Le docteur Abou Safiya confirme qu’il est torturé en prison
Le Dr Abou Safiya, de Gaza, détenu depuis près de 50 jours dans une prison israélienne, a pu recevoir hier la visite d'un avocat, rapporte le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme à Gaza dans un communiqué que nous traduisons.
- Actualité internationale, Palestine

Gaza, 11 février 2025 – Aujourd’hui, après 47 jours de détention arbitraire – au cours desquels les autorités israéliennes lui ont refusé à plusieurs reprises l’accès à un avocat – le Dr Hossam Abou Safiya a rencontré son avocat pour la première fois depuis son enlèvement à Gaza. Travailleur de la santé palestinien et directeur de l’hôpital Kamal Adwan, le Dr Abou Safiya a été emmené de force par les forces israéliennes le 27 décembre 2024 à l’hôpital de Beit Lahiya, avec plusieurs médecins, membres du personnel médical, patients et autres civils.
Vers 15 heures aujourd’hui, l’avocat d’Al Mezan a rendu visite au Dr Abou Safiya dans la prison d’Ofer, située en Cisjordanie illégalement occupée. Au cours de la visite, le Dr Abou Safiya a détaillé les différentes formes de torture et d’abus auxquels il a été soumis à la fois lors de son arrestation illégale et tout au long de sa détention arbitraire par les forces et les autorités israéliennes.
Lors de sa capture à Gaza et de son transfert au camp de détention militaire de Sde Teiman, il a été soumis à diverses formes de torture et de traitements inhumains et dégradants, des méthodes emblématiques des opérations d’arrestation massives israéliennes à Gaza. Il a déclaré avoir été déshabillé de force, avoir les mains étroitement menottées et avoir été contraint de s’asseoir sur du gravier tranchant pendant environ cinq heures par les forces israéliennes. Il a également été soumis à de graves sévices physiques, notamment des coups de matraque et de bâton à décharge électrique, ainsi que des coups répétés à la poitrine.
Dans la prison d’Ofer, où il a été transféré le 9 janvier 2025, il a été détenu à l’isolement pendant 25 jours, une période si longue qu’elle constitue en soi une forme de torture.
Pendant cette période, il a subi des interrogatoires presque continus pendant 10 jours. À un moment donné, il a perdu connaissance dans sa cellule en raison de graves difficultés respiratoires.
Au cours de l’interrogatoire, le Dr Abou Safiya a été confronté à des accusations qu’il a fermement niées, soulignant qu’il est un médecin dont le seul devoir est de fournir des soins médicaux aux patients et aux blessés en plus de sa fonction de directeur d’hôpital.
Il a également fait état d’une grave détérioration de sa santé, son poids étant passé de 96 kg à 84 kg, soit une perte de 12 kg en moins de deux mois, preuve supplémentaire de la politique de famine systématique d’Israël à l’encontre des prisonniers et détenus palestiniens. Il a en outre révélé qu’il souffrait d’une hypertrophie du muscle cardiaque. Bien qu’il ait demandé à plusieurs reprises des soins médicaux aux autorités israéliennes, il s’est vu systématiquement refuser l’accès à un examen spécialisé et privé de soins essentiels, ce qui a encore mis en danger son état de santé déjà détérioré.
Le Centre Al Mezan pour les Droits de l’Homme condamne sans équivoque la torture et les autres graves violations infligées au Dr Abou Safiya et à d’autres détenus palestiniens et considère les pratiques israéliennes comme une grave violation du droit international, en particulier les règles de protection du personnel médical contenues dans le Protocole II de la Quatrième Convention de Genève. Les avertissements précédents d’Al Mezan concernant ses craintes qu’Abou Safiya soit torturé en raison des ordres d’interdiction de rencontrer un avocat étaient corrects, comme l’ont révélé les résultats de la visite.
Al Mezan souligne que son traitement n’est pas un incident isolé mais fait partie des violations systématiques et généralisées des droits humains par Israël contre les prisonniers et détenus palestiniens, que nous documentons depuis octobre 2023.
Ces abus constituent de graves violations du droit international et soulignent la nécessité urgente de sa libération immédiate.
Nous exhortons la communauté internationale à assumer ses responsabilités morales et juridiques, en particulier les alliés d’Israël, face à la torture des détenus dans les prisons israéliennes, face aux abus, agressions et pratiques indescriptibles auxquels les prisonniers sont soumis, et à intervenir de manière urgente et efficace pour sauver la vie des détenus, mettre fin à leurs souffrances et leur épargner le risque de mourir sous la torture et d’être privés de leurs droits les plus élémentaires.
Le texte en anglais de ce communiqué est disponible ici.
