Après la décision du Conseil constitutionnel…
Validation de loi « retraites » par le Conseil constitutionnel, promulgation « express » puis allocution du chef de l’Etat : en l’espace de quelques jours, l’exécutif cherche à accélérer pour tenter de sortir du blocage. Mais pour des millions, le réforme est plus illégitime que jamais.
- France, Retraites

Le discours d’Emmanuel Macron prononcé lundi 17 avril au soir, qui promet l’ouverture de trois chantiers d’ici au 14 juillet sur le « travail », « l’ordre républicain » et le « progrès pour mieux vivre », se tenait au moment où des milliers ont décidé de se rassembler devant les mairies aux quatre coins de la France, bien souvent avec les syndicats, pour réaffirmer leur exigence de retrait de la « réforme » des retraites et exprimer leur colère devant le recours aux procédures antidémocratiques de la Ve République.
Le jour même, lors de sa visite à Duralex, près d’Orléans, le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, est accueilli par des manifestants venus nombreux pour chanter « Et on ira jusqu’au retrait ! ». Au même moment, le ministre de la Santé, François Braun, est hué par des manifestants à sa sortie de l’hôpital de Langon (33). Une semaine plus tôt, le ministre de l’Education, Pap Ndiaye, se faisait étriller par le réalisateur Dominik Moll à l’occasion de la remise des Césars des lycéens, sous les applaudissements nourris de la salle du grand amphithéâtre de la Sorbonne. « Dès jeudi, dans l’Hérault, le chef de l’Etat prévoit de lancer une série de déplacements. Encore faut-il qu’il puisse retourner sur le terrain sans se voir chahuter », s’inquiète Le Figaro (18 avril).
Dans son discours lundi soir, Emmanuel Macron a dit vouloir ouvrir des « négociations » avec les syndicats, engager un « dialogue social », trouver des « accords » pour « agir ensemble ». Mardi 18 avril, il n’y a pourtant que les organisations patronales qui ont accepté son invitation à l’Elysée.
L’intersyndicale nationale avait quelques jours plus tôt refusé d’y répondre favorablement. Les réactions de chacun des secrétaires généraux de confédération ne se sont pas fait attendre après l’allocution. « Cette loi va laisser des traces dans le dialogue social », a aussitôt déclaré Laurent Berger (CFDT). « Cette intervention aurait pu être faite par ChatGPT », a ironisé pour sa part Sophie Binet (CGT). « Les chantiers qu’il met sur la table, ce sont des chantiers de déstructuration et de destruction des acquis sociaux », réplique François Hommeril (CFE-CGC). « Il veut tourner la page, mais nous ne laisserons pas faire. Nous l’avons dit, sans le retrait, il n’y a pas de négociations », affirme de son côté Frédéric Souillot (FO). Toutes les organisations appellent à faire du 1er Mai une « mobilisation exceptionnelle ».
Dans le communiqué du POI, on peut lire : « Bloquer le pays tous ensemble est parfaitement d’actualité. »