« Le 49-3 est l’arme lourde des exécutifs légers »

 Cette phrase fut prononcée par François Hollande en 2006 au moment de l’affaire du contrat première embauche (CPE). Nous la dédions à madame Élisabeth Borne, Première ministre de son état.

Elizabetth Borne, le 13 décembre, à l'Assemblée, deux jours après avoir dégaîné pour la neuvième fois le « 49-3 » (photo AFP)
Par David Combes
Publié le 13 décembre 2022
Temps de lecture : 2 minutes

Cette semaine verra le dixième recours du Gouvernement Macron/Borne à l’adoption sans vote et débat d’un texte à l’initiative de l’exécutif. Le caractère autoritaire du pouvoir s’accentue de plus en plus. Et ce n’est pas la « farce » de la réanimation du Conseil national de refondation, qui est en comas dépassé, qui pourra donner une quelconque légitimité à ce pouvoir détesté et honni.

Qui est madame Élisabeth Borne ? Voici ce que sa fiche Wikipédia indique : « Élisabeth Borne, née le 18 avril 1961 dans le 15e arrondissement de Paris, est une haute fonctionnaire et femme d’État française. Polytechnicienne, ingénieure générale des ponts et chaussées, préfète de la région Poitou-Charentes de 2013 à 2014 puis directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie de 2014 à 2015, elle est Présidente de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) de 2015 à 2017.

Longtemps proche du Parti socialiste, elle rejoint La République en marche dès la première campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, puis est nommée ministre chargée des Transports en mai 2017 dans le premier gouvernement Édouard Philippe, sous la première présidence d’Emmanuel Macron. En juillet 2019, elle est nommée ministre de la Transition écologique et solidaire, en remplacement de François de Rugy, démissionnaire. Elle est nommée l’année suivante ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion dans le gouvernement Jean Castex. Elle rejoint le parti Territoires de progrès courant 2020.

Le 16 mai 2022, à la suite de la réélection d’Emmanuel Macron, elle est nommée Première ministre, devenant la seconde femme à occuper ce poste dans un gouvernement français, trente ans après Édith Cresson. »

Sur sa carte de visite macroniste, celle utilisée pour justifier tous les reniements, les médias indiquent qu’elle vient « de la gauche ».

Cela ne se voit pourtant pas beaucoup. Son itinéraire relève du dépouillement.

Elle a été formée à l’école du Parti socialiste. Elle est donc censée bien connaître la position officielle de celui-ci, incarnée par cette phrase de François Hollande sur le 49-3.

Au royaume des Borne…

Pourtant, selon huffingtonpost.fr (28 novembre 2022) : « La Première ministre a engagé vendredi 25 novembre 2022 pour la sixième fois la responsabilité de son gouvernement en actionnant l’article 49-3 de la Constitution, pour faire passer sans vote un texte budgétaire, cette fois sur le financement de la Sécurité sociale.

Élisabeth Borne a salué “les libertés” que les députés LFI prennent avec “la vérité”, et ironisé sur leur “imagination fertile”“C’est un véritable travail créatif, presque artistique, auquel vous vous adonnez” mais “je ne suis pas sûre que la vie démocratique y gagne”, a-t-elle ajouté.

La cheffe du gouvernement a dénoncé la “légende […] du passage en force”, jugeant qu’il n’était “pas sérieux de parler de brutalité, pour l’utilisation d’un outil constitutionnel, par lequel un gouvernement engage sa responsabilité devant des oppositions numériquement plus nombreuses”, et qu’il était “méprisant d’occulter le débat parlementaire alors que le texte a pu être discuté”. »

Madame Borne « qui vient de la gauche » devrait relire ses classiques, mais on sait que la doctrine sociale de l’Église catholique enseigne que « ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » et que « charité bien ordonnée commence toujours par soi-même ».

Au royaume des Borne, les oublieux sont visiblement rois.