Qui veut sauver la peau du gouvernement ?
Après avoir voté contre la destitution d’Emmanuel Macron, puis contre la censure contre Michel Barnier, le Rassemblement national vient de voler une nouvelle fois à la rescousse du gouvernement lors du début du débat budgétaire à l’Assemblée nationale.
- Actualité politique et sociale, Extrême droite
Depuis plusieurs jours, la commission des Finances de l’Assemblée nationale examine des amendements au projet de budget du gouvernement, un projet de rigueur budgétaire sans précédent qui prévoit 40 milliards de coupes dans les services publics et 20 milliards de hausses d’impôts. Pendant les 36 heures d’examen de la commission, près de 1 600 amendements ont été examinés et 127 adoptés. Tous ces amendements permettent d’obtenir 60 milliards d’euros de recettes supplémentaires pris sur les grandes entreprises, les multinationales les ultrariches, c’est-à-dire tous les détenteurs du Capital, ceux que Macron, le président des riches, a contribué à engraisser depuis 2017.
Jérôme Legavre, député LFI et militant du POI, l’a montré pendant la commission : « 1 228 milliards d’euros , c’est le patrimoine cumulé des 500 plus grosses fortunes de France (un record historique, équivalent à la moitié du PIB annuel de la France – NDLR). Mais au même moment, 11 millions et demi de personnes sont pauvres dans ce pays soit 17 % de la population. La France est le pays où la pauvreté a le plus augmenté ».
Donc les 60 milliards de recettes supplémentaires dégagées pendant les travaux de la commission vont à l’inverse de cet état de fait. En effet, « ces mesures avantagent le plus grand nombre ainsi que les collectivités territoriales » a déclaré le président de ladite commission, le député LFI Eric Coquerel.
Au moment du vote final, sur un texte devenu l’inverse du projet gouvernemental, les macronistes et la droite ont voté contre… tout comme le Rassemblement National ! Le parti de Marine Le Pen confirme son statut d’allié de fait du gouvernement Macron-Barnier et donc de complice de leur politique.
Le RN contre la destitution de Macron
Déjà il y a quelques semaines, dans la commission des lois de l’Assemblée nationale, les députés du Rassemblement national avaient mêlé leurs voix à celles des macronistes, des LR (mais aussi des socialistes), pour invalider la procédure de destitution engagée par La France insoumise contre Macron.
Mardi 1er octobre, lors du discours de politique générale du nouveau premier ministre Barnier, Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée, n’avait eu de soutenir Michel Barnier, saluant « son sens de la courtoisie assez naturel » et le « respect inné » porté à ses « adversaires », pour lui « donner une chance ». Et pour cause : depuis des mois, aux côtés d’Emmanuel Macron, le Rassemblement national fait tout pour effacer le résultat des élections législatives et les millions qui ont porté leur voix sur le programme de rupture à l’Assemblée. En bon soutien, le Rassemblement National a donné son feu vert à la constitution du gouvernement Barnier. C’est donc tout naturellement que le 1er octobre, le Rassemblement national votait contre la motion de censure présentée par la France insoumise.
Lundi 21 octobre, en soirée, doit débuter l’examen du projet de budget, celui du gouvernement, en plénière à l’Assemblée nationale. La France insoumise a déposé une motion de rejet préalable.
« On ne votera pas la motion de rejet (…) parce que c’est faire un cadeau à Michel Barnier », a déclaré le député RN Jean-Philippe Tanguy sur BFMTV.
Et d’ajouter : « Ils sont très contents (au gouvernement) qu’il y ait une motion de rejet et qu’on ne discute pas du budget devant les Français, (…) et que Monsieur Barnier puisse faire ses petites magouilles avec les macronistes dans les couloirs ». Misérable manœuvre pour tenter de sauver la mise une nouvelle fois au gouvernement confronté à un problème majeur : ce dernier n’a pas de majorité !
« Il est fort probable, même indéniable, que le mécanisme d’adoption du budget passera par un 49.3 », estime Véronique Louwagie, députée Droite républicaine de l’Orne, et vice-présidente de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, pour qui le recours au 49.3 « ne la gêne pas ». « Le 49.3 permet d’éviter un blocage », confirme le Premier ministre Barnier dans le JDD.
S’il y a 49.3, il faut il y aura probablement une motion de censure qui sera présentée par la FI, qui reste orientée sur la volonté d’en finir avec la politique criminelle du gouvernement. Que fera alors le RN ?
« Dans ce contexte, la survie du gouvernement dépend du Rassemblement national », commente FranceInfo, « qui n’a pour l’instant pas prévu de voter la censure ».
A suivre.