« Où en sommes-nous après ces cinq mois de mobilisation ? »
Le congrès de la fédération FO de l’enseignement (Fnec) s’est tenu du 5 au 9 juin à Angers. Nous reproduisons des extraits du discours introductif de son secrétaire général, Clément Poullet, versé au débat des 900 délégués.
- Retraites

« Ce congrès tombe à pic. Il sera l’occasion d’avoir une discussion, de poser les choses le plus lucidement possible, de se poser les questions et d’essayer d’y répondre.
Où en sommes-nous après ces cinq mois de mobilisation ? (…) Comment envisager la suite de la bagarre ? Dans quel rapport entre les salariés et le gouvernement ? Avec quelle force ? Dans quel contexte ?
(…) Il n’y a pas eu la grève totale, le blocage du pays cette fois, même si nous nous sommes battus pour. Je dis bien “cette fois”, camarades, parce que je suis persuadé que c’est vers le blocage du pays que nous nous dirigeons. Pas forcément demain, mais c’est vers ça que nous nous dirigeons.
« Volonté de se battre »
Et ce n’est pas un vœu pieux ou un simple espoir. La puissance des manifestations qui n’ont pas faibli, les millions qui défilaient, qui faisaient grève alors que Macron restait inflexible, les dégâts que cette mobilisation a causés à tout l’édifice institutionnel, sans pour autant, pour le moment, et je dis bien pour le moment, permettre de gagner sur la revendication, cette puissance n’a pas amoindri ou fait reculer la volonté de se battre.
Au contraire, c’est cet ensemble qui est en train de forger la conviction que c’est par la grève totale qu’on les fera reculer. Et c’est cette conviction qui progresse calmement. Pas le désespoir, pas la sensation de défaite.
Nous n’avons pas gagné pour le moment, mais nous sortons renforcés pour continuer à aider et à gagner méthodiquement. Au bout du compte, ce sont les personnels avec notre aide et de tous ceux qui veulent y contribuer qui s’engageront dans cette option, quitte à devoir l’imposer si nécessaire.
« Refuser de tourner la page »
(…) La fédération refuse de tourner la page comme elle refuse de rester l’arme au pied face aux multiples contre-réformes que Macron veut nous imposer. Oui, une offensive sans précédent est en cours contre les missions de l’école, de ses personnels et contre la jeunesse.
(…) La situation est favorable parce que, comme ça a déjà été dit tout à l’heure, il n’y a pas de résignation, parce que la rage est là. Après cinq mois de mobilisation, Macron et son gouvernement sont totalement laminés.
Et pourtant, bien que totalement isolés et en crise, Macron a promulgué sa loi. Ils ont publié hier, deux jours avant la grève de demain, les premiers décrets d’application de la loi.
Mais les millions de grévistes, de manifestants et la population dans son ensemble ne sont pas près d’accepter les 64 ans. Et ils n’oublieront pas, jamais, le mépris obstiné de ce gouvernement et de sa minorité parlementaire (…).
Oui, ils sont suspendus en l’air, mais Macron a pour lui les institutions de la Ve République et tout leur arsenal antidémocratique : 49.3, 47-1, etc.
Et ce sont d’ailleurs ces institutions qui permettent à ce pouvoir affaibli, à un homme isolé, de prendre un certain nombre de décisions contre la volonté du peuple.
« Le basculement voulu par Macron »
Nous le savons, c’est ce même président qui a multiplié les actes de répression (…).
Face à ce basculement dans lequel Macron veut nous entraîner, même au prix d’une crise aiguë, qu’avons-nous à faire ? (…) La fédération fera tout ce qui est possible pour aider à enseigner, à informer, à convaincre de ne pas soutenir ou aller à la guerre, de défendre le droit à l’instruction, à des qualifications, de défendre le statut, de défendre les salaires, les retraites, le Code des pensions civiles et militaires, de défendre la liberté de conscience. (…)
C’est ce qui fait l’importance des revendications précises. Et nous allons continuer à nous battre sur ces revendications, parce que la bataille sur les retraites est loin d’être réglée. Nous en sommes tous convaincus, on les fera reculer, on les empêchera de mettre à exécution l’ensemble de leurs projets rétrogrades.
« Trouver les moyens organisés »
(…) Bien sûr, il faut préparer le blocage du pays par la grève, parce qu’il ne nous laisse pas d’autre choix. Mais nos prises de position, camarades, aussi justes soient-elles, n’ont pas suffi et ne suffiront pas si nous ne trouvons pas les moyens organisés pour aider à faire ce qu’on dit dans nos communiqués et dans nos tracts. (…)
Il va falloir structurer plus, organiser mieux l’insertion des militants sur leurs lieux de travail (…), travailler à l’élargissement de nos syndicats, par l’attention à apporter aux réunions syndicales régulières, à la tenue des instances, en étant à l’écoute des arguments, des prises de position, des questions, des revendications des personnels, de nos collègues. Il va falloir (…) se donner les moyens de contacts encore plus réguliers avec les syndicats des autres branches professionnelles. Bref, être au plus près du terrain, encore plus, au plus près des personnels et des salariés (…).
Multiplions les réunions syndicales, petites ou plus importantes, pour écouter, discuter, proposer et décider, et faire connaître les discussions, les propositions, les décisions à tous les niveaux de l’organisation. Ce sera, mes camarades, le meilleur moyen d’aider à construire le blocage par la grève, tous ensemble, en tenant compte des conditions réelles et concrètes, en agissant de manière déterminée, libre et indépendante. »
Ce discours est disponible en intégralité sur le site de la Fnec-FP-FO.
