Les russes sont cruels !
On fait grand cas dans une certaine presse de la parution d’un ouvrage d’un auteur britannique, Antony Beevor, sur la révolution russe, la guerre civile et les évidents et innombrables crimes des révolutionnaires, car toute révolution est criminogène en soi, bien sûr...
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Il est certain que cet ouvrage1Antony Beevor, Russie : révolution et guerre civile (1917-1921), éditions Calmann-Lévy, octobre 2022. va regorger de révélations, d’inédits, de preuves… Le même Beevor avait écrit un ouvrage sur la chute de Berlin, « révélant » les crimes de l’Armée dite rouge, comme si l’armée française un peu partout ou l’armée britannique en Irlande, en Inde, au Kenya, notamment, étaient d’une pureté virginale. Ces « révélations » mettent sur le même plan l’Armée « rouge » et l’armée nazie, les crimes indéniables de certains soldats et officiers et la politique génocidaire délibérée d’extermination des Juifs, des Polonais, des Tziganes par les nazis. Tout se vaut…
Le même Beevor a déclaré dans Le Point, 22 octobre : « Pour les Russes, la cruauté est un élément de la guerre ». Toutes les guerres se valent, tous les Russes se valent. Grande conception scientifique de cet « historien » !
Poutine, Koutouzov, le bolchevik de 1917, le partisan de 1942, le détenu du goulag, l’opposant à la guerre de Poutine, réprimé et emprisonné, tous sont « Russes » et tous « cruels ». Racialisme éhonté.
A cette déclaration sans preuve, opposons simplement ce qu’écrivait Trotsky, commandant de l’Armée réellement rouge, dans Ma Vie, au sujet de la défense de Pétrograd en 1919 :
« Dans les journées qui avaient précédé, il n’y avait presque pas eu de prisonniers. On pouvait compter facilement les transfuges de l’Armée blanche. Le nombre des transfuges et des prisonniers s’accrût subitement. Tenant compte de la fureur des combats, je lançai, le 24 octobre, un ordre du jour où il était dit : “Malheur au soldat indigne qui lèverait le couteau sur un prisonnier ou sur un transfuge !” »
Les Russes sont tous cruels…