Macron et Bardella : même combat contre la Sécurité sociale

Les propositions du Rassemblement national sont bien dans la continuité de ce que fait Macron (et d’autres avant lui). C’est bien une rupture avec tout cela qui est indispensable.

(photo AFP).
Par Nicole Bernard
Publié le 28 juin 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Dans une interview publiée, le 19 juin, sur le site du Figaro, le président du Medef livre le fond de sa pensée à propos des élections législatives : « Le programme du Rassemblement national est dangereux pour l’économie française, la croissance et l’emploi ». Et il poursuit : « Celui du Nouveau Front populaire l’est tout autant, voire plus ».

Voire plus ! Au moins, c’est clair. Les deux extrêmes, oui, d’accord… Il y a des figures imposées. Mais, on peut compter sur le patronat et ses représentants pour aller à l’essentiel, c’est-à-dire au « coût » du travail.

Une des propositions phares du programme du Rassemblement national, depuis 2022, consiste à « augmenter tous les salaires de 10 % jusqu’à 3 fois le Smic sans hausse des cotisations patronales »1C’est la reprise des dispositions prises par Macron pour la prime dite de « partage de la valeur » (défiscalisée pour les salaires inférieurs à 3 fois le Smic)..

Jean-Luc Mélenchon a parfaitement répondu, le 14 juin :

« Le Rassemblement national ne sert absolument à rien d’autre qu’à faire passer la politique des libéraux et de la droite en vous régalant d’une crème raciste sur le gâteau. Point final. Quelle est la ligne politique de M. Bardella ? Elle tient sur une demi-feuille de papier : dorénavant tout est comme auparavant. Les retraites M. Bardella ? 64 ans ? Oui ! En deux secondes tous les mensonges se sont évanouis. Pourquoi ? Parce que c’est lui qui va devoir le faire, et il n’a pas envie de le faire, donc il ne fait rien.

Vous avez devant vous quelqu’un qui va se contenter de reproduire ce qui est. Il va augmenter les salaires en diminuant les cotisations. Vous payez 300 euros [de cotisations], on vous les rend. Et qui vous soigne après ? Et qui vous paye votre retraite ? Il n’y en a pas.

Tout ce qu’on vous prendra sur vos cotisations pour vous les donner en salaire net sera quelque chose que vous devrez payer par ailleurs.

De quelle manière ? Par vos impôts et si vous avez l’argent, vous paierez vous-même votre retraite, l’éducation des enfants, les soins dans les cliniques. Il veut vous donner votre propre argent, voilà la trouvaille ! Ce que nous proposons c’est de partager différemment ce qui a été produit par le travail. »

Jean-Luc Mélenchon a entièrement raison : c’est l’existence même de la Sécurité sociale qui se joue.

La sécu en déficit ? Vraiment ?

En 1980, les cotisations patronales représentaient 72 % du financement de la Sécurité sociale. En 2021, elles n’en représentent plus que 36,5 %.

Alors qui paye pour les soins ? Et bien, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, c’est nous qui payons.

Les cotisations des salariés2C’est-à-dire le salaire socialisé. représentaient 23,9 % en 1980. Le financement par les salariés représente aujourd’hui 35 %38,9 % pour les cotisations, 25,6 % de CSG, 0,5 % de CRDS..

Oui, c’est nous qui payons pour la Sécurité sociale et qui payons pour les mutuelles afin de compenser la baisse des remboursements (forfait hospitalier, baisse du remboursement des soins dentaires en 2023). Sans compter l’augmentation des franchises.

Oui, « tout est comme auparavant » : le total des cadeaux faits aux employeurs par le biais des exonérations de cotisations est passé de 35 milliards en 2017 à 82 milliards en 2023.

Ce sont des centaines de milliards qui ont été donnés aux employeurs. Avec quel résultat pour l’emploi ? Personne ne peut nous le dire. Par contre, le résultat sur les profits est formidable. Des dizaines d’entreprises du CAC 40 font des profits fabuleux grâce aux exonérations de charges. En 2023, 146,2 milliards d’euros de bénéfices !

Les propositions du Rassemblement national sont bien dans la continuité de ce que fait Macron (et d’autres avant lui).

C’est bien une rupture avec tout cela qui est indispensable.