Plus guère de doute…
Retraites : après les 47-1, 44.3, 49.3, Macron s’apprête à déclencher l’article 40 de la Constitution. Le gouvernement continue, le rejet s’approfondit...
- Retraites
Il n’y a plus guère de doute : sauf coup de théâtre, l’exécutif aura recours à l’article 40 de la Constitution pour empêcher l’examen de la proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans, proposition déposée par le groupe Liot1Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires. pour le 8 juin prochain.
A ce sujet, la présidente de l’Assemblée nationale, interrogée sur France 2 ce mardi 30 mai, a été claire : « J’entends dire que ce serait antidémocratique d’empêcher le vote. (…) Il n’y a rien de plus démocratique que d’appliquer la loi. » Quelques jours plus tôt, la Première ministre avait déclaré, à propos du texte de Liot, que « s’il devait être adopté, alors il serait annulé par le Conseil constitutionnel » (Le Monde, 26 mai).
Une présidente de l’Assemblée qui considère normal d’empêcher les députés de voter, une Première ministre qui sait à juste titre pouvoir compter sur la décision du Conseil constitutionnel : ce pouvoir, soumis intégralement aux diktats du capital financier, ne s’embarrasse même plus de camoufler la « légalité » de la constitution de la Vème république sous un vernis démocratique.
Au même moment, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dévoile les orientations de la future loi « immigration » dans une interview au Parisien (28 mai) dans laquelle il reprend une bonne partie des propositions des Républicains, elles-mêmes puisées – pour bon nombre d’entre elles – dans le programme du Rassemblement national, en particulier sur les modalités de l’aide médicale d’Etat (AME) ou sur la conditionnalité des prestations sociales.
Cela n’empêche pas Elisabeth Borne de déclarer au micro de Radio J le même jour : « Je ne crois pas du tout à la normalisation du Rassemblement national. Je pense qu’il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes. (…) C‘est une idéologie dangereuse. »
Cela n’empêche pas non plus le leader du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, de déclarer : « Nous travaillerons avec Monsieur Darmanin sur le texte de loi, le Parti communiste fera des propositions. » (« Le Grand Rendez-vous », 28 mai). Le même Fabien Roussel avait déclaré début avril qu’on pouvait travailler avec l’ancien Premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve. Ce week-end, les amis de Bernard Cazeneuve en Espagne ont subi une déroute aux élections municipales et régionales…
Dans cette situation, le député centriste Charles de Courson en vient même à pronostiquer, avec une certaine inquiétude, que le gouvernement finirait « par être renversé s’il continuait à se comporter comme il se comporte » (France 3, 28 mai).
Ce qui est certain, c’est qu’en poursuivant et amplifiant sa politique réactionnaire, ce pouvoir, rejeté par l’immense majorité de la population n’en finit plus d’approfondir la crise. L’immense majorité exprime dans chaque conflit sa volonté de se battre, dans chaque grève, dans la rue, sur la réforme des retraites, pour sauver l’école et les hôpitaux, sur les salaires et sur toutes les questions, dans les enquêtes d’opinion et jusque sur les planches du festival de Cannes.
Ainsi se renforce la conviction que c’est par la grève totale qu’il faudra les faire céder et qu’il faut s’y préparer.