N’ont-ils pas vu ?

Dans tous les rassemblements et manifestation pour un cessez-le-feu en Palestine, une question surgit, il y a un manque, il y a un trouble : que font les sommets des confédérations syndicales ?

Lors de la manifestation, le 11 novembre, à Toulouse (Photo DR).
Par Pierre Paletot
Publié le 16 novembre 2023
Temps de lecture : 2 minutes

« La Confédération syndicale internationale (CSI) est horrifiée par le nombre de morts qui ne cesse d’augmenter à Gaza (…). Une très grande majorité de morts et de blessés de Gaza sont des civils, qui ne trouvent absolument aucun endroit où s e réfugier. Ces jours derniers, des infrastructures civiles ou appartenant aux Nations unies, parmi lesquelles des logements, écoles, hôpitaux (…) ont été détruites (…). Rien ne peut justifier ces attaques démesurées qui frappent à l’aveugle. » Ces quelques lignes sont extraites d’un appel de la CSI publié le 1er août 2014.

Cet appel poursuit : « Les travailleurs et leur famille s’associent aux voix qui s’élèvent à travers le monde pour demander la négociation d’un cessez-le-feu immédiat et la fin du blocus qui emprisonne 1,9 million de personnes. Nous appelons également la communauté internationale à fournir une aide humanitaire d’urgence à Gaza, notamment de la nourriture, de l’eau, de l’assistance médicale et des groupes électrogènes. Toutefois, le seul moyen d’établir une paix durable et une compréhension mutuelle entre les peuples israélien et palestinien est de mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens. »

2014, 2023…

Et la CSI conclut son appel par une demande à ses organisations affiliées, les confédérations du monde entier :

« 1. Faites pression sur votre gouvernement (visites, appels, médias sociaux) pour qu’il soutienne l’arrêt immédiat de tous les transferts d’armes, de munitions et d’autres matériels et technologies militaires utilisés actuellement contre les civils ;

2. Organisez des manifestations silencieuses sur des lieux appropriés, en collaboration avec d’autres organisations de la société civile concernées, pour soutenir la négociation d’un cessez-le-feu, la fin du blocus de Gaza et un accord visant à mettre un terme à l’occupation de la Palestine maintenant. »

En 2023, en France, depuis le 7 octobre, se multiplient dans de nombreux départements les appels intersyndicaux à manifester pour exiger un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des bombardements, l’arrêt du massacre. Notre journal en rend compte chaque semaine.

Dans tous ces rassemblements et manifestation, une question surgit, il y a un manque, il y a un trouble : que font les sommets des confédérations ?

Les secrétaires généraux ont été unis pendant des mois pour exiger de Macron le retrait de la réforme des retraites. Dans l’unité, des millions se sont mobilisés, ont manifesté, fait grève. Les mêmes secrétaires généraux se parlent chaque jour.

Que font-ils ? Qu’attendent-ils pour lancer dans l’unité un appel à la mobilisation générale contre les massacres ?

N’ont-ils pas vu ces images de milliers de salariés palestiniens en Israël arrêtés et incarcérés en octobre puis expulsés vers Gaza quelques semaines plus tard dans des conditions épouvantables ? N’ont-ils pas vu que le gouvernement israélien demandait ensuite au gouvernement indien de lui envoyer des dizaines de milliers de travailleurs indiens pour les remplacer ?

N’ont-ils pas vu que le gouvernement Macron est en train de faire adopter une loi scandaleuse sur l’immigration ? Ne comprennent-ils pas la situation qui étreint tous les salariés ?

Exiger ensemble la paix, exiger ensemble le cessez-le-feu, appeler les salariés à la mobilisation générale sur ces mots d’ordre, y a-t-il un autre moyen de protéger les travailleurs des manœuvres d’État qui visent à les dresser les uns contre les autres, y a-t-il un autre moyen de faire barrage aux poisons du racisme, de la xénophobie, de l’antisémitisme, de l’islamophobie ?

« Mobilisation pour un cessez-le-feu à Gaza, Solidarité avec le peuple palestinien, Stop aux massacres ». Sur ces mots d’ordre, la confédération CGT, par un tract national, appelle à des manifestations et rassemblements le samedi 18 novembre. Rien ne doit empêcher que l’action commune des confédérations ouvrières se réalise sur ces objectifs.