Aurore Bergé pointe du doigt les « parents défaillants »

« Nous avons regretté que les travaux à venir soient placés sous l’égide de méthodes répressives », déclarent les universitaires que la ministre avaient missionnés pour accompagner ses mesures. Décidément, ce gouvernement est plus que jamais isolé et minoritaire.

Aurore Bergé le 12 octobre à l’Assemblée nationale lors de la présentation de la proposition du RN de supprimer les allocations familiales aux parents d’enfants « délinquants , (AFP).
Par Rosalie Albani
Publié le 15 décembre 2023
Temps de lecture : 2 minutes

La ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, a annoncé dimanche 10 décembre, dans un entretien à La Tribune Dimanche, la mise en place de « travaux d’intérêt général pour les parents défaillants » .

Il fallait oser ! Elle souhaite aussi mettre en place « le paiement d’une contribution financière pour les parents d’enfants coupables de dégradations auprès d’une association de victimes et une amende pour les parents ne se présentant pas aux audiences qui concernent leurs enfants » . La cible de la ministre ? Les jeunes responsables des révoltes urbaines suite à l’assassinat de Nahel, « 30 % des émeutiers étaient des mineurs et 60 % d’entre eux ont grandi dans des familles dites monoparentales » , selon Aurore Bergé.

Bergé lâchée par des chercheurs associés

Les jeunes et les familles les plus pauvres encore et toujours responsables de leur sort et stigmatisés par ce gouvernement qui détruit les services publics depuis des années en sapant les moyens, détruisant les postes et refusant d’augmenter les salaires des travailleurs dans ce pays. Ces propositions ont suscité un tollé.

Pour Manuel Bompard, député et coordinateur LFI, invité sur le plateau des « 4 Vérités » sur France 2, lundi 11 décembre, il s’agit encore une fois de « pointer du doigt les parents et les stigmatiser plutôt que les aider, c’est abject. Il existe déjà des mesures d’assistance éducative. La justice peut le faire mais aujourd’hui elles ne sont généralement pas effectuées à cause du manque de moyens dans les services publics chargés de les prendre. »

Mais du côté des « soutiens » du gouvernement, c’est aussi la débandade. Dès la première réunion de la commission parentalité lancée par le gouvernement lundi 11 décembre, les sociologues Claude Martin et Irène Théry et l’anthropologue du CNRS Agnès Martial, trois chercheurs associés aux travaux préalables, ont annoncé leur démission.

Ils avaient découvert avec « effarement » par voie de presse que leur travail allait être présenté par le gouvernement comme une réponse aux émeutes de juin. « Nous avons regretté que les travaux à venir soient placés sous l’égide de méthodes répressives », indique au Monde Irène Théry, en déplorant « la confusion faite entre les politiques et les chercheurs » .

Décidément, ce gouvernement est plus que jamais isolé et minoritaire.