Bayrou voudrait enrôler les syndicats dans un « conclave »
Pour tenter de sauver leurs tête (et leur réforme honnie des retraites), Macron et son nouveau Premier ministre entendent intégrer les organisations syndicales dans un cadre budgétaire contraint par la gestion des affaires de l’Etat.
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Mardi 14 janvier, dans son discours de politique générale, le Premier ministre François Bayrou a disserté sur le « nouveau désordre mondial » (sic), la place de l’Europe et de la France dans le monde. Mais pas un mot sur l’éradication en cours du peuple palestinien à Gaza. En revanche, il a placé son discours sous un signe, celui de « retrouver la stabilité » ! Une injonction que Bayrou, Macron mais aussi le PS, les organisations patronales et les dirigeants des confédérations syndicales, chacun à leur manière, reprennent depuis maintenant plusieurs semaines.
Dans quelle situation ? 64 % des personnes interrogées veulent le départ de Macron. F. Bayrou, devenu Premier ministre après la censure de Barnier et de son budget de 60 milliards de coupes, annonce la poursuite et l’aggravation d’une politique ultra-minoritaire et rejetée.
« S’installer dans les mêmes bureaux, ensemble, pendant trois mois »
Cela fait des semaines qu’on nous rebat les oreilles avec les concertations menées entre François Bayrou et tous les partis, sauf la France insoumise, pour un accord de non-censure, notamment sur la question des retraites. Au final, Bayrou annonce… le maintien de la réforme et la convocation d’une « délégation permanente » rassemblant les organisations syndicales, les organisations patronales et l’Etat dès ce vendredi 17 janvier dans un « conclave » pour « travailler autour de la même table, de s’installer dans les mêmes bureaux, ensemble, pendant trois mois à dater du rapport de la Cour des comptes », « pour que la réforme soit socialement plus juste et cependant équilibrée ». En précisant qu’à défaut d’accord entre les membres de ce « conclave », la réforme portant l’âge de départ à 64 ans continuerait de s’appliquer !
En clair, intégrer les organisations syndicales dans un cadre budgétaire contraint par la gestion des affaires de l’Etat. Une volonté d’intégrer les organisations syndicales, ce que tous les gouvernements de la Ve République ont essayé de mettre en œuvre afin de les empêcher de porter leurs revendications. Bayrou veut mettre la pression maximale sur les organisations syndicales qui « ont entre les mains une part décisive de l’avenir national ».
Mais quelle organisation syndicale peut accepter ce carcan corporatiste, négation même de la nature du syndicat ? Le mandat des organisations syndicales réaffirmé il y a encore quelques jours, à tous les niveaux de leur organisation, c’est l’abrogation de la réforme. C’est la revendication portée par des millions pendant des mois en 2023 par une mobilisation historique contre laquelle le gouvernement d’Élisabeth Borne avait opposé le 49.3 du passage en force.
Comme le dit nettement Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale : « M. Bayrou, nous vous censurerons et nous en finirons avec la retraite à 64 ans. Car une réforme passée en force et qui frappe dans la chair des millions de gens ne s’amende pas, ne se suspend pas, ne se gèle pas. Elle s’abroge. »
Bayrou a également annoncé un budget de 50 milliards d’économie, encore pire que celui de Barnier. « Il nous faut repenser tous nos budgets, à partir non pas du prolongement de ce qui se faisait l’année précédente augmenté d’un pourcentage d’inflation, mais de ce qu’exige le service ou l’action à conduire. » En clair, des milliards de coupes qui vont se décliner contre les hôpitaux, contre l’Ecole, contre les services publics et les collectivités territoriales. « Pire budget, même tarif ! Censure ! »
Qu’ils dégagent tous ! Et le plus tôt sera le mieux…