Un fil solide

Dans un entretien publié dans un précédent numéro d’Informations ouvrières, Alexander King, député Die Linke et animateur de « Aufstehen », regrettait que « en Allemagne, il était fondamentalement plus difficile que dans d’autres pays comme la France, de faire descendre les gens en masse dans la rue ». Et il ajoutait : « J’espère que nous y parviendrons le 25 février. »

Quelques jours plus tard, en dépit d’une campagne de haine contre les organisateurs de la manifestation, plus de 50 000 manifestants se pressaient Porte de Brandebourg à Berlin, ainsi que des dizaines de milliers dans une vingtaine de villes dans toute l’Allemagne.

En ce 25 février 2023, alors que 50 000 participants acclamaient Sahra Wagenknecht qui exigeait l’arrêt de l’envoi d’armes et l’augmentation des salaires, 10 000 travailleurs manifestaient à Gênes à l’appel des travailleurs portuaires, des milliers à Londres à l’appel de Stop the War, à Zurich, à Madrid…

La question du combat contre la guerre est en train de s’enraciner dans la conscience des larges masses. Un fil solide relie ces premières manifestations aux mobilisations qui ont rassemblé dans les semaines précédentes des millions, dans l’unité, en France, contre la réforme des retraites et qui se poursuivra le 7 mars. Un fil solide relie aux centaines de milliers dans la grève et les manifestations avec leurs organisations syndicales pour la défense de leur système de santé en Grande-Bretagne et aussi en Espagne.

Le rôle que le capital financier et les gouvernements qui lui sont soumis assignent à leur propagande guerrière apparaît de plus en plus clairement : soumettre la société à l’économie de guerre, chercher à imposer l’union nationale et tenter de briser l’unité des organisations syndicales réalisée sous la pression des masses.

Ils veulent faire refluer le mouvement qui est engagé dans les profondeurs de la société et qui ébranle les fondements de l’ordre politique en place dans toute l’Europe, comme en témoigne ce qui vient de se produire en France à propos de la réforme des retraites.

Pour faire adopter au Bundestag son budget d’armement, le chancelier Scholz a évoqué un « Zeitenwende », un changement d’ère. Il ne croyait pas si bien dire.

Un vrai tournant politique est en cours dans toute l’Europe. A la tribune de la réunion rassemblant, le 25 février à Paris, les signataires de l’appel « Halte à la guerre ! », furent lus une série de messages témoignant de ce que l’échange politique a commencé à s’organiser par-delà les frontières.

C’est la place du journal Informations ouvrières que d’être au centre de cette campagne.

A l’évidence, le combat contre la guerre, indissociable du combat pour la défense de toutes les conquêtes politiques et sociales de la classe ouvrière, exige d’être intégré à la préparation politique de la vague des luttes des classes qui mûrit et qui va se diriger dans toute l’Europe contre les fondements des gouvernements au service du capital financier.

C’est dans ce cadre qu’il nous revient, militants de la IVe Internationale, de nous adresser, pour l’organiser, à la force de ces milliers d’internationalistes qui se lèvent.