Les rats quittent le navire…
Les derniers développements en France connaissent une brutale accélération avec la démission de Sébastien Lecornu. Pour paraphraser la formule d’un grand dirigeant révolutionnaire, nous n’avons jamais été aussi proches du moment où « en haut, on ne peut plus ».
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Les derniers développements en cours de la situation politique en France connaissent une brutale accélération avec la démission de Sébastien Lecornu.
Le dernier élan désespéré du chef de l’État pour demander au Premier ministre démissionnaire de « mener d’ultimes discussions avec les forces politiques pour la stabilité du pays » d’ici à mercredi soir (8 octobre) n’y changera rien : pour paraphraser la formule d’un grand dirigeant révolutionnaire, nous n’avons jamais été aussi proches du moment où « en haut, on ne peut plus ».
Macron cerné de toutes parts
La crise politique au sommet est sans précédent : à l’exception (notable) du Parti socialiste (PS), toutes les forces politiques – à commencer par celles issues de ce qu’il est convenu d’appeler (pour combien de temps encore ?) le « bloc central » – se sont prononcées ces derniers jours, sous une forme ou sous une autre, pour que le mandat du chef de l’État s’arrête avant son terme. Rappelons néanmoins que les mêmes, il y a à peine quelques semaines, vociféraient contre la France insoumise (LFI) accusée de « créer le désordre » parce qu’elle était la seule à mener campagne, depuis maintenant des mois, pour la démission de Macron. Demain, à l’initiative de LFI, une motion de destitution du président de la République déposée par 104 députés sera à l’ordre du jour de l’Hémicycle.
Le moteur de cette crise politique inédite, qui menace à tout moment de basculer en crise de régime et en crise de l’État lui-même, est connu : en bas, et désormais dans l’écrasante majorité de la population, on ne veut plus d’Emmanuel Macron. Un sondage réalisé après le départ de Sébastien Lecornu indique que 73 % de la population est désormais pour la démission du chef de l’État. Un record. Dans ce contexte de rejet inédit de l’homme qui représente la clé de voûte des institutions de la Ve République, il y a fort à parier que la décision d’une nouvelle dissolution, à peine plus d’un an après la précédente, approfondirait encore davantage la volonté de millions et de millions de dégager Macron.
Choc frontal
Quelles que soient les dates et les formes exactes que prendra la période électorale à venir, il est certain que ces élections et les affrontements à l’Assemblée verront l’approfondissement d’un choc frontal entre les forces de classe intrinsèquement antagonistes incluant les pièges, les appétits et les reniements qui s’étalent déjà au grand jour. Choc frontal avec ses espoirs et ses dangers.
Forts du nombre, de la qualité, et, par-delà les frontières, des connexions pour une cause commune, du meeting international contre la guerre et la misère sociale du 5 octobre, nous nous y engagerons à fond, avec LFI, sur un programme de rupture pour « proposer un autre avenir ». Il est certain aussi que, sans présager des contours exacts, traditionnels ou spontanés, la lutte des classes directe se combinera avec le terrain électoral. En témoignent les innombrables grèves, actions, mobilisations contre le génocide à Gaza et pour les revendications devenues vitales. Ici ou là, ou bien comme ces derniers mois dans la recherche de mouvement d’ensemble, elles sont au cœur de la crise politique actuelle.
Enseignements d’Italie
La profondeur de cette volonté de s’unir, d’« y aller ensemble », s’approfondit et est quasi palpable à chaque occasion. Pour les élections comme pour l’action directe, elle est de nature à permettre de lever les obstacles, les peurs, les postures convenues et même les manœuvres organisées. La remarque de Jean-Luc Mélenchon le 1er octobre est pertinente : « On ne peut plus continuer en refusant de coordonner les forces qui combattent (…), il faut l’unité populaire à la base (…) sur les revendications. » Tout comme l’intervention du coordinateur national de Potere al Popolo, Maurizio Coppola, au meeting du 5 octobre, commentant la grève générale en cours en Italie (cf. ci-dessous).
Certes, l’Italie n’est pas la France, mais on aurait tort de croire qu’il n’y a pas tout de même quelques similitudes, et de ne pas en tirer des enseignements.
Italie« Deux grèves générales en dix jours »
![]() « On a vu dans les dernières années, en fait, depuis le 7 octobre 2023, une accumulation incroyable des forces. Mais ces forces, en fait, n’étaient pas juste le fruit d’une activité spontanée et abstraite. C’était le travail de chacun et chacune d’entre nous qui, quotidiennement, descendait dans la rue, faisait des tractages, occupait les universités, faisait même des petites actions avec trente personnes. On disait : “Ah, ça ne sert à rien”. Ça sert à quelque chose. Et, en fait, la preuve, c’est la grève générale du 22 septembre, la grève générale du 3 octobre. Deux grèves générales en dix jours. Quelque chose qu’on n’a pas vu depuis des décennies en Italie et même dans toute l’Europe. (…) Comment ce saut qualitatif a eu lieu ? C’est très clair. C’est grâce à l’entrée en scène de la classe ouvrière organisée. Sans la classe ouvrière qui bloque le pays, sans la classe ouvrière qui a l’avant-garde d’un mouvement de solidarité internationale, on n’arrive jamais à produire ce que nous, on a produit. (…) Tout ça, ça ouvre des contradictions dans notre pays. Une première contradiction, bien évidemment, c’est au sein du mouvement syndical. Ça, c’est très important, surtout pour les camarades français, avec lesquels on débat beaucoup. Parce que, en fait, tout ce qui a été construit avec les dockers, c’est parti grâce au travail très important de l’Union syndicale de base (USB), donc un syndicat de base, qui n’était pas un syndicat confédéral. Le syndicat confédéral a même essayé, la CGIL, de boycotter la grève du 22 septembre en appelant à une grève le 19 septembre. Eux, c’était un échec total, en fait, ça s’est retourné totalement contre eux.
Donc, ça montre deux choses : que nous, on doit insister, renforcer le syndicat de base, et au même moment, faire pression sur les syndicats confédéraux pour qu’ils prennent la juste position. »
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