La colère et le refus restent la marque toute la situation

Le gouvernement tente de faire feu de tout bois pour réactiver le « dialogue social ». Les travailleurs qui sont tout sauf résignés ont besoin de pouvoir compter sur l’indépendance de leurs organisations.

Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) en grève et manifestation à Paris, le 13 juin (photo correspondant)
Par Pierre Valdemienne
Publié le 13 juin 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Après un énième passage en force à l’Assemblée le 8 juin dernier, le gouvernement veut croire que la parenthèse des retraites est refermée et que tout peut enfin rentrer dans l’ordre. Les premiers décrets d’application ont été publiés au Journal officiel le 4 juin dernier, un simulateur pour calculer sa retraite après la mise en place de la « réforme » a même été créé lundi 12 juin.

Il est pourtant vrai qu’en dépit de l’unité des confédérations sur l’exigence du retrait et malgré des manifestations avec des niveaux de mobilisation historiques, malgré les grèves et les blocages dans de nombreux secteurs, la « réforme » des retraites est passée, le blocage du pays n’a pas eu lieu.

Il est tout aussi vrai que les millions de travailleurs qui ont battu le pavé pendant cinq mois reste encore aujourd’hui arcboutés sur toutes leurs revendications. Les confédérations le savent très bien, elles qui continuent d’affirmer qu’elles ne veulent pas « tourner la page » des retraites.

Pour affronter la situation actuelle, marquée par la volonté de l’exécutif de poursuivre et d’amplifier sa basse besogne destructrice dans tous les domaines (« travail, ordre, progrès »), les travailleurs qui sont tout sauf résignés ont besoin de pouvoir compter sur l’indépendance de leurs organisations.

Au plan politique, La France insoumise, qui prépare son assemblée représentative ce 17 juin, a pesé de tout son poids pendant les cinq mois de mobilisation, confirmant ainsi son orientation de rupture. Ce qui lui vaut un feu nourri d’attaques venues aussi bien des soutiens d’Emmanuel Macron que de ceux de son prédécesseur François Hollande.

1,5 % d’augmentation pour les fonctionnaires : une provocation

Pour passer à la suite, le gouvernement tente de faire feu de tout bois pour réactiver le « dialogue social ». Dans de nombreux secteurs, que ce soit l’école, la santé, des « accords », des « pactes » visant à associer les syndicats à la mise en œuvre des plans destructeurs du gouvernement sont concoctés, avec, à ce stade, de maigres résultats : dans l’enseignement par exemple, le « pacte enseignant » imposé par Pap Ndiaye, et pour lequel toutes les fédérations nationales ont claqué la porte du ministère la semaine dernière, donne lieu, en plein mois de juin, et à quelques encablures des congés d’été, à des réunions d’information syndicale très suivies.

Dans la fonction publique, après la provocation du ministre, Stanislas Guerini, d’augmenter le point d’indice de 1,5 % au 1er juillet1Soit 30 € par mois pour un agent qui gagne en moyenne 2 000 €, alors que l’augmentation des produits alimentaires sur un an était à 16 % en mars 2023., l’ensemble des fédérations de fonctionnaires ont fait savoir leur désapprobation dès la sortie de la réunion avec le ministère.

Cette politique qui vise à enchaîner les syndicats aux plans de l’exécutif s’est traduite ces derniers jours par la volonté de Macron d’organiser dans les prochains jours une « conférence sociale » avec l’ensemble des confédérations syndicales. Annoncée pour le 12 juin, puis pour la mi-juin, elle semble difficile à organiser. La colère et le refus d’accepter la politique de Macron restent la marque toute la situation.