Respect du mandat : abrogation de la réforme des retraites
Qui a donné mandat aux dirigeants syndicaux, aux députés du PS pour « passer des compromis », pour des « suspensions », des « transitions », des « conférences de financement », des négociations collectives sans revendication, pour des retraites à points ?
- Actualité politique et sociale, Retraites
François Bayrou vient d’ouvrir les consultations sur le projet de loi de finances élaboré par son ministre du budget, Eric Lombard, homme « de gôche ». C’est le Parti socialiste qui a ouvert le bal, rien de plus normal puisque le ministre et le premier secrétaire Olivier Faure sont amis à la ville.
Alors que 50 milliards d’économies sont annoncés, qui seront immanquablement supportés par la population laborieuse, les services publics et la Sécurité sociale, le représentant du PS déclare, selon Les Echos du 8 janvier : « Nous restons ouverts au compromis ».
Au cœur de la discussion, une nouvelle fois, c’est la question de la réforme des retraites. Olivier Faure plaide pour une « suspension », à laquelle il donne le sens suivant : « On ne peut pas considérer simplement qu’il suffirait d’abroger et d’en rester là. » Et le premier secrétaire de réclamer une « conférence de financement » pour « transitionner » vers un nouveau système.
Quel sens donner à cette transition ? Les premières déclarations des « partenaires sociaux », reçus par le gouvernement, nous éclairent.
Le président du Medef, s’est dit lui aussi ouvert à la discussion sur les retraites, mais il en fixe les limites : ne pas alourdir le « coût du travail » : « Je souhaite, dit-il, faire levier en quelque sorte de ces travaux qui s’engageraient sur la réforme des retraites pour poser beaucoup plus fondamentalement le sujet du niveau et du financement de notre protection sociale. »
Sur le financement, il n’étonnera personne que ce représentant du grand patronat plaide pour le transfert des cotisations, qui représentent un salaire différé, payé par les patrons, vers la CSG ou la TVA, qui sont des impôts, payés majoritairement par les salariés. Les exploiteurs qui bénéficient déjà de centaines de milliards d’exonérations de cotisation, lesquelles alimentent les dividendes toujours croissants des actionnaires, n’en ont jamais assez et leur porte-parole Patrick Martin remet même sur la table la piste des retraites par capitalisation.
Pour la CFDT, la proposition de discuter du financement est jugée « extrêmement intéressante ». On se souvient que cette organisation avait soutenu toutes les contre-réformes fiscalisant la protection sociale, de la CSG en 1991 au plan Juppé en 1995. A sa sortie de Matignon, elle se déclarait satisfaite que François Bayrou « n’ait aucun tabou, y compris l’âge légal de départ » estimant que « le sujet doit être rouvert avec tout ce qui peut être possible et imaginable en matière de financement ».
Aucun tabou sur l’âge légal ?
Trop beau pour être vrai, à moins que ce soit Cyril Chabalier, de la CFTC, qui vende la mèche : « On souhaite repartir vers une réforme par points et une réforme systémique. On vit des drames tous les quatre-cinq ans avec des réformes qui mettent des millions de gens dans la rue (…). Donc une fois pour toutes la seule solution pour arriver à quelque chose de simple c’est de repartir vers une réforme par points ».
Il est vrai que qu’un des défenseurs de ce système, François Fillon, avait expliqué que l’avantage était que du jour au lendemain on pouvait soit augmenter la valeur d’achat du point, soit baisser sa valeur de service, c’est-à-dire dans les deux cas, baisser le niveau des retraites… Et avec ce système, l’âge légal importe peu, on peut partir, ou être poussé dehors, à tout moment : on percevra en fonction de ses points acquis, et de leur valeur de service. On sait que lorsque ce projet fut présenté, avant d’être abandonné par le gouvernement d’Edouard Philippe face aux grèves reconductibles, il avait un soutien inconditionnel, celui de François Bayrou.
Il y a donc tout lieu de s’inquiéter, d’autant plus que la conférence de financement, la conférence sociale, ce sont des exigences qui sont portées tous les jours par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Quant à Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, l’Opinion du 8 janvier rapporte son propos : « Ma première revendication est de redonner la place qui est la sienne à la négociation collective ».
Mais la négociation collective, comme la grève, ne sont que des moyens d’action pour les syndicats, dans un but précis : obtenir satisfaction sur les revendications. Négocier pour négocier, c’est déjà renoncer, car s’il est une revendication que toutes les organisations syndicales sont contraintes de répéter régulièrement, parce qu’elle a été portée par des millions de salariés dans la grève et dans les rues, c’est celle de l’abrogation de la réforme des retraites. Cette même exigence a été au cœur du vote massif qui a placé en première place les députés du Nouveau Front populaire, dont Mrs Olivier Faure, François Hollande et bien d’autres, parce qu’elle était inscrite explicitement dans leur programme.
Sauver Bayrou, sauver le régime
Qui a donné mandat aux dirigeants syndicaux, aux députés du PS pour passer à autre chose, pour des compromis, des suspensions, des transitions, des conférences de financement, des négociations collectives sans revendication, des retraites à points ? Certainement pas les 85 % de la population qui exigent l’abrogation et qui se sont réjoui que la censure du gouvernement Barnier, acquise grâce au combat opiniâtre des députés LFI, ait eu cette question en son centre.
Et ces consultations, ces pseudo-négociations auxquelles viennent de se joindre le PCF et EELV, pour quoi ? Pour tenter de trouver un prétexte de ne pas censurer le gouvernement Bayrou, et au final sauver ce régime à l’agonie ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit, quand a contrario la France insoumise mène campagne pour la démission de Macron, qui apparaît de plus en plus aux yeux de millions comme la seule issue pour gagner sur nos exigences vitales.
Parce que nous estimons que la démocratie c’est le respect du mandat, tant syndical que politique, nous continuerons avec ces millions, à porter cette exigence : abrogation de la réforme des retraites !