Au Maroc, mobilisation « contre la hausse des prix et l’oppression sociale »

Un Front social marocain s’est constitué et a appelé à manifester contre « la hausse des prix et l’oppression sociale » dans 57 villes marocaines, samedi 8 avril. Le comité de rédaction du journal « Akhbar Oumaliya » (Informations ouvrières) avait appelé à y participer. Voici son communiqué.

Le 8 avril à Rabat, place du 16-août, rassemblement « contre la hausse des prix et l’oppression sociale » à l’appel d’un Front social marocain (photo AFP).
Par > Communiqué
Publié le 16 avril 2023
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Présentation de la rédaction d’Informations ouvrières. Le taux d’inflation a atteint 9,4 % au Maroc au premier trimestre, dont + 18,2 % pour les produits alimentaires. Un Front social marocain s’est constitué et a appelé à manifester contre « la hausse des prix et l’oppression sociale » dans 57 villes marocaines, samedi 8 avril. Le comité de rédaction du journal Akhbar Oumaliya (Informations ouvrières) a appelé à une participation massive à ces rassemblements pour exprimer l’indignation populaire et ouvrière face à la cherté de la vie et à la flambée des prix et contre les politiques non populaires et antisociales qui désintègrent les services publics et les acquis sociaux et font perdre la souveraineté nationale, alimentaire et énergétique au profit des intérêts du capital et de l’oligarchie. Nous reproduisons ici de larges extraits de leur dernier communiqué.

La guerre en Ukraine et avant cela la pandémie de corona ont été les prétextes utilisés par le gouvernement pour la flambée des prix du carburant et des biens de consommation de base, à travers laquelle il tente de détourner la conscience de la classe ouvrière et des masses de la guerre qu’il mène contre le pouvoir d’achat de la majorité du peuple et contre tous les droits et acquis sociaux.

Où sont les résultats du  « Plan Maroc vert » ? Il n’a cessé de capoter, avant que le citoyen ne se retrouve face à la réalité : l’incapacité à garantir les matières agricoles de base et la viande aux citoyens après la suppression de l’assurance de sécurité alimentaire au profit de l’agriculture d’exportation et des intérêts des nouveaux seigneurs féodaux.

La politique du gouvernement aggrave la pauvreté

Est-ce là « l’Etat social » qui a jeté des millions de Marocains dans la misère, la pauvreté et le chômage ?

La politique du gouvernement aggrave l’endettement avec la nouvelle ligne de crédit que le Maroc a obtenue du Fonds monétaire international d’une valeur de 5 milliards de dollars, qui est conditionnée à l’accélération du rythme des « réformes » structurelles contre les intérêts du pays et de la classe ouvrière et qui sont basées sur le démantèlement des services et institutions publics et visent les acquis historiques de la classe ouvrière.

C’est aussi un produit de l’hypothèque des biens et de la richesse du pays aux intérêts du capital et des oligarques à travers les politiques de privatisation odieuses qui ont fait perdre plus de 100 000 hectares des meilleures terres agricoles appartenant à l’Etat, qui étaient contrôlées par les deux entreprises publiques (la Sodea et la Sogeta), au profit des grands propriétaires agricoles. De plus, la libéralisation des prix du carburant et la fermeture de la société de raffinerie, la Samir, pour servir les intérêts de l’oligarchie, ont contribué à la flambée des prix du carburant à une époque où les sociétés pétrolières accumulaient des profits spéculatifs et illégaux.

Dans le même contexte, le gouvernement continue de refuser de répondre aux revendications légitimes des syndicats pour l’augmentation des salaires, la mise en place d’une échelle mobile des salaires. Ce faisant, il contredit les aspirations de la classe ouvrière, alors que les dirigeants syndicaux parient toujours sur un « dialogue social », pourtant stérile et qui en réalité porte atteinte à l’indépendance syndicale.

Ce « dialogue social » plonge les syndicats dans un bourbier parce qu’ils se laissent piéger par l’accompagnement syndical de politiques gouvernementales antipopulaires et qui consistent actuellement en l’adoption de projets de réforme réactionnaires/régressifs visant les systèmes de retraite, le statut général de la fonction publique, le droit de grève et le droit de s’organiser en syndicats.

La mobilisation ouvrière et populaire en France contre la « réforme » destructrice des retraites de Macron a confirmé que l’unité militante de la classe ouvrière sur la base des revendications ouvrières et populaires et selon un programme de lutte unitaire et progressiste est capable d’imposer un rapport de forces en mesure d’imposer ses revendications pour bloquer les politiques antipopulaires.

Imposer de véritables politiques sociales et le respect des libertés

Il est aujourd’hui nécessaire et vital de construire un large front ouvrier et populaire, dirigé par la classe ouvrière et qui sera à même de reprendre possession de ses organisations syndicales, sur la base de la résistance à cette guerre sociale qui est menée contre la majorité du peuple et des travailleurs opprimés des villes et des campagnes, sur la base d’un programme de lutte revendicative.

Tel est le moyen d’imposer de véritables politiques sociales au service du pays, des travailleurs et des masses populaires, au lieu des politiques actuelles qui servent les intérêts des oligarques, des monopoles et des spéculateurs.

C’est aussi le moyen d’imposer le respect des libertés politiques et syndicales et d’arrêter la série d’apostasie des droits de l’homme, d’atteintes à la sécurité et au droit d’expression en libérant les détenus du Rif et tous les détenus politiques et d’opinion et en garantissant le droit à l’expression, à la protestation et à la manifestation pacifique, ainsi que le droit de grève et à l’organisation syndicale.

Nous, comité de rédaction du journal Akhbar Oumaliya, soutenons toute initiative de lutte unitaire sur le terrain de la lutte contre les politiques antipopulaires et antisociales et nous appelons à une participation massive aux marches appelées par le Front social, le 8 avril.

Le 5 avril 2023