites et de l’Insee.

Dans cette étude, ils prennent en compte le logement dont les retraités sont propriétaires : ils ont quand même passé leur vie active à rembourser leur prêt immobilier et, compte tenu de la « valorisation des logements », leur « patrimoine » immobilier apparaît bien supérieur que celui des actifs.

Et encore… pas pour tous. La réalité est tout autre puisque sur 18 millions de retraités, 10,6 % de personnes âgées de 65 à 74 ans vivent sous le seuil de pauvreté (1 216 € pour une personne seule). La proportion augmente en Île-de-France où, chez les 60-74 ans, le taux de pauvreté atteint les 16 % en raison de carrières hachées et de l’impossibilité de devenir propriétaire.

Le taux de pauvreté des personnes âgées est en hausse depuis 2015 pour atteindre aujourd’hui les 11 % et jusqu’à 18 % pour les aînés vivants seuls, les femmes étant particulièrement touchées.

Il n’empêche : les retraités seraient maintenant des « privilégiés ». Puisqu’ils sont si riches, on peut les mettre à contribution, CQFD !

Les vrais riches, eux, sont devenus de plus en plus riches

Selon Oxfam, « entre le début de la pandémie en mars 2020 et la fin de l’année 2021, la fortune des cinq Français les plus riches a augmenté de 173 milliards d’euros ».

Les 500 premières fortunes professionnelles de France pèsent au total 1 170 milliards d’euros en 2023 selon le magazine Challenges. Vingt ans plus tôt, elles ne représentaient « que » 124 milliards d’euros, soit une multiplication par 9,4 (+ 844 %).

Pour la seule période de 2017 à 2023, le montant total des 500 plus grandes fortunes est passé d’environ 600 milliards à près de 1 200 milliards. Merci Macron !

Les trucages de Maud Brégeon, porte-parole du gouvernement

Nous sommes le 6 octobre. Sur Franceinfo, Maud Brégeon, porte-parole du gouvernement Barnier, essaye de justifier le report de janvier à juillet 2025 de l’indexation des retraites sur l’inflation. Figurez-vous que les retraités ont bénéficié d’une revalorisation de 5,3 % à la date du 1er janvier 2024. De quoi se plaignent-ils ? Ils peuvent bien attendre jusqu’en juillet !

Cette augmentation de 5,3 %, c’était pour 2024 ? Eh bien non, et elle le sait très bien. L’augmentation au 1er janvier 2024, c’était pour rattraper… 2023 où ils n’avaient perçu qu’une réévaluation de 0,8 % !

Entre 2016 et 2021, le pouvoir d’achat des pensions a diminué de 0,9 % en moyenne PAR AN ! Qui le dit ? La très officielle direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), dans son édition 2 023.

Les trucages de Mme Brégeon ne suffiront pas !