Deux mois de massacres en Palestine

Informations ouvrières a rassemblé les faits du 6 au 12 décembre.

Dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, suite à un bombardement de l’armée israélienne, le 12 décembre (Photo AFP).
Par la rédaction d’IO
Publié le 13 décembre 2023
Temps de lecture : 8 minutes

Survivre dans la bande de Gaza

L’Unrwa (agence de l’Onu pour les réfugiés) indique que la totalité de la bande de Gaza est devenue l’un des endroits les plus dangereux au monde et qu’il n’y a aucune zone de sécurité à l’intérieur. Au même moment, l’agence Reuters confirme : Israël demande aux Gazaouis de fuir et bombarde là où elle les envoie.

Dans la bande de Gaza, la plupart des rayons des supermarchés ont été vidés de leurs marchandises en raison du siège israélien. Les Nations unies ont mis en garde contre la famine à Gaza, tandis que les pénuries de carburants ont également entraîné la fermeture des systèmes de traitement de l’eau et des égouts, ce qui a amené les autorités sanitaires à mettre en garde contre la propagation de maladies infectieuses.

un tiers des ménages souffrent de faim

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (Pam) révèle qu’au moins 97 % des ménages du nord de Gaza ont « une nourriture inadéquate » pour répondre à leurs besoins. Au moins neuf personnes sur dix passent une journée et une nuit complètes sans nourriture. Dans le sud de Gaza, plus d’un tiers des ménages souffrent de faim élevée ou très grave, a rapporté le Pam.

6 décembre

Le président de l’État d’Israël, Isaac Herzog, sur MSNBC : « Cette guerre n’est pas seulement une guerre entre Israël et le Hamas, c’est une guerre qui vise réellement à sauver la civilisation occidentale. »

Les forces israéliennes tuent vingt membres de la famille d’un journaliste d’Al Jazeera, Mo’men Al Sharafi, dont ses parents, ses frères et sœurs, lors de frappes aériennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya.

– Le secrétaire général des Nations unies, à propos de Gaza : « La situation se détériore rapidement et se transforme en une catastrophe avec des implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble ainsi que pour la paix et la sécurité dans la région. »

« Netanyahou a déclaré à un groupe de responsables gouvernementaux qu’Israël a besoin de trois choses de la part des États-Unis : des munitions, des munitions et des munitions, pour vaincre le Hamas. » (Journal Israel Hayom.)

– La presse allemande indique que les candidats à la naturalisation dans le Land de Saxe-Anhalt, dans l’est de l’Allemagne, doivent désormais « déclarer leur soutien au droit d’Israël à exister ».

Des centaines de manifestants américains se rendent dans chaque ville visitée par le président américain aux cris de « Genocide Joe ».

– Dans une interview sur RTL, le président du Sénat en France, Gérard Larcher, déclare à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon : « Ferme ta gueule ! »

Jean-Luc Mélenchon sur X : « Je veux laisser le ridicule bien inonder tout le champ de mes adversaires depuis le propos de Gérard Larcher. Toutes les indignations des chiens de garde sont annulées par le silence de la classe médiatique devant le borborygme du brave soldat Larcher. On peut reprendre la discussion là où elle a été interrompue : cessez-le-feu à Gaza ! Halte au massacre. »

7 décembre

« Netanyahou a exprimé son inquiétude face aux “énormes manifestations dans les capitales occidentales” contre la guerre israélienne contre Gaza : “La pression politique à l’étranger pourrait menacer les livraisons d’armes américaines.” » (Journal Israel Hayom)

L’armée israélienne a bombardé les archives centrales de la municipalité de Gaza, détruisant des milliers de documents historiques datant de plus de cent ans.

« Selon les estimations israéliennes, il n’y aura pas d’autre choix que de lutter avec force contre le Hezbollah dans les mois à venir. » (Radio de l’armée israélienne.)

« Si le Hezbollah choisit de déclencher une guerre, cela transformera Beyrouth et le Sud-Liban en Gaza et Khan Younis. » (Benyamin Netanyahou.)

Environ un demi-million d’Israéliens ont quitté « Israël » peu avant et pendant la guerre. (Kan Hebrew Channel)

– Le Sénat américain vient de valider la livraison supplémentaire de 45 000 obus pour les chars Merkava israéliens.

« Aucune nation ne fait plus pour soulager la douleur et les souffrances de la population de Gaza que les États-Unis. » (John Kirby, conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis.)

Le journal qatarien Al-Arabi Al-Jadeed a rapporté que l’administration américaine fait pression sur le président de l’Autorité palestinienne, Abou Mazen (Mahmoud Abbas), pour qu’il forme un nouveau gouvernement palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, doté de larges pouvoirs pour mettre en œuvre des réformes radicales, notamment dans le domaine de la sécurité.

– La revue américaine The Nation publie un article intitulé « L’histoire de la “chasse au Hamas’’ occulte les véritables plans d’Israël pour Gaza », dans lequel il est analysé que tout ce que fait Israël à Gaza s’intègre dans l’objectif de dépeupler massivement la bande de Gaza.

8 décembre

– L’adjoint au maire de Jérusalem, Arieh King, commente sur X des vidéos montrant des Palestiniens uniquement vêtus de leurs caleçons et les mains attachées dans le dos et sous surveillance militaire : « L’armée élimine les nazis musulmans à Gaza. Ces “fourmis” devraient être enterrées vivantes avec des bulldozers militaires D-9. Ce ne sont ni des humains ni des animaux humains, ils sont des sous-humains et c’est ainsi qu’ils doivent être traités. » Ce message qui « a enfreint les règles de X » a été supprimé.

– Des mises en scène – comme celle commentée par Arieh King – visent à montrer au public israélien des arrestations massives de « terroristes ». Or, la presse israélienne elle-même a indiqué que la plupart d’entre eux n’étaient pas des terroristes et ont été relâchés.

Le Conseil de sécurité de l’Onu rejette un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza en raison du veto des États-Unis
(13 pour, 1 abstention, 1 contre).

– L’armée israélienne a frappé plus de 450 cibles à Gaza au cours des dernières 24 heures.

– Le journal Haaretz rapporte que la police israélienne a tenté d’empêcher une réunion du Hadash, un parti politique de gauche qui met l’accent sur la coopération judéo-arabe, affirmant qu’elle comporterait des objectifs qui constituent un danger pour l’ordre public.

– Shbita, porte-parole du Hadash, a déclaré que la police utilisait des « tactiques d’intimidation mafieuses » pour empêcher le conseil du parti de se réunir. Le parti a souligné qu’il rejetait « les mesures d’intimidation fascistes de l’establishment israélien ».

Shbita a appelé la population à protester « contre la persécution maccarthyste de la part de l’establishment israélien, contre la suppression de toute voix contre la guerre criminelle ».

Le mois dernier, « la police a arrêté quatre anciens membres de la Knesset, soupçonnés d’avoir planifié de participer à une manifestation à Nazareth contre la guerre dans la bande de Gaza. Parmi les personnes arrêtées figuraient le président du Haut Comité de surveillance pour les citoyens arabes d’Israël, Muhammad Barakeh, et les membres de Balad, Haneen Zoabi, Mtanes Shehadeh et Sami Abu Shehadeh » (Haaretz).

L’OMS prévient que les décès dus aux maladies et à l’effondrement du système de santé à Gaza pourraient dépasser ceux causés par les frappes aériennes israéliennes.

« Le secrétaire général de Balad, Yousuf Tatour, et un militant du parti ont également été arrêtés pour avoir projeté de participer à la manifestation. La veille, la police avait interdit à Hadash d’organiser des manifestations dans les villes arabes de Sakhnin et Umm al-Fahm pour protester contre les activités de Tsahal dans la bande de Gaza. » (Haaretz.)

– L’ancien lieutenant-colonel et écrivain français, Guillaume Ancel, a déclaré sur France Inter : « Les chiffres du Hamas sont, à mon avis, totalement à écarter. Mais quand on voit l’intensité et la cadence des bombardements israéliens (…), on est vraisemblablement entre 20 000 et 30 000 morts. Cette guerre est un carnage. »

9 décembre

« Un choc dans les cercles de sécurité et de renseignement dans la salle des opérations conjointe américano-israélienne : le nombre de soldats israéliens morts sur les lignes de front de Gaza aujourd’hui est important, inhabituel et choquant. » (Agence Bloomberg.)

Des manifestations ont lieu partout en France, y compris dans des petites villes, pour le cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des bombardements et la levée du blocus à Gaza (Lyon, Nantes, Strasbourg, Rouen, Grenoble, Tours, Saint-Etienne, Nîmes, Metz, Annecy, Saint-Nazaire, Béziers, Calais, Brioude, Valentigney, Villefranche-sur-Saône, etc.).

Le journal israélien Maariv a indiqué que les organisations de défense des droits humains du monde entier ont condamné la décision des États-Unis d’utiliser leur veto.

Les témoignages recueillis par +972 Magazine, revue pacifiste israélienne, auprès de Palestiniens libérés des prisons israéliennes au cours des dernières semaines indiquent que les forces israéliennes et les autorités pénitentiaires ont utilisé des méthodes de torture, menacé de violer une détenue et sa petite fille et battu à mort un prisonnier – l’un des six Palestiniens connus pour être morts en détention israélienne depuis le 7 octobre.

– Suite au veto des États-Unis, le directeur de Human Rights Watch a déclaré que Washington fournit à Israël une « couverture diplomatique » et que, par conséquent, « il court le risque d’être complice de crimes de guerre ».

10 décembre

La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Clamard, a déclaré qu’il s’agissait d’une « décision indéfendable qui symbolise la fermeture des yeux des États-Unis sur le nombre de morts dans la bande de Gaza », à propos du veto de l’administration américain.

« 5 000 soldats israéliens ont été blessés depuis le début de la guerre, et plus de 2 000 d’entre eux ont été reconnus handicapés. » (Journal israélien Yediot Aharonot.) Le nombre de soldats morts est maintenu confidentiel par l’état-major, mais la presse israélienne parle de chiffres « considérables ».

Le Département d’État américain a utilisé une déclaration d’urgence de la loi sur le contrôle des exportations d’armes pour que les munitions de char d’une valeur de 106,5 millions de dollars soient livrées immédiatement à Israël, a déclaré le Pentagone dans un communiqué.

L’ambassadeur israélien auprès des Nations unies, Gilad Erdan : « Je remercie les États-Unis et le président Biden de se tenir fermement à nos côtés. »

Selon les données de l’Onu, il y a eu au moins 364 attaques contre des services de santé à Gaza depuis le 7 octobre. Lors de ces attaques, au moins 553 personnes ont été tuées et 729 blessées. Plus de 50 établissements de santé et près de 200 ambulances ont également été touchés.

Des tireurs d’élite israéliens ont encerclé l’hôpital al-Awda dans le camp de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, et ont pris pour cible toute personne tentant d’entrer ou de sortir de l’hôpital, ou même toute personne s’approchant trop près d’une fenêtre.

– Un membre du personnel de l’hôpital a déclaré que si le siège se poursuivait, al-Awda manquerait de nourriture dans quelques jours seulement, ajoutant que l’armée avait ciblé les réservoirs d’eau de l’hôpital ce matin.

– L’armée israélienne a déclaré : « Nous sommes au plus fort des combats dans la bande de Gaza. »

« Les combats au sol dans les centres de pouvoir du Hamas sont devenus plus difficiles et, par conséquent, les dégâts infligés aux forces israéliennes ont considérablement augmenté. » (Journal israélien Yediot Aharonot).

11 décembre

« Deux mois après l’attaque terroriste du Hamas, le bilan presque définitif confirme que certaines horreurs alléguées, parfois relayées hâtivement au plus haut niveau pour obtenir le soutien international, n’ont pas eu lieu. » (Libération.)

« Israël a utilisé du phosphore blanc fourni par les États-Unis lors de l’attaque au Liban. » (Washington Post.)

12 décembre

À Hébron, en Cisjordanie occupée, suite à l’appel à une « grève mondiale » de protestation contre la campagne de génocide en cours à Gaza, les banques, les écoles, les ministères et les entreprises sont fermés, les transports interrompus. Tous les commerces de Jérusalem ont baissé leur rideau.

 

La violence se déchaîne en Cisjordanie

En pleine guerre, le gouvernement israélien approuve la construction de 1 700 nouveaux logements pour étendre les colonies à Jérusalem-Est.

Au cours des sept semaines qui ont suivi le 7 octobre, l’armée israélienne d’occupation et les colons ont tué 221 Palestiniens en Cisjordanie (chiffre arrêté au 2 décembre), soit plus que sur l’ensemble de l’année 2022. Près de 3 000 personnes ont été blessées.

L’Autorité palestinienne donne le chiffre de 3 300 Palestiniens arrêtés depuis le 7 octobre, dont 80 % sont soumis à des peines systématiques de six mois renouvelables. Les témoignages affluent sur les conditions terribles de détention : passages à tabac, humiliations, privation de nourriture, de chauffage, tortures…

Selon le Club des prisonniers palestiniens, alors que 169 enfants et 71 femmes ont été libérés dans le cadre de l’échange des otages, 260 Palestiniens supplémentaires ont été arrêtés, dont un jeune de 12 ans. Les familles des prisonniers libérées se sont vues interdire toute célébration sous peine d’une amende de 70 000 shekels (environ 17 000 euros).

« Comme les Américains avec les apaches »

Les raids contre les camps de réfugiés palestiniens, mais aussi les villages et les villes sont quasi quotidiens, ils s’accompagnent de destructions d’infrastructures, de routes, de canalisations d’eau au bulldozer.

Les passants qui courent pour se protéger sont considérés comme des suspects. L’Organisation mondiale de la santé a recensé 229 attaques contre des centres de soins, des ambulances ou directement contre le personnel médical. Le 28 novembre, le camp de Jénine est envahi par un millier de soldats israéliens et une centaine de véhicules blindés et est déclaré « zone militaire fermée ».

Le directeur de la Santé de Jénine indique à Al Jazeera : « L’armée d’occupation envahit les locaux hospitaliers de la ville et y impose un siège. »

Des dizaines de milliers de familles palestiniennes qui vivent de la culture des olives sont menacées par les exactions des colons qui détruisent ou pillent les récoltes. Des centaines de check-points militaires, de contrôles empêchent ou ralentissent considérablement les déplacements.

Pour l’ancien ministre Hubert Védrine : « Les colons en Cisjordanie se comportent comme les Américains avec les Apaches, ils veulent faire partir les Palestiniens. »